BERNARD (Jean-Frédéric) - MIRABAUD (Jean-Baptiste de) - LE MASCRIER (Jean-Baptiste)
Reference : 191
Londres s. n. 1751- 1778 3 parties en un vol. in-8° (168 x 108 mm), xii - 244 pp. - [2] ff. - 172 pp. - 72 pp., maroquin rouge, dos lisse orné, encadrement d'un triple filet sur les plats, filet sur les coupes, roulette intérieure, tranches dorées (reliure de l'époque)
L'un des grands textes de la pensée matérialiste en France au XVIIIe siècle en maroquin ancien Édition originale peu courante quand, comme ici bien complète des trois parties dont la dernière, l'Essai sur la chronologie attribuée à Le Mascrier ne parut qu'en 1778. La préface a été rédigée par l'abbé Le Mascrier, l'un des éditeurs. L'autre fut le célèbre César Chesneau du Marsais. La première partie serait de Jean-Frédéric Bernard, on y trouve des articles sur la Création et le Déluge, tirés de « Telliamed ». La seconde est de Mirabaud. Ayant d'abord circulé sous forme manuscrite (Opinions des anciens sur le monde, Opinions des anciens sur la nature de l'âme) avant de paraître avec des modifications plus ou moins importantes dans des recueils imprimés, la Dissertation qui traite de l'origine du monde prend place dans les Dissertations mêlées (Amsterdam, 1740) avant que Le Mascrier en donne une version définitive, annotée, dans Le Monde en 1751. Cet ouvrage, condamné au feu par le Parlement, ouvre la voie du matérialisme des Lumières en utilisant l'arme de l'érudition. L'ouvrage ne prétend pas exposer un système, il consigne seulement des « opinions », celles des anciens sur le monde, sa structure, sa formation, ses révolutions, sa destruction, sur l'âme, sa nature, son immortalité. L'entreprise qui parait d'une cohérence exemplaire, par sa méthode et par la fin systématique qu'elle poursuit, résume un aspect essentiel de la pensée matérialiste du début du XVIIIème siècle. Et donc, cela n'a « sans doute pas été seulement, pour le d'Holbach du Système de la nature [paru sous le nom de Mirabaud], un pseudonyme d'occasion ; il symbolisait aussi une prise de position philosophique audacieuse, il rappelait une oeuvre originale qui, par la rigueur de son intention et de sa méthode, tranchait sur tant de compilations ou de contributions dispersées au combat clandestin du matérialisme ». Barbier - V, 335-d ; Quérard - VI, 153 ; Bloch, Le Matérialisme du XVIIIème siècle et la littérature clandestine, pp. 91-113 ; Coiffe de queue et trois des coins anciennement restaurés, petit manque en marge en gouttière au premier titre, papier légèrement et uniformément roussi.
Paris, 29 janvier, 1754 in-4, 2 pp.
Intéressante lettre de l'abbé Lemascrier, intermédiaire entre l'imprimeur Debure et Adrien Jousse concernant la publication de son Traité des Présidiaux :"Depuis votre dernière lettre, M. De Bure a vû M. Coquelet censeur de votre Traité des Présidiaux, qui lui a confirmé l’opposition de M. le Procureur général à l’impression de cet ouvrage, et qui lui a conseillé de n’y plus penser. Cependant comme les deux premières feuilles sont déjà tirées, il ya apparence que M. De Bure fera aussi tirer la 3e et la 4e qui sont composées (…) M. De Bure a résolu de s’adresser à M. le Chancelier lui même, pour obtenir de lui la permission de continuer l’impression de l’ouvrage (…) résolu de suivre le conseil que vous lui donnez, et de faire imprimer la suite des édits, déclarations &c qui concernent les Présidiaux et qui forment votre seconde partie (…)."Suivent 2 remarques du correcteur concernant l’organisation du recueil des édits et déclarations.L'abbé Lemascrier (1697-1760) fut toute sa vie aux gages des libraires, coopérant à la publication de nombreux écrits ou traductions, publiant lui-même quelques mémoires historiques dont une Description de l'Égypte. Dépourvu de style et d'idées, selon certains, Lemascrier possédait un certain art pour arranger ou abréger les productions d'autrui, domaine où il fut très prolixe. Il semble collaborer ici à la mise en ordre et à la publication des textes de Daniel Jousse (1704-1781), éminent juriste, conseiller auprès du présidial d'Orléans. D'une grande érudition, "plus commentateur que jurisconsulte", Jousse avait déjà publié une série de commentaires sur diverses ordonnances et édits. En 1754, il avait entrepris de publier chez le grand imprimeur parisien Debure, son Traité de la juridiction des Présidiaux. Aussitôt commencée, l'impression fut suspendue par ordre du procureur général Joly de Fleury, et ne sera reprise sans aucune contradiction après la mort de ce dernier arrivée en 1756. Le Traité sortira sous sa forme définitive en 1757, réédité en 1764.
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