George Sand (1804-1876), romancière, écrivain. L.A., sd [Nohant, mai 1837], 1p in-8. A Charles Rollinat (1810-1877), musicien, amoureux éconduit de George Sand, oncle du futur écrivain Maurice Rollinat (1846-1903). Sa belle voix lui avait donné pour surnom Bengali. « Bonsoir, stupide et cher neveu. Viens donc voir ton sacré oncle [elle-même]. Tu n'as pas de bon sens de l'oublier de la sorte. Je suis bien sûr que tu fais tout ce que tu veux dans tes lointains parages et que tu pourrais prendre vers nous ta volée printanière en quelques jours. Allons, bengali, déploie tes ailes d'azur et soulève ton énorme postérieur, viens embrasser tes amis. Tu trouveras ici Lady Tempest (Marie-Louise), installée en maîtresse absolue, et régentant fort bien son monde, même le vieil oncle qui voudrait n'avoir même plus la peine de vouloir. Tu trouveras aussi le crétin (Liszt) et une belle comtesse blonde pour laquelle tu roucoulerais toute la nuit devant les fenêtres perché sur une branche de lilas blanc - Bonsoir, Bon et cher enfant, es-tu toujours bête ? Moi plus que jamais - Je t'embrasse ». Lettre publiée par Georges Lubin (Correspondance, Tome IV, p.88) en 1964. On notera que George Sand l'avait jugé ainsi en 1836 : « Sans consistance, paresseux, orgueilleux, page d'opéra ». La belle comtesse blonde est l'écrivain Marie d'Agoult (1805-1876). Marie-Louise est Marie-Louise Rollinat (1818-1890), soeur cadette de Charles. Cette lettre lettre, assez comique, est très importante tant elle montre que Sand joue entre le masculin et le féminin (oncle / sûr au lieu de sûre) et qu'elle transforme le lien d'amitié en lien familial. La lettre a été anciennement contrecollée sur un autre feuillet, cachant le dos de la lettre sur laquelle on devine, par transparence, une lettre de Marie-Louise. La lettre est en effet affaiblie aux plis, avec petit manque, ce qui explique ce collage. Belle lettre au ton inhabituel. [133]