vers 1860-70 In-8° (215 x 145 mm), [1] f. - [1] f. - 175 ff. manuscrits à l'encre brune, chagrin violine, dos à 4 faux-nerfs orné, tranches à fines mouchetures brunes (reliure de l'époque)
DE LA BIBLIOTHÈQUE DES "FRÈRES SIAMOIS DE LA CHANSON". Recueil soigneusement manuscrit de 175 chansons. Véritable panorama de la chanson populaire au XIXe siècle, l'ouvrage réunit chants de marins et chants d'écoliers, hymnes bretons et ballades d'inspiration hispanisante, romances bluettes et gauloiseries, couplets à la gloire de Napoléon et textes satiriques, airs d'opéra-comique et parodies de refrains populaires On y retrouve les principaux poètes et chansonniers de l'époque ainsi que Laure Jourdan, Frédéric Bérat, Pierre Dupont les noms du parolier et/ou du compositeur sont indiqués pour la plupart des textes, mais l'attribution n'est pas toujours exacte. Une dizaine des textes semblent n'être pas documentés dans les principaux recueils numérisés : « Coco le havanais » (n°32), complainte d'esclave au planteur, « Prière du naufragé » (n°109), chanson de matelot, « Le pélerinage » (n°166), attribué par le copiste à Fréderic Bérat... PROVENANCE : « Romances et chansons écrites par le Sieur Lyonnet / livre acheté en 1896 à la vente publique », mention manuscrite à la première garde blanche. Compositeurs, imitateurs et interprètes connus sous le nom de « frères siamois de la chanson », les jumeaux Anatole et Hippolyte Lionnet (ou Lyonnet) ne sont pas nés à Saint-Jean-de-Luz, contrairement à ce qu'a parfois affirmé la presse locale. Leur mère étant luzienne, ils passent cependant une partie de leur enfance à Saint-Jean-de-Luz, dans la célèbre maison de l'Infante. Ce séjour prolongé explique leur connaissance du basque et des chansons locales, qu'ils intègrent à leur répertoire lors de concerts sur la côte basque, où ils ont l'habitude de passer l'été. À Paris, ils se produisent avec succès dans les salons, aux Tuileries (Napoléon III les apprécie particulièrement) et à la cour de l'empereur de Russie, s'imposant comme les « vulgarisateurs de la jeune poésie ». Ils contribuent notamment à diffuser l'uvre d'Alphonse Daudet, intervenant en sa faveur auprès de Morny (Les années d'apprentissage d'Alphonse Daudet, 1951, p. 267). Gounaud, Massé, Nadaud fréquentent les soirées des frères Lionnet, et y interprètent leurs propres compositions. Dumas aurait écrit pour eux Le Prisonnier de la Bastille, drame jouant sur leur ressemblance. Mais la notoriété du duo s'estompe bientôt : déjà dans les années 1880, Anatole et Hippolyte ne se produisent plus qu'une fois l'an pour les « aliénées » de la Salpêtrière. Ils meurent le 18 juillet et le 14 août 1896. La vente de leurs effets, organisée le 4 novembre suivant à l'Hôtel Drouot, est à bien des égards un échec : leur imposante collection de photographies signées de célébrités contemporaines « à quelques exceptions près [] n'ont même pas atteint le prix du cadre ». Toutefois, après la découverte dans un livre de plusieurs billets de banque, « les paniers de papiers, brochures et musique, qui se vendent ordinairement au poids du papier, ont obtenu des prix relativement élevés » (Répertoire des ventes publiques, 1896, p. 62) Mouillure en tête en gouttière, manque angulaire (perte de mots) au feuillet 24 ; texte du n°121 ("Alcindor à la chaumière, paroles et musique d'Edouard Donvé") laissé vide. Quelques frottements à la reliure.