, Paris, Rombaldi, editeur, 1938., broche original, 352 p., 190 + 235 mm., illustre.
Oeuvres Completes Illustrees de Gustave Flaubert. Illustrations de Alfred Lombard.
Paris, Louis Conard, 1926 à 1933. 9 volumes broché de [2]-XLV-440-[2] /[6]-485-[2] /[6]-448-[2] / [6]-472-[2] / [6]-437-[2] / [6]-498-[4] / [4]-396-[2] / [6]-417-[4] et [6]-466-[2] pages, couvertures imprimées. Quelques minimes déchirures en queue de certains volumes, belle condition générale, non coupés.
«La correspondance de Flaubert est, d'un avis presque unanime, l'une des plus belles de notre littérature. Elle représente d'abord un document de tout premier ordre sur la France, surtout bourgeoise, du XIXe siècle." Jean Bruneau. Série complète , cette édition publie pour la première fois le texte intégral des lettres à Louise Colet.
L’un des 55 précieux exemplaires sur Hollande. Paris, Lemerre, 1881. In-12 de (1) f.bl., (2) ff., 400 pp., (1) f.bl., piqures sur les gardes. Demi-maroquin vert à coins, dos lisse, non rogné, couvertures jaunes imprimées et dos conservés. Reliure de l’époque. 183 x 120 mm.
Edition originale du dernier roman de Flaubert. L’un des 55 exemplaires sur papier de Hollande, « de plus en plus recherché, particulièrement en grand papier ». Clouzot, 122 Carteret, 270 ; Rahir, La Bibliothèque de l’amateur, 427. Exemplaire cité par Vicaire (III, 733) : « sur papier de Hollande, en demi-maroquin vert, non rogné, avec la couverture, 26 fr. Bouret ». Dans cette satire mordante conçue à la fin de sa vie et restée inachevée, Flaubert s’attaque violemment à l’esprit bourgeois et à la vanité intellectuelle fort répandue à son époque et en particulier au culte de la science et à la critique de « ceux qui croient savoir et n’ont même pas appris à apprendre ». Certains des passages ne sont pas sans faire penser à l’expression vengeresse de Léon Daudet : ‘le stupide XIXe siècle’. L’écrivain écrivait d’ailleurs dans une lettre à Raoul-Duval en 1879 : « L’ouvrage que je fais pourrait avoir comme sous-titre : ‘Encyclopédie de la Bêtise humaine’ ». « Le livre ne manque ni d’épisodes amusants, ni d’inventions savoureuses. Le premier chapitre bien que teinté d’une ironie quelque peu féroce, n’en est pas moins un hymne à l’amitié entre ces deux copistes Bouvard et Pécuchet qui se découvrent des goûts communs et achètent à la campagne, avec l’héritage de Bouvard, une propriété qu’ils entendent faire fructifier, eux-mêmes. Les chapitres suivants sont d’une vivacité et d’une justesse de ton admirables ». Déçus de tous leurs insuccès ils se remettront à copier ce que Flaubert n’a pas eu le temps de rédiger : ce que les deux amis copiaient pour leur plaisir, peut-être le sottisier des grands et petits écrivains qu’ils s’amusaient précisément à composer ou bien le ‘Dictionnaire des idées reçues’ recueil de sentences conventionnelles recueillies par le romancier… Bel exemplaire de cette édition originale recherchée, l’un des 55 imprimés sur papier de Hollande, relié à l’époque à toutes marges avec ses couvertures jaunes imprimées conservées.
, Amsterdam, Wereldbibliotheek, 1939., Gebonden, half-linnen, originele uitgeversplatten z/w, 39x28,5cm, 46pp, fraai geillustreerd z/w.
Vertaald, verlucht, uitgeschreven en gesigneerd door Jan Poortenaar.
FLAUBERT Gustave; BRUNETIERE Ferdinand (intro); ARNOT Robert (préf.):
Reference : 8546
(1904)
New York and London, Walter Dunne, [1904]. Ensemble complet en 10 volumes plein chagrin bleu, dos lisses ornés de fleurons et titre dorés, premiers plats ornés d'encadrement, filets et décors rouges et dorés avec un F au centre d'un médaillon, têtes dorées, gardes ornées du même décor que les premiers plats. Dos passés, 2 seconds plats tachés, coiffes et coins frottés, quelques charnières faibles, mors sup. du volume 1 fendu sur 2 cm., manque en tête du volume 7. Intérieur en bon état. Reliure signée St. Dunstan.
Illustré d'un portrait de l'auteur en frontispice du premier volume et de serpentes décorées par Clare Victor Dwiggins, serpentes protégeant des hors-texte en noir de divers illustrateurs et un frontispice couleurs dans chaque volume. Tirage limité à 750 exemplaires numérotés, celui-ci portant le numéro 44.
Bel exemplaire à grandes marges, partiellement non rogné, conservé dans ses élégantes reliures de l’époque avec les couvertures bleues conservées. Paris, Michel Lévy, 1870. 2 volumes grand in-8 de : I/ (2) ff., 427 pp.; II/ (2) ff., 331 pp., 32 pp. (catalogue de l’éditeur). Qq. discrètes rousseurs. Demi-maroquin fauve de l’époque à coins, dos à nerfs ornés, tête dorée sur témoins, couvertures bleues et dos conservés. Reliure de l’époque signée de Marius Magnin. 227 x 149 mm.
Edition originale. Vicaire, Manuel de l’amateur de livres du XIXe siècle, 726. Histoire d’un jeune homme, commencée à la fin de 1863 et écrite de septembre 1864 à mai 1869, « L’Education sentimentale » a paru en novembre 1869. Bien que riche de nombre détails autobiographiques, l’œuvre n’a rien de commun avec le roman de jeunesse écrit sous ce titre en 1845. La présence enchanteresse de Madame Arnoux qui domine l’œuvre entière comme Madame Schlesinger domina la pensée de Flaubert font assurément de ce roman un témoignage irrécusable sur la vie sentimentale de l’écrivain, avec les interférences et les recoupements du rêve et de la réalité dont cette œuvre est le fruit amer et brûlant. Tissée de réel et d’imaginaire « L’Education » est aussi l’histoire morale des hommes qui vécurent sous la monarchie de juillet, et l’évocation de toute la vie parisienne de la cinquième décade du XIXe siècle, cette fermentation politique et sociale qui conduisit à la révolution de 1848 et au coup d’état. « Comment aujourd’hui ne pas reconnaître en ce livre flaubertien par excellence et en cette œuvre goethéenne par son ampleur, un des livres capitaux de la littérature moderne qui a vu, par la suite, tant de copies de ce héros mélancolique. Certaines pages comme celles décrivant la rencontre des deux amants, à la fin du roman, comptent parmi les plus pures et les plus lyriques de toute l’œuvre flaubertienne ». Bel exemplaire à grandes marges, partiellement non rogné, conservé dans ses élégantes reliures de l’époque avec les couvertures bleues conservées.
Paris, Rombaldi, 1935. Coll. "Baldi". In-8 "carré" broché, couverture rempliée, 254 p. 5 compositions originales en couleurs d'Edouard Chimot reproduites en héliogravure, dont frontispice. Exemplaire n° 2354. Très bon état.
Paris, Gallimard, coll. Albums de la Pléiade, 1971. In-12 pleine peau dorée à l'or fin, jaquette ornée d'un portrait, rhodoïd.
360 illustrations in-texte en noir. Edition originale hors-commerce de ce 11e volume de la collection. Rhodoïd très légèrement gondolé, pour le reste en belle condition.
Le Castor Astral. 1991. In-12. Br. Couverture à rabats. 92 p.BE.
Paris. Editions d'Art Jean de Bonnot. 1981. In-4. rel. éditeur. Décorations florales dorées et argentées au dos et sur les plats. Tête dorée. Dessins floraux sur toutes les pages de Léonard Couturier. 530 p.Etat neuf.
Paris, L'Edition d'Art H. Piazza, 1932. Coll. "Contes de France et d'Ailleurs", vol.7. In-8 broché, couverture rempliée et illustrée, VII+436 p. Introduction d'Edmond Pilon. Frontispice en couleurs + qq. illustrations in-texte couleurs : dessins de Charles Guérin. Exemplaire N° 2465 / 3200 sur papier chiffon. Très bon état malgré une petite déchirure au niveau de la coiffe supérieure
Paris, Librairie de France, édition du centenaire, 1928. 3 vol. grands in-8, reliures cartonnées demi chagrin bleu nuit à coins, titre et tomaison dorés sur dos à nerfs, tranches supérieures dorées. Portraits gravés sur bois par Achille Ouvré. Tome I, XVII-509 p. Tome II, 507 p. Tome III, 501 p. Très bon état.
Paris, Henri Cyral Editeur, 1930. Coll. "Collection française", vol.30. In-8 broché, 310 p. Illustrations en couleurs de Daniel-Girard. Exemplaire N°123 / 1021 sur vélin de Rives. Rousseurs sur les tranches, débordant parfois sur le haut des pages, mais très bon état. En partie non coupé.
S.l.n.d. La Nouvelle Revue, 1880-1881. Trois volumes in-8 tomés 7, 8 & 9 et comptant un peu moins de 900 pages chacun. Demi-chagrin noir de l'époque, dos à nerfs, titre au dos: La Nouvelle Revue. Parfait état.
Edition pré-originale de Bouvard et Pécuchet, oeuvre posthume complète de Gustave Flaubert, parue en six livraisons, du 15 décembre 1880 au 1er mars 1881. La Nouvelle Revue, bimensuelle, avait été créée par Juliette Adam (rare femme à avoir dirigé une revue) en 1879. Cette même année, signant encore Juliette Lamber, elle avait envoyé à Flaubert, plongé dans Bouvard et Pécuchet, un exemplaire dédicacé de Grecque. Dans sa dernière lettre (à ce jour publiée) à Juliette Adam, datée du 16 avril 1880, Flaubert terminait par ces mots: "Vous recevrez ma visite avant un mois, et comme mon abominable bouquin se termine, nous aurons à causer sérieusement." Flaubert meurt subitement le 8 mai 1880. La Nouvelle Revue commencera la publication de Bouvard et Pécuchet le 15 décembre suivant et continuera les 1er et 15 janvier 1881, 1er et 15 février et 1er mars, mois de la parution du roman en volume chez Lemerre. Flaubert, mort le 8 mai 1880 et ayant laissé l'ouvrage inachevé, sa nièce Caroline Commanville, se chargea de le faire éditer en y faisant les dernières corrections avec l'aide des relations de son oncle. Bel exemplaire très frais de cette pré-originale qui contient un bel hommage posthume de Maupassant à son maître dans le second volume pages 142 à 147.
MARCEL (Gabriel). BORNE (Alain). MEYZARGUES (Georges). RODE (Henri). GOGOL (Nicolas). DODAT (François). MASSON (Loys). FONTENAY (François). FLAUBERT (Gustave). LEMAITRE (Henri). CARFORT (Olivier de).
Reference : 45180
Lyon, directeur Jacques Aubenque. Un volume 14,2x22,5cm, 120 pages. Bon état. Exemplaire enrichi de trois lettres autographes de Gabriel Marcel adressées à Jean Le Marchand, directeur de la revue La Table ronde (ca 1948).
Créée à Lyon en juillet 1941 par deux camarades de lycée, l’éditeur et imprimeur Marc Barbezat et le philosophe Marc Beigbeder, Confluences offre un très large panorama de littératures française et étrangère. «Je ne crois pas qu’il existe à l’heure actuelle une revue qui fasse aux jeunes une place plus large, qui nous ait révélé plus de noms nouveaux», écrivait un rédacteur des Cahiers du Sud en 1944. Confluences comptera 58 numéros jusqu’en 1947. La mention de nouvelle série était un stratagème imaginé par les directeurs pour faire croire à l’administration de Vichy que la revue paraissait avant-guerre. Car la censure frappait indistinctement tous les nouveaux titres.
PROUST (Marcel) - NERVAL (Gérard de) - BAUDELAIRE (Charles)- SAND (Georges) - FLAUBERT (Gustave) - MALLARME (Stéphane) -
Reference : 40958
Catalogue de la vente aux enchères organisée à Drouot le 22 juin 1990 - un volume 21,5x27,5cm broché de 162 pages comprenant 163 notices - bon état -
Important catalogue de littérature comprenant des lettres et manuscrits de Proust, Baudelaire, Nerval, Barbey d'Aurevilly, Mallarmé, Georges Sand, Céline, Chateaubriand, etc.
Paris : Marval, 2002. Un volume 25x29,2cm cartonné sous jaquette illustrée, 120 pages illustrées de photographies en couleurs de Magdi Senadji. Texte de Pierre Michon. Bon état. Edition originale.
Paris, sans nom, 1942. 1 vol. in-4 de XXIV, 221-[2] pages, demi-maroquin fauve à bordure encadrant les plats décorés d’une tête de diable peinte sur soie, dos lisse, tête dorée, sous étui bordé de maroquin fauve. Petites griffures sur la toile des plats, intérieur en très belle condition.
Illustré de gravures et dessins de J. -G. Daragnès. Edition originale de la préface de Paul Valéry. Tiré à 1480 exemplaires numérotés sur papier vélin de Rives.
München, Julius Schröder, 1924. 2 volumes in-folio sous étui commun, le premier de 275-[5] pages, le second étant une chemise au cartonnage similaire et contenant la double suite. Cartonnages richement décorés en brun et or avec titre doré aux dos et aux premiers plats, bords biseautés vers l'intérieur avec roulette dorée, tête du premier volume dorée. Étui de cartonnage marbré avec titre doré au premier plat. Inscription au crayon à papier au dos de l'étui, qui est en outre très légèrement taché.
Illustré de 30 gravures originales de Fritz Heubner, en bandeaux ou à pleine page, gardes illustrées. Ouvrage en français, de la série "Meisterwerke der Weltliteratur mit Original-Graphik" au tirage limité à 220 exemplaires numérotés, celui-ci un des 40 numérotés en romain (VI) avec suite des gravures en deux états, chacune des estampes étant numérotée et signée par l'artiste. Le justificatif est en allemand et, lui aussi, signé par Fritz Heubner. Rousseurs sur quelques gravures de l'ensemble des suites, rabat de l'étui ouvert aux extrémités.
Lyon, Impr. réunies, 1935. In-4 de [10]-110 pages, [42 pl.]. Demi-basane fauve racinée à coins ornés d’un filet doré, dos à nerfs orné, pièce de titre de maroquin rouge, couverture conservée. Coupe inf. frottée, intérieur en bel état.
Illustré de gravures en noir et en couleurs d’Adrien Godien. Tiré à 700 exemplaires numérotés sur papier de luxe. Celui-ci avec une suite des illustrations et dédicacé 2 fois par l’artiste.
Paris, Le florilège des chefs-d'oeuvre français 4, éditions de la Maison Française, 1948. In-4 en feuilles de [2]-247-[6] pages, sous couverture imprimée rempliée, chemise et étui. Bords de l'étui très légèrement frottés.
Avec de très nombreuses illustrations couleur de André-E. Marty, gravées sur bois par Gérard Angiolini. Tiré à 800 exemplaires numérotés, le nôtre ne l'est pas, faisant partie d'un "certain nombre d'exemplaires réservés à l'artiste et aux amis du Florilège" et portant la marque distinctive "exemplaire des amis du Florilège".
BROCHE TRES BON ETAT . QUELQUES PAGES NON COUPEES . Oeuvres complètes de Gustave Flaubert. Correspondance. Nouvelle édition augmentée. 2e série. 1847-1852 .Flaubert, Gustave. 1926. PARIS LOUIS CONARD , LIBRAIRE EDITEUR .
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Louis Conard In Octavo broché de 451 pages, portrait frontispice de l'auteur, bel exemplaire , frais en sa pagination et en ses plats.
Le texte de cette édition est conforme à celui de l'édition originale en dehors des lettres et fragments inédits signalés à la table des matières.Le classement des lettres a été modifié autant que les faits cités dans chacune d'elles indiquait un ordre différent de celui primitivement adopté.Cette présente Edition tirée par l'imprimerie Nationale en vertu d'une autorisation de Mr.Le Garde des Sceaux en date du 30 Janvier 1902. Bon Etat Franco de port France jusqu'à 29 euros iclus. MONDIAL RELAY pour : FRANCE, Portugal, Pologne, Espagne, Allemagne, Autriche, Pays Bas, Luxembourg, Italie, Belgique. Toutes les étapes sont accompagnées. Achat, estimations et listages France / Suisse (sur rdv).
27 janvier [1859]. Trois pages et demie in-8 (209 x 133 mm), à l’encre brune sur papier vergé bleu. Chemise demi-maroquin noir, plats de papier veiné noir, étiquette de titre au premier plat, dos lisse avec auteur doré en pied, trace de pliures, quelques taches marginales sans gravité, deux petites restaurations à l’adhésif aux pliures (chemise moderne).
Magnifique lettre de Flaubert à son ami Théophile Gautier. Dans cette longue lettre amicale, Flaubert évoque le séjour de Gautier en Russie (du 15 septembre 1858 au 27 mars 1859), s’emporte contre le monde littéraire parisien et évoque la rédaction de Salammbô, dans laquelle il est totalement plongé. Flaubert a appris par le «gars Feydeau» que Gautier est en Russie et reviendra fin février: «Alleluia! Car je m’ennuie de ta personne incroyablement. […] Souvent je pense à ta mirifique trombine perdue au milieu des neiges. Je te vois sur un traîneau, tout encapuchonné de fourrures baissant la tête et les bras croisés […] As-tu fait des verres ? pardon de la question qui est stupide. Je veux dire que tu nous dois un recueil lyrique intitulé les hyperboréennes ou l’Ours Blanc. Tu retrouveras ta patrie encore plus stupide que tu ne l’as quittée ! Les hommes maintenant portent des manches à gigot. Cet amour du manche de gigot me semble un indice obscène, un curieux symbolisme comme dirait le père Michelet.» Suit une diatribe sur L’Amour de Michelet : «Il ne parle que de ça, ne rêve qu’ovaires, allaitement, lochies et unions constantes. C’est l’apothéose du mariage, l’idéalisation de la vesse conjugale, le délire du Pot au feu!» Puis il décrit en détail la rédaction de Salammbô: «depuis trois mois, je vis ici complètement seul, plongé dans Carthage & dans les bouquins y relatifs. Je me lève à midi et me couche à trois heures du matin. Je n’entends pas un bruit. Je ne vois pas un chat. Je mène une existence farouche et extravagante. Puisque la vie est intolérable, ne faut-il pas l’escamotter [sic]? Je ne sais ce que sera ma Salammbô. C’est bien difficile. Je me fouts [sic] un mal de chien. Mais je te garantis, ô Maître, que les intentions en sont vertueuses. Ça n’a pas une idée, ça ne prouve rien du tout. Mes personnages, au lieu de parler, hurlent d’un bout à l’autre. C’est couleur de sang, il y a des bordels d’hommes, des anthropophagies, des éléphants et des supplices. Mais il se pourrait faire que tout cela fût profondément idiot et parfaitement ennuyeux. Quand sera-ce fini? Dieu le sait!» Il continue à jouir du mépris des honnêtes gens, et est impatient de revoir Gautier: «Il me tarde bien d‘être à la fin du mois prochain — seul avec toi, les coudes sur la table, dans mon humble réduit du boulevard.» La plus belle et la plus longue lettre connue de la correspondance entre les deux auteurs. Gustave Flaubert rencontra Théophile Gautier en octobre 1849 lors d’un dîner avec Maxime Du Camp et Louis Bouilhet, à la veille de son départ pour l’Égypte. Il en résultera une longue et forte amitié, dont témoigne une belle correspondance de 37 lettres échangées entre le 13 août 1850 et le 19 mai 1872 (31 lettres de Flaubert et 6 lettres de Gautier). La plupart sont de simples billets, au ton certes relevé, Flaubert rappelant à son compère qu’il l’attend de pied ferme pour causer. Les deux amis se voyaient également chez Madame Sabatier, chez la princesse Mathilde ou chez Jeanne de Tourbey. Notre lettre, en raison de la distance qui les sépare alors, est sans doute la plus révélatrice du lien très fort qui les unissait. Elle est aussi remarquable pour les passages sur la rédaction de Salammbô. Théophile Gautier attendait avec impatience la publication du roman oriental de son ami et, dès sa parution, il en fit un compte rendu très élogieux dans Le Moniteur du 22 décembre 1862. Cette superbe lettre est reproduite dans la Correspondance, édition de la Pléiade, t. III, pp. 10-11. Elle fut exposée lors de l’Exposition Flaubert à la Bibliothèque nationale en 1980 (cat., n° 274). Elle provient des collections Léopold Marchand (vente du 13 novembre 1933), Sacha Guitry (1975, n° 207) et colonel Daniel Sickles (cat. I, 1989, n° 64). Exceptionnel témoignage de l’amitié entre deux immenses écrivains du XIXe siècle. L’édition numérique de la correspondance de Flaubert peut être consultée à l’adresse suivante: https://flaubert-v1.univ-rouen.fr/jet/public/correspondance/feuilletage.php?t=D&sens=T&c=GAUT Transcription de la lettre: Jeudi 27 janvier Cher vieux Théo, Une lettre du gars Feydeau m’apprend que tu es maintenant à Moscou, et qu’à la fin de Février, nous te reverrons! Alléluia! Car je m’ennuie de ta personne incroyablement. Quand j’ai été à Paris, au mois de novembre dernier pour l’Hélène Peyron de Bouilhet, tu m’as manqué, tout le temps, d’une façon agaçante. Voilà. Souvent je pense à ta mirifique trombine perdue au milieu des neiges. Je te vois sur un traîneau, tout encapuchonné de fourrures baissant la tête & les bras croisé…. Je n’ai rien lu de ce que tu as envoyé au Moniteur. On m’a dit que tu avais fait une arrivée à St Pétersbourg qui était une merveille. J’attends le tout pr le lire en volume. As-tu fait des verres? pardon de la question qui est stupide. Je veux dire que tu nous dois un recueil lyrique intitulé Les Hyperboréennes ou l’Ours blanc. Tu retrouveras ta patrie encore plus stupide que tu ne l’as quittée! Les hommes maintenant portent des manches à gigot. Cet amour du manche de gigot me semble un indice obscène, un curieux symbolisme comme dirait le père Michelet. Ce vieux a publié un bouquin sur l’Amour où il trouve que Me Mélanie Waldor est le premier prosateur du XIXe siècle etc etc. & dans tout le reste du livre, «notre grand poète-historien» s’écrie, à chaque instant, comme le Dteur Sacombe: «Ah! Laissez-moi de grace adorer la matrice.» Car il ne parle que de ça, ne rêve qu’ovaires, lochies allaitement, lochies & unions constantes. C’est l’apothéose du mariage, l’idéalisation de la vesse conjugale, le délire du Pot-au-feu! D’autre part on se pâme à lire & à écouter «Le Roman d’un jeune homme pauvre» par cet escouillé d’Octave Feuillet. Ladite chose se prend s’avale, suivant les goûts, en pilule ou en tisane, sous forme de volume ou de pièce. Triste drogue! – Voilà tout ce que je sais touchant cette immense latrine appelée le Monde des Arts. Quant à moi, depuis trois mois, je vis ici complètement seul, plongé dans Carthage & dans les bouquins y relatifs. Je me lève à midi & me couche à trois heures du matin. Je n’entends pas un bruit je ne vois pas un chat. Je mène une existence farouche & extravagante. Puisque la vie est intolérable, ne faut-il pas l’esquiver, l’escamotter? Je ne sais ce que sera ma Salammbô. C'est bien difficile. Je me fouts un mal de chien. Mais je te garantis, ô Maître, que les intentions en sont vertueuses. Ça n’a pas une idée, ça ne prouve rien du tout. Mes personnages, au lieu de parler, hurlent. D’un bout à l’autre c’est couleur de sang il y a des bordels d’hommes, des anthropophagies, des éléphants & des supplices. Mais il se pourrait faire que tout cela fut profondément idiot & parfaitement ennuyeux. Quand sera-ce fini? Dieu le sait! En attendant je continue à jouir du mépris des honnêtes gens. Tous les rédacteurs de la Revue contemporaine voulant se retirer dudit papier ont pris pr prétexte la Dédicace que Feydeau m’a faite en tête de son nouveau roman. Ils ne voulaient plus écrire dans un journal pollué par mon nom. Comme bêtise, je trouve cela fort. Il me tarde bien d’être à la fin du mois prochain. – Seul avec toi, les coudes sur la table, dans mon humble réduit du boulevard. – Vas-tu t’embêter, pauvre cher vieux Maître, une fois revenu!!! Je te saute au cou & t'embrasse très fort à toi ton Gve Flaubert
Rouen, Alinéa "Points de vues", Elisabeth Brunet, 2007. 3 volumes sous étui imprimé (18,5 x 12 cm). Deux volumes de 490 pages pour le roman : "Madame Bovary : Moeurs de province" (fac-simile de l'édition-témoin dans laquelle Flaubert, "désireux d'éterniser la bêtise du Censeur", reporte une par une les corrections exigées et commente la suppression imposée de quelques scènes-clés) + "La censure et l'oeuvre", 63 pages (Cette plaquette contient : Madame Bovary, l'exemplaire témoin par Yvan Leclerc (A propos de l'exemplaire personnel annoté de Gustave Flaubert) - Lettres. Notes inédites de Gustave Flaubert - Le réquisitoire de Maître Pinard - La plaidoirie de Maître Sénard - Le jugement.).- Complet des trois volumes sous étui. Très bon état.