s. d. [circa 1950] | 21 x 30 cm | une page sur un feuillet
Manuscritautographe de Louis Aragon, une page à l'encre bleue sur un feuillet.De nombreuses ratures et réécritures. Infimes décharges de rouille dûes à un trombone, légères ombres d'un transfert d'encre d'une autre page. Publié dansLes Lettres Françaises,épisode 16, 23 février 1950. Précieuse étude manuscritede Louis Aragon, accompagnant la publicationen feuilletondans Les Lettres Françaises duromande Marceline Desbordes-ValmoreL'Atelier d'un peintre(1833). Il opère une réhabilitation de la poétesse-romancière snobbée par l'histoire de la littérature et les existentialistes, et la place dans latradition du réalisme socialiste. En 1949, Aragon choisit de publier L'Atelier d'un peintre en livraisons avec ses commentaires. Laguerre froideimpose la mise en avant d'unréalisme socialiste comme référence officielle de la politique culturelle communiste :"pour Aragon lire Marceline Desbordes-Valmore c'est avant tout lire l'histoire d'une génération, d'un peuple. Plus précisément, il fait de Marceline une incarnation de la République inachevée, d'un monde encore en construction, et qui tend vers la liberté. Pour comprendre Marceline, Aragon nous invite à 'dater ses écrits', et à ne pas se contenter de la cantonner à une seule époque de sa vie, mais à essayer de trouver une explication à ses prises de position aussi différentes que l'étaient les régimes durant la gestation de la République au XIXesiècle." (Aghbarian, Lina,«Aragon éditeur de Marceline Desbordes-Valmore», Recherches croisées Aragon - Elsa Triolet, n°14). Detous ses commentaires accompagnant L'Atelier d'un peintre,il s'agit de l'un de sesplus polémiques : Aragon s'oppose aux surréalistes en contestant le désamour de Lautréamont pour le romantisme auquel Desbordes-Valmore était associée, et fustige le rejet hâtif de cette oeuvre qui a pourtant des pendants dans la littérature moderne :"L'Atelierqu'Aragon rouvre avec la publication de ce roman, pour le retravailler, le révéler, lui donner une deuxième vie plus proche de ses propres préoccupations, après l'avoir désancré de son temps, et vidé de sa religiosité romantique, pour mettre à nu sa richesse qui réside dans la cause féministe défendue par Marceline Desbordes-Valmore [...] Ondine, le personnage littéraire, est pour elle une transposition de l'enfant disparu, son garçon, fils de Henri de Latouche, son amant. Ondine est donc trois fois hybride, androgyne, réelle et imaginaire, fille et mère à la fois, et Léonard, son double inversé, celui qu'elle aurait aimé être pour réussir dans l'univers pictural à l'accès interdit. Aragon double l'androgynie par l'homosexualité lue, entre autres, dans cette phrase de Yorick «Talma double mon existence».Parmi d'autres allusions, il fait référence àSexusde Henri Miller [allusion présente dans ce manuscrit]Aragon cultive la thématique de la dualité sur laquelle tout le roman est bâti. Sans délaisser le monde imaginaire du roman, il cherche à mettre en exergue de ce roman romantique la part réaliste cachée dans l'ombre du roman lyrique. En un mot, Aragon inverse l'ordre du premier et du second plan: le romantisme du roman de Marceline Desbordes-Valmore devient secondaire, et l'arrière-plan historique prioritaire" (ibid.) "Nous voici arrivés à la scène nocturne de la Place Vendôme, qui est une des plus intenses, des plus belles minutes du roman de l'autre siècle... Je le sais, tout le monde ne tombera pas d'accord. Il est arrivé à mes oreilles qu'il y a des gens qui se détournent superbement deL'Atelier d'un peintre,et trouvent mauvais que nous publiions une histoire où il n'y a strictement rien de ce que EUX, cherchent dans les romans, possible que ceux qui ne savent lire ne voient que bluette, de la littérature pour jeunes filles. Quand cela serait, cela vaut bien la littérature pour vieux messieurs! Mais , enfin, il faut le dire, nous publions ici ce chef-d'uvre, volontairement ignoré de ceux qui écrivent l'histoire littéraire et qui fait gr
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