P., Editions de la Maison des sciences de l'homme, 1991, in-8°, xvi-176 pp, annexes, broché, couv. à rabats, bon état
«Tout ce que je publie ici a été écrit entre 1940 et 1943 au kommando ou au camp. On y trouvera tout ce que beaucoup ont sans doute ressenti sans savoir l'écrire... Le dernier chapitre a été écrit dans l'hiver 44-45, après la Libération de Paris. Il approfondit des thèmes développés déjà en captivité et s'efforce d'expliquer nos réactions, particulièrement en politique. » — "Ecrit dans un style remarquable, ce témoignage est poignant. En exemple, cette « chute » au moment de la libération de l'auteur, le 23 juin 1943 : « De cet instant inoubliable, de cette sortie du stalag, je ne garderai qu'un souvenir tragique. A côté du Feldwebel qui faisait le dernier appel, l'appel libérateur qui à chaque cri faisait franchir le portillon à un nouvel élu, je ne voyais pas les relevés, désorientés et un peu abattus par l'événement lui-même, mais la figure des camarades qui restaient » (p. 156). Ceux-là « ils voyaient la France, mais comme une terre promise où ils ne pénétreraient pas, eux » (Ibid.). Tous ces textes (sauf le dernier chapitre) ont été rédigés durant la captivité de l'auteur, mais ils relatent les événements depuis Munich, la « drôle de guerre », la guerre, puis les camps de prisonniers. P.F. insiste sur le fait que « les prisonniers étaient coupés de toute information valable sur la situation réelle des Français » (p. XIII), et pourtant son analyse de la « Révolution nationale vue de Roisdorf » (p. 94 et suiv.) n'est pas mauvaise. Il a la « chance » d'être affecté dans une ferme : « Au fond d'un verger, nous trouvons notre premier chantier, des haricots à rames, des choux de Bruxelles. Il nous faut sarcler, sarcler sans arrêt ; après une raie, une autre raie. L'outil est léger, mais devient peu à peu pesant » (p. 61). L'ouvrage n'est pas pesant et apporte une nouvelle pierre à la connaissance de notre vie politique, fût-elle vue d'Outre- Rhin." (Revue française de science politique, 1992)