Hachette, 1902, in-12, iv-283 pp, préface de Pierre de Ségur, pièces justificatives, broché, dos fendu recollé, état correct. Peu courant
"Tout enfant, Marie-Anne de La Ville lut Corneille Agrippa et s'essaya à évoquer quelques démons subalternes. Après plusieurs années passées au couvent de la Visitation à Paris, elle entra dans une bande de chercheurs de trésors dont le prestige de la jeune sorcière ne fit qu'augmenter le nombre. Autour d'elle et de Divot, archer du lieutenant criminel de robe courte, qui employait ses loisirs à différentes entreprises de magie pratique, vint se grouper un assez étrange contingent de pauvres hères et de filous : la Jésu, soeur de Divot, la femme Damour, ravaudeuse de tuniques de soldats, le prieur Pinel, prêtre commendataire, le berger Picot, l'Africain Acmet, qui se disait fils de l'empereur du Maroc et était pour l'heure page du cardinal de Fürstenberg, Cuxac, garde des tableaux du roi, le garçon chirurgien Frémont, le curé Piéton, qui se prétendait le filleul de Mme de Maintenon, enfin un noble, quelque peu aventurier et alchimiste par nécessité, Antoine de Saint, seigneur de Bréderodes. Pendant trois ans, Anne les dupa à peu près tous en leur faisant espérer la découverte imminente d'un trésor enfoui aux environs d'Arcueil. Pour empêcher leur crédulité de faiblir, elle simulait d'innombrables évocations, vendait des grimoires, préparait des parfums magiques, conversait avec les esprits, celui notamment du poète latin Santeuil et du peintre Lebrun. Un moment, elle fut en passe de devenir la sorcière à la mode : la comtesse de Grancey, le marquis de Feuquières (l'auteur des Mémoires sur la guerre), l'abbé Baillet, principal du colIège de Narbonne, M. Destouches, neveu de M. Camus de Beaulieu, se hasardèrent à aller consulter Marie-Anne. Mais, en février 1703, la bande est arrêtée sur lettre de cachet délivrée par M. de Pontchartrain ; interrogée par M. d'Argenson, Marie-Anne dévoila tous les détails de ses grossières supercheries et fut condamnée à la prison perpétuelle. Treize ans après, on obtint du Régent, à l'insu de d'Argenson, la délivrance de la sorcière, mais, dès 1717, elle fut enlevée par un capitaine au long cours et de nouveau arrêtée, cette fois sous l'inculpation de fausse monnaie ; elle ne sortit de l'Hôpital qu'en 1725, lors du mariage de Louis XV et Marie Leczinska. Cette histoire de chercheurs de trésors n'est guère plus qu'un copieux fait-divers : M. de Coynart l'a raconté en 247 pages qui se lisent sans ennui. Un document utile sur le monde interlope de la basse magie au XVIIIe siècle." (P. Alphandéry, Revue d'histoire moderne et contemporaine, 1903)
Librairie Hachette et Cie 1902 In-12, reliure demi-percaline havane, dos lisse, pieèce de titre cuir marron, IV-286 pp. Reliure frottée. intérieur assez frais.
Un document utile sur le monde interlope de la basse magie au XVIIIe siècle. Bon état d’occasion
Julliard/Gallimard, 1979, in-12, 241 pp, 16 pl. de gravures hors texte, broché, bon état (Coll. Archives)
"D'où date la sorcière ? Je dis sans hésiter : des temps du désespoir." Consolatrice et révoltée pour Michelet, servante du diable pour la tradition démonologique, la sorcière fascine l'Occident depuis cinq siècles. C'est une autre approche qu'en propose Robert Muchembled, en replaçant la sorcellerie dans la culture traditionnelle. Acceptée au village, elle y a longtemps assuré, face aux malheurs des temps, une économie du surnaturel. Pourchassée, elle manifeste encore, contre elle, la cohésion du groupe. Exorcisée par les triomphes de la raison, peut-elle disparaître de nos campagnes ?
1979 Archives collection 1979 In12 broché 240 pages illustrations dans le texte
Bon état