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‎Lettre autographe signée à Félicien Marceau sur son roman Creezy‎

‎Paul Morand (1888-1976), écrivain, diplomate, membre de l'Académie française. L.A.S., Vevey, 29 mars 1969, 2p in-8 oblong (bristol). Magnifique courrier à Félicien Marceau (1913-2012) à propos de son roman Creezy, publié deux jours plus tôt (mais il est probable que Morand l'ait eu avant) et pour lequel Marceau obtiendra le prix Goncourt en novembre 1969. « Cher ami, Creezy, excellent ! Vous êtes en pleine force. Lorsque [Louis] Malle donna à l'écran une vie de BB [i.e. Vie privée, film avec Bardot], je dis : "Il a gâché un sujet sans pareil, parce qu'il a voulu écrire lui-même l'histoire ; il n'est pas romancier ; il ricoche en surface". C'est votre sujet, mais chez vous à quelle profondeur tragique : où le héros, Creezy, l'époque, sont pris dans une même coulée. Vous êtes incomparable dans l'échec ; celui de l'Homme, celui des sexes, celui de notre âge, d'acier, de glacier (je sais sans m'en apercevoir, comme Mallarmé, rimer les deux), du Duralumin. Creezy, dans ce dur-à-l'humain (pardon !), l'absence, le vide intérieur, celui de son living, quelles pages ! J'ai vu, l'autre matin, une Creezy qui posait, pour quelques Vogue, devant l'obélisque, vêtue de lames de fer doré, à même la peau, sous la bise. Je fis partager au taxi mon étonnement : dire qu'il y a des couturiers pour ca ! Le taxi : "c'était pas un couturier qu'il eût fallu, c'était un serrurier ! » (Authentique). Votre parlementaire d'[mot illisible], vidé, (cambriolé déjà par la V[edette]), et qui s'efforce d'ouvrir Creezy-le-coffre vide, tout cela est inoubliable. Quand je pense qu'en 1925, on disait que j'étais dur. Votre P.Morand ». Très beau document. [376] ‎