[Mallarmé] Jean Ajalbert (1863-1947), écrivain, membre de l'Académie Goncourt.
Reference : 017792
[Mallarmé] Jean Ajalbert (1863-1947), écrivain, membre de l'Académie Goncourt. L.A.S., Dieppe, 7 septembre 1887, 2p in-8. Très belle et importante lettre à André Antoine (1858-1943), metteur en scène, critique. « Monsieur, Permettez-moi, par ce temps de protestation, de protester contre votre expression "décadent de la plus belle eau". Je ne suis pas décadent du tout, ni symboliste, ni symbolo-instrumentiste ; je ne suis même pas chef de la moindre école. Les ouvrages que j'ai publiés ne m'ont pas valu, que je sache, les compliments de Mmrs [Adolphe] Baju, [René] Ghil et consorts ; et l'admiration que je professe pour certaines parties classiques de l'oeuvre de Stéphane Mallarmé ne doit pas me faire ranger parmi ceux qui le pillent volontairement ou inconsciemment. Il est vrai qu'ils ont les honneurs de la critique et que la chronique les célèbre : je serais tout de même bien aise de n'être pas confondu avec eux ; si jeune et ignoré que je sois, j'ai publié assez pour ne vouloir pas envier la gloire nihiliste de Mr du Plessys. Je fais oeuvre d'artiste et non de mystificateur : vous comprendrez donc, Monsieur, que j'aie tenu à me défendre d'une qualification qui ne saurait aucunement me convenir. Je m'excuse, Monsieur, de la liberté que j'ai prise, et vous adresse l'assurance de mes meilleurs sentiments. Jean Ajalbert. P.S. Si cela vous intéressait, vous pourriez prendre mes deux volumes chez leurs éditeurs avec les mots-ci joint. Le troisième, Sur le Talus, paru dans la Revue indépendante de juillet qui a été tiré à petit nombre. Il ne m'en reste pas. J.A. ». Très belle lettre à celui qui tentera de faire jouer La Fille Elisa, la pièce d'Ajalbert d'après Goncourt, le 26 décembre 1890. La pièce fut interdite en France mais fut jouée à Bruxelles dès le 28 février 1891 avant une tournée à l'étranger. Elle fut aussi interdite à Constantinople. Elle ne fut jouée en France qu'en juin 1900, après une autorisation du ministre Georges Leygues. Cachet de la collection Jean-Louis Debauve. Très belle lettre du jeune Ajalbert. [405]