Sans lieu, Aux despens de l'Autheur, 1619. In-8 de (4)-392 (mal chiffrée 932) pp., vélin dur à recouvrement, dos lisse, titre manuscrit (reliure de l'époque).
Édition originale rare. Pamphlet contre l'Église catholique du controversiste jésuite devenu pasteur protestant Antoine Fuzy (1565-1628), rédigé dans un langage cru et populaire : « Le Pape, les Cardinaux qui representent Christ & son Senat Apostolique, & qui disent avoir succedé au pouvoir & à l'office d'iceux font un Evangile musqué, de velours, montés à l'imperiale, ils portent une croix de satin, sucrine, friande, lascive: ils devroient rompre la chair avec l'esprit, & ils avachissent & rompent l'esprit de Dieu avec leurs charnalités. Ceux qui ne les approuvent, & ne les adorent sont heretiques » (pp. 5 et 6). En-tête de sa longue épître apologétique adressée à Jacques Ier d'Angleterre, l'auteur ajoute: Remonstrance apologetique sur les enormités & abus demesurés, attentats, & inhumanités du chef de la fausse & de ses suppots, contre les vrays & légitimes enfans de la vraye (p. 11). « Antoine Fuzy est un de ces minores qui n'ont jamais fait figure d'autorités littéraires ; il est sans doute un de ses « auteurs inutiles » issu du grand courant d'« escrivaillerie » dont parle Montaigne, et qui caractérise les époques troublées et les siècles « débordés ». Il écrit en effet deux pamphlets au début du XVIIe siècle : Le Magistophore (1609) et Le Franc Archer de la Vraye Église (1619) étonnent par leur abondance rhétorique et se réclament d'une tradition polémique qui n'est plus de mise au moment de leur parution. (…) Le Franc Archer de la Vraye Église contre les abus et enormitez de la fausse est un pamphlet réformé : or ce texte très codifié joue en fait avec d'autres codes qui devaient a priori lui être étrangers. (…) Passé du catholicisme à la religion réformée, Antoine Fuzy fit avec son Franc Archer une oeuvre de transfuge, où la parole, si elle n'est pas libérée de certaines contraintes, s'est en tout cas affranchie d'une autorité rejetée. Chez Fuzy, le franc-parler pourrait être l'un des avatars de cette parole libérée. » (Agathe Moroval, Le franc-parler du Franc Archer (Antoine Fuzy, 1619) : l'auteur transfuge et l'auctoritas).Provenance : bibliothèque de Jean-Baptiste Colbert avec la mention « Bibliotheca Colbertina » sur le titre. Comme l'on sait, si les manuscrits composant cette immense collection entrèrent à la Bibliothèque du Roi en 1732 pour la somme de 300.000 livres, les imprimés au nombre de 50.000 volumes, furent dispersés en 1728 par l'abbé Charles-Eléonor Colbert de Seignelay (Bibliothecæ Colbertinæ, pars tertia, 1728, III n° 13191). Bon exemplaire en reliure de l'époque. Infimes galeries de vers dans la marge inférieure de dix feuillets, sans atteinte au texte. Rousseurs éparses.Brunet, II, 1428.