Ithaca, Cornell University Press, 1992, gr. in-8°, xix-221 pp, 24 illustrations, biblio, index, reliure toile éditeur, jaquette illustrée, bon état. Edition originale. Texte en anglais
Cette étude aborde plusieurs aspects de l'identité de la France : le rôle de l'Ecole conservatrice en anthropologie ; les transformations du discours colonial en Indochine ; la politique culturelle de la IIIe République et du gouvernement de Vichy, analysée notamment à partir de l'Exposition coloniale de 1931 et de la création du Musée des arts et traditions populaires. — "Convaincu que la politique n'est que l'un des aspects de la culture, grâce à son excellente connaissance des travaux d'historiens et à son goût de l'archive, l'auteur amène à comprendre le projet politique de construction d'une « vraie France », élaboré par le colonialisme républicain à l'aube du XXe siècle, représenté par l'Exposition coloniale de 1931 et finalement enterré avec le régime de Vichy qui tenta d'en faire l'axe majeur de sa politique. Cette idéologie prétendait faire de la France un village, en même temps qu'une communauté respectueuse des différences régionales qu'il lui arriva même de cultiver. En terre de « vraie France », celle de la « plus grande France », devait régner le régime d'une double identité : l'origine géographique, provinciale ou coloniale, et l'appartenance nationale. Tel fut Maurras, blotti dans sa Provence natale, tel fut aussi le message délivré par l'Exposition de 1931, où tout se passa comme si les colonies venaient se fédérer autour du lac Daumesnil, en plein coeur du bois de Vincennes. Parfois portée par les sciences sociales en voie d'élaboration et, plus précisément, par l'un des courants de l'ethnologie française liée à une anthropologie raciste, ce courant culturel et politique s'opposa à une autre interprétation de la nation que la gauche incarna davantage. On sait que les surréalistes, soutenus par les communistes, furent en 1931 à l'origine d'une contre-exposition coloniale. S'y trouvaient dénoncés tous les grands mythes de l'impérialisme français. La gauche politique et culturelle fut aussi à l'origine d'entreprises plus positives dans lesquelles se laisse lire une autre conception de la nation. (...) Herman Lebovics a justement établi le lien qui existe entre les vastes chantiers intellectuels marquant la première moitié du XXe siècle et les formulations politiques auxquelles elles peuvent répondre..." (Christophe Prochasson, Annales, Sciences Sociales, 1994)