GLM | Paris 1936 | 12.50 x 17 cm | broché
Édition originale, un des 100 exemplaires numérotés sur vélin, le nôtre non justifié, seuls grands papiers après 15 Japon. Ouvrage illustré, en frontispice, d'un dessin de Salvador Dali. Précieux envoi autographe signé de Paul Eluard à René Char?: «?Exemplaire de mon ami René Char. Paul Eluard.?» * C'est en 1929 que René Char découvre les vers de Paul Eluard.Subjugué, le jeune poète islois de vingt-deux ans décide de lui envoyer un exemplaire de son recueilArsenal sur lequel il rédige cette dédicace?: «?à Paul éluard enfin. L'Isle, 17 septembre 1929.?» Son aîné lui répond avec bienveillance quelques semaines plus tard?: «?Cher Monsieur, n'est-il pas possible que nous nous connaissions mieux?? Ne pensez-vous pas venir à Paris?? Je serais heureux de vous dire combien j'aime vos poèmes tout ce si beau livre.?» Le jeune Char est exalté et part pour la première fois rencontrer son «?frère de substitution?» (Laurent Greilsamer,René Char, Perrin, 2012), puis prend rapidement la décision de venir s'installer à Paris auprès de ses nouveaux compagnons Aragon, Breton et Eluard et se range sous la bannière surréaliste. Eluard, abandonné par Gala qui le quitte pour Dali, propose à Char de venir vivre dans l'appartement de la rue Becquerel. Les deux célibataires engagent bientôt Odette, une jeune bonne pour le moins avenante?: «?Char apprécie ce service stylé et s'étonne cependant de la gentillesse appuyée de cette jolie brune. Un jour, il la prend dans ses bras. La jeune beauté lui sourit, se laisse faire et se révèle experte. Le soir, René raconte son aventure à éluard qui se fait servir le lendemain son petit déjeuner au lit et invite Odette à le rejoindre. Un trio provisoire se forme.?» (op.cit.) Char et éluard, devenus inséparables, partagent le goût de la fête et de la séduction frénétique et arpentent les boulevards parisiens en quête d'aventures. Ainsi, le soir du 21 mai 1930, font-ils la rencontre d'une comédienne et trapéziste sans le sou?: Nusch. «?Eluard décide de la ramener, tel un colis précieux, rue Becquerel. Mais il faudra toute l'amitié de Char et sa force de persuasion pour convaincre la jeune femme de rester afin de donner à Eluard le temps, tout le temps de s'éprendre.?». (op. cit.) Char joua ainsi le rôle de médiateur et permit à Eluard de conquérir le grand amour de sa vie, décédé prématurément en 1946 d'une hémorragie cérébrale. Malgré plusieurs brouilles passagères jamais pour les femmes mais toujours pour les idées les deux poètes entretiendront une relation amicale et intellectuelle forte jusqu'à la fin de la vie d'Eluard. «?Je suis vieux, René, par instants à force de ne plus aimer la vie. Je vis par devoir. Mais je t'aime profondément, comme je t'ai toujours aimé?: ne te choque de rien ; venant de moi, tout est pour moi affection et admiration. [...] Quelle preuve de plus peux-tu en avoir que je te dise que tu es le seul homme à qui je pourrais avouer ce grand vide que je porte en moi et devant qui je pourrais pleurer autant que j'en ai toujours envie.?» - Photographies et détails sur www.Edition-Originale.com -
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Le dernier texte de Paul Éluard pour son ami Picasso. Manuscrit autographe, en grande partie inédit. S.l.n.d. [circa 1951]. 9 pages 1/2 en 10 f. (210 x 270 mm) à l’encre et au stylo bille sur papier « Montévrain - extra strong ». Manuscrit autographe.
L’amitié entre Paul Éluard et Pablo Picasso fut immense. Si il se connaissaient depuis 1916, c’est en 1935 que leur amitié - au moment où s’étiole celle liant le peintre à André Breton - se renforce pour n’être plus jamais démentie, sans ombre ni faille. Quinze ans plus tard, le 18 octobre 1951, Paul Éluard donne à Londres une conférence en l’honneur de son grand ami, lequel va fêter une semaine plus tard, le 25 octobre, ses soixante-dix ans : « J’imagine facilement que l’on vient de publier le cent soixante et onze millième articles et le mille deux centième livres sur Picasso, que l’on en est à sa millionième photographie et que son nom est devenu un mot commun [...]. On n’a jamais parlé d’un peintre vivant comme on parle de Picasso. Et pourtant, cet homme de 70 ans peut être considéré comme le plus jeune artiste de son temps. Commencée il y a plus d’un demi-siècle, son œuvre continue à se montrer la plus vivace du monde, elle continue à surprendre, à indigner, et, heureusement aussi, à susciter l’admiration et l’enthousiasme. [...] La vérité sur laquelle Picasso s’appuie, c’est sa propre jeunesse. [...] Et, aujourd’hui, nous ne commémorons pas Picasso, nous l’inaugurons. Sa force sera grande, son génie va s’épanouir. Demain ne réalisera pas la promesse d’hier, mais la promesse du lendemain suivant. Ce perpétuel enfant, ce nouveau Faust et ce nouveau Don Juan se promet de séduire, de méduser [...]. Que fait Picasso aujourd’hui ? Une chèvre. Pour ses côtes, il a pris des branches, pour ses mamelles deux marmites, pour ses cornes, un guidon de bicyclette. Et la chèvre commence à vivre. Et Picasso est né ». La complicité fraternelle entre le peintre et le poète, qu’Éluard qualifie de « sublime » dans une dédicace à Picasso, ne prend fin qu’au décès du poète le 18 novembre 1952 : un an et un mois jour pour jour après cette conférence. Le manuscrit, à l’encre bleu nuit ou au stylo bleu, présente de nombreuses et importantes ratures et corrections. Un fragment en a été publié, sous le titre « Le plus jeune artiste du monde », à la une du numéro des Lettres françaises du 25 octobre 1951, lui aussi consacré au peintre catalan, avec une photographie par Man Ray surplombée, en lettres capitales, d’un large « PICASSO A 70 ANS ». Une double page est consacrée au peintre. Le texte de la conférence, dans son intégralité, est inédit. Ce sera le dernier texte d’Éluard consacré à son ami : les deux hommes venaient d’achever l’édition du Visage de la paix, un recueil de 29 poèmes illustré d’une lithographie de Picasso. Éluard lui avait consacré, dès 1944, un premier hommage aux Éditions des trois collines, à Genève : À Pablo Picasso, pour la collection « Les Grands peintres et leurs amis ». Le poète avait alors réuni tous les textes écrits sur son ami, depuis la conférence « Je parle de ce qui est bien » : « En janvier 1936, à Barcelone, lors de l’exposition organisée par ADLAN [Amics de l’Art Nou] en hommage à Picasso (qui n’avait jamais été exposé en Espagne depuis 1900), Éluard joue le rôle d’ambassadeur itinérant du peintre ; il donne une conférence dans cette ville qui est radiodiffusée, avant d’aller porter la bonne parole à Madrid. » (Emmanuel Guigon, directeur du musée Picasso de Barcelone, dans la préface au catalogue Picasso - Éluard, 2020). L’artiste traversait alors une grave crise : séparé d’Olga, il s’est arrêté de peindre et s’est mis à écrire des poèmes. Entre les deux hommes, tout converge alors : un même goût pour la poésie et une même vision de la création artistique. Leur amitié, seize années durant jusqu’à la mort du poète, va engendrer des œuvres communes : la première sera Les Yeux fertiles, parue en 1936 où les dessins de l’un répondent aux poèmes de l’autre. Un remarquable hommage du poète à son ami peintre. Ancienne collection Jacques Millot (Paris, Bibliothèque du Professeur Millot, Ader, 15 juin 1991, n° 66).
Seghers 1974 Paris. in12. 1974. Broché. 186 pages. Etat Correct couverture usagée (pliure) interieur propre
Villeneuve-lès-Avignon, Poésie 42, (24 juin) 1942. 1 vol. (145 x 210 mm) de 67 p. et [2] f. Broché. Édition originale. Un des 75 premiers exemplaires sur vergé (n° 58). Bande à parution conservée.
Cela, à notre connaissance, n'a jamais été signalé, mais c'est le texte d'une conférence d'avant-guerre et les fragments lus ce soir-là que reprend ici Paul Éluard en vue de les faire publier par Pierre Seghers, comme il s'en ouvre à son ami Louis Parrot dans une carte interzones du 14 avril 1942. Le 21 février 1939, en effet, à l'initiative de la compagnie du Diable écarlate dirigée par Sylvain Itkine dont la troupe avait joué dans les usines occupées lors des grandes grèves de juin 1936, Éluard était intervenu au Proscenium d'Europe du Théâtre Pigalle, et de nombreux encarts l'avaient annoncé dans la presse. Dans son édition du 25 mai 1939, Excelsior revenait sur l'événement et parlait expressément d'une « «séance de poésie involontaire et de poésie intentionnelle» présentée par une conférence de Paul Éluard, où, à côté des poèmes de Rimbaud, d'Apollinaire, de Laforgue et de Raymond Roussel, on entendait le Vieux Paralytique, de Jules Jouy, les Admirables Secrets du Grand Albert, un rêve d'un enfant de onze ans, une lettre de la religieuse portugaise et les Impudiques, de Victor Litschfousse. » « J'ai lu votre texte et les citations avec une belle joie, s'enthousiasme Seghers auprès d'Éluard dès le 22 mai 1942, je suis ravi, et je vais m'employer au succès absolument certain. [...] Je pars pour Lyon mardi apporter le texte à l'imprimeur. Je veux une typo simple, mais heureuse. Je prends pour vous mes dernières rames de papier ». Deux jours plus tard, dans une lettre à Parrot du 24 mai, Éluard souhaitant son livre « utile, fécond », précise son « intention profonde » : « amener l'esprit poétique en France dans des contrées mal appréciées jusqu'ici, à une plus vaste objectivité, à sa mère, «la vie de tous les hommes» ». Tandis que des fragments de citations sont confiés au groupe la Main à plume de Noël Arnaud qui les publie avec d'autres textes dans La Conquête du monde par l'image, le projet s'enrichit encore de quelques citations nouvelles qu'Éluard communique à Parrot dans deux lettres des 30 et 31 mai 1942 (Éluard livre d'identité, p. 186), puis des tracasseries de la censure retardent un peu le projet, de sorte que le livre est sous presse le 8 juillet 1942 seulement, en retard sur l'achevé d'imprimer. « Si profond que soit l'engagement de Paul Éluard dans la vie politique et nationale, fera remarquer Decaunes dans sa biographie (p. 202-203), il n'en renonce pas pour autant à ce qui demeure, à ses yeux, la plus haute fonction de la poésie : la découverte, la conquête, par le moyen du langage à travers le langage, de tous les trésors de l'homme [...]. C'est pourquoi la publication, en pleine occupation, de Poésie involontaire, poésie intentionnelle, est, d'un certain point de vue, un acte au moins aussi significatif que celle des poèmes de résistance. » C'était d'ailleurs en ce sens qu'il s'était rapproché de Noël Arnaud.
Seghers 1979 in12. 1979. broché. 223 pages. Bon Etat intérieur propre
Gallimard / poesie 1973 poche. 1973. broché. Bon Etat intérieur propre
GALLIMARD 1966 10 8x17 8x1 8cm. 1966. mass_market. 272 pages. Bon état
Mediations 1966 poche. 1966. broché. 149 pages. Bon Etat intérieur propre
Mediations 1966 poche. 1966. broché. 149 pages. Bon Etat intérieur propre
Poesie gallimard 1969 poche. 1969. broché. 156 pages. Bon Etat intérieur propre
Gallimard / blanche 1963 in12. 1963. broché. 440 pages. Bon Etat intérieur propre
Club français du livre 1953 in8. 1953. Reliure pleine toile. envoi suivi pour la France et l'étranger Bon Etat
Libraires associés 1964 in 8 carré. 1964. Reliure pleine toile. 270 pages. envois en suivi pour la france et l'etranger Bon Etat intérieur propre légères mouillures sur le dos de couverture
Éluard par André Rogi, 1934. Seule épreuve connue. [Paris, 1934]. 1 tirage argentique (233 x 293 mm) et (330 x 420 mm avec marges) noir et blanc. Encadré. Seule épreuve connue de cet portait d'Éluard par Rogi André.
Elle est l'oeuvre de la photographe hongroise Rosa Klein (dit Rogi André) et fut réalisée en 1934, dans l'appartement de Paul Éluard. Rosa Klein fut un temps l'épouse d'André Kertesz, qui l'initia à la photographie dans les années 1920. Au milieu du bouillonnement intellectuel parisien, elle se lie avec les artistes d'avant-garde, notamment les surréalistes, dont elle réalise de nombreux portraits, en suivant le conseil de Kertesz : « Ne jamais photographier quelque chose pour lequel tu éprouves peu d'enthousiasme, mais seulement ce qui t'intéresse passionnément. » Elle privilégie - et c'est une nouveauté - de faire poser les modèles dans leur environnement, certains critiques relevant dans ses portraits une influence du cubisme, par exemple lorsqu'elle réalise une composition géométrique grâce au jeu des ombres et des lumières - comme ici, avec ce portrait utilisant les éléments de la pièce où se tient Éluard. En 1941, pendant la Seconde Guerre mondiale, Rogi André a été contrainte de fuir en zone libre et de se réfugier en Touraine en raison de ses origines juives, avant de regagner Paris et de s'y cacher grâce à l'aide de la galeriste Jeanne Bucher. Elle décède le 11 avril 1970 à Paris, dans la pauvreté, et tous ses modestes biens sont mis en vente à l'Hôtel Drouot. Une partie de ses archives, et notamment ses tirages, sont cependant sauvés du désastre grâce aux efforts de Jean-Claude Lemagny, conservateur responsable de la photographie contemporaine au département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France, qui en fait l'acquisition pour la collection de la BnF. Cette épreuve manque au fonds ; on connaît en revanche quatre épreuves d'un portrait plus rapproché d'Eluard, qui date de la même séance, où Eluard est assis, dos à la porte : une à la BnF, un tirage tardif de 1982 au Centre Pompidou (AM1983-429), une épreuve dédicacée par Paul Éluard à Max-Pol Fouchet et une épreuve de 1944, signée par Rogi. De cette variante où le poète se tient debout, on ne connaît que ce seul tirage - par ailleurs inédit.
Man Ray: dessins illustrés par les poemes de Paul Eluard. Man Ray / Aux Editions Jeanne Bucher, Paris, 1937. In-4 p. (mm. 282x220), brossura editoriale illustrata, pp. 176,(14), al frontespizio lo stesso disegno della copertina anteriore. Le 67 riproduzioni in bianco e nero dei disegni di Man Ray sono così suddivise: 1 al frontespizio (Le Pont Brisé), 54 accompagnate dai testi delle poesie di Eluard, 2 ritratti di Sade, 6 ritratti (tra cui Nusch, Picasso, Breton, Eluard, Man Ray) e 4 details (l'occhio di Sade, la bocca di Breton, capelli di donna, la matita a forma di campanile di Man Ray)."Edizione originale" di questa splendida raccolta di poesie e disegni, pubblicata nel 1937, preceduta da una poetica prefazione di Paul Eluard: Le dessin de Man Ray: toujours le désir, non le besoin. Pas un duvet, pas un nuage, mais des ailes, des dents, des griffes.. Une bouche autour de laquelle la terre tourn. Man Ray dessine pour etre aimé. La collezione "Les Mains Libres" (una composizione a mani libere) è una celebrata collaborazione tra Man Ray e Paul Eluard; attraverso quest'opera di punta del movimento surrealista i due artisti rivendicano la loro libertà creativa. Bellissimo libro dartista in tiratura limitata di 650 copie numerate. La ns., 526, è molto ben conservata.
Sans lieu, Poètes, [n° 2, novembre 1941] 1 feuillet (320 x 460 mm) plié en 4 et 1 feuillet volant de bibliographie des oeuvres d'Eluard. Édition originale. Bien complet du feuillet volant présentant les œuvres d'Eluard, seul ou en collaboration, depuis 1918 - avec Le Devoir et l'inquiétude - jusqu'au Choix de poèmes, tout juste paru chez Gallimard en octobre).
Sur les pentes inférieures rassemble les premiers poèmes d’Éluard écrits sous le joug allemand, pendant l’hiver 1940-1941 au cours duquel, écrira-t-il après la guerre dans Au rendez-vous allemand, « nous restâmes, à cause du froid, un mois sans ouvrir les volets ». Ce sont les premiers à évoquer l’occupant, « rien que ténèbres en tête » ; la solitude, qui « prépare à la vengeance un lit d’où je naîtrai » ; et déjà la fraternité naissante des hommes en guerre, qui formeront bientôt « une foule enfi n réunie » selon les derniers mots du dernier poème. Cherchant à faire imprimer ses textes, Éluard, peut-être à la suggestion de son ami René Char dont Le Visage nuptial était sorti de ses presses en 1938, se tourne vers l’imprimerie Beresniak, fondée en 1912 par un émigrant juif de Galicie austro-hongroise, Abraham Lazare Beresniak. Présentés par Jean Paulhan, les poèmes d’Éluard sont publiés aux énigmatiques éditions La Peau de chagrin dans une série « Poètes » où prennent aussi place cette année-là Fernand Marc, introduit par René Lacôte, Pierre Guéguen et Jean Follain, présentés l’un et l’autre par Yanette Delétang-Tardif, et cette dernière, préfacée par Henri Mondor, avant que quatre autres titres ne soient publiés en 1942, consacrées à Thérèse Aubray, Jacques Audiberti, Maurice Betz et Eugène Guillevic. Sur les pentes inférieures est illustrée en tête d’un portrait inédit par Picasso qui l’a spécialement réalisé au cours d’une rencontre avec Éluard le 6 octobre 1941 ; et sa publication n’est pas sans risque puisqu’il expose le poète à être reconnu, peu de photos étant encore diffusés dans la presse à l’époque. Le tirage d’ensemble est ignoré ; celui de tête étant constitué de 36 exemplaires sur papier japon. Cette plaquette est le dernier titre publié pendant la guerre par l’imprimerie Beresniak, dont le gérant Léon Beresniak et deux de ses frères liés à l’imprimerie, Maurice et Wolf, trois des fi ls du fondateur qui décédera en 1943, sont arrêtés en décembre 1941 et déportés, ces deux derniers par le premier convoi parti de France le 27 mars 1942 ; le premier par le trente-cinquième, le 21 septembre 1942. Soumise à l’« aryanisation économique » en tant qu’« entreprise juive », l’imprimerie sera restituée après la Libération à Serge Beresniak, survivant de la fratrie, qui la gérera jusqu’à sa fermeture en 1975.
[Le Cannet], 19 janvier 1937. 1 page en 1 f. (160 x 250 mm), encre noire. Poème autographe signé. Éluard a inscrit la date sous sa signature : « chez René Char le 19-1-37 ».
« Entre la porte et le sommeil de ceux qui, tout à l’heure, ne voulaient pas dormir – remâchaient un murmure plein de petits os, autant de mots de passe dans une veille fluide – un peuple dénaturé perpétue la présence humaine. Voici le liseron, la capucine, le volubilis, frais échappés d’un déjeuner de soleil, de beaux cuirs usés, des fourrures animées, des étoffes à reflet, des chaises, des outils actifs, justifiés, l’aspirine et le fer à friser, le miroir et le paysage en forme de carte à jouer… » Ce poème sera intégré par Éluard dans le recueil Les Mains libres, qui a pour origine sa forte amitié avec Man Ray. L’œuvre est construite en deux parties inégales, précédées d’un frontispice (dessin d’introduction) et d’une préface du poète. La première partie comporte trente dessins et poèmes, la seconde vingt-quatre ; chacune des parties se clôt par un dessin-poème : « La liberté » et « Les amis ». Ce dernier est d’une importance cruciale, illustrant une valeur cardinale aux yeux de Man Ray comme d’Éluard. Son placement n’est pas anodin : c’est le dernier poème du recueil et le seul en prose, narratif, formé de deux strophes. Ce manuscrit nous apprend qu’il fut composé chez René Char, lorsque Paul et Nusch Éluard lui rendirent visite, au début de l’année 1937. Char est alors en convalescence, avec Georgette, à la villa Eden Park, au Cannet, quelques mois après une grave septicémie qui manqua de le tuer. Il signera peu après les pensées fulgurantes de Moulin premier, publiées en décembre 1936, avant de rejoindre la région cannoise où le couple Éluard les rejoint : « nous vécûmes ensemble dans l’improvisation et l’aisance de l’amitié une quinzaine de jours », raconte Éluard. C’est lors de ce séjour que seront aussi composés les deux poèmes qui formeront l’édition posthume du recueil homonyme publié en 1960 chez Jean Hugues.
Paris, [Les Cahiers d'Art, Christian Zervos], 1942. 1 vol. (175 x 230 mm) non paginé de [10] f. et 1 planche. Broché, chemise et étui demi-maroquin noir (Semet et Plumelle). Edition originale. Un des 53 exemplaires sur vélin d'Arches (n° 42), signé par Eluard et Laurens. Frontispice gravé par Henri Laurens.
Rien ne permet de dater avec certitude la composition ni la publication de cet ensemble de 7 poèmes, souvent tenu, sur la foi de l’achevé d’imprimer fallacieux du 3 avril 1942 de Poésie et Vérité 1942 dans lequel il est repris et de la présence attestée d’Éluard à Vézelay chez les Zervos au premier trimestre 1942, pour avoir été publié par les éditions Cahiers d’art à ce moment-là, voire dès le mois de janvier. Il est cependant peu probable que La Dernière Nuit ait été composé avant juin 1942 et, en tout cas, édité avant l’été. Jean-Charles Gateau affirme, sans citer de sources (Paul Éluard ou le frère voyant, p. 277), que ce serait en réaction aux exécutions les 23 et 30 mai des trois communistes fondateurs en février 1941 de La Pensée libre clandestine, Georges Politzer, Jacques Solomon et Jacques Decour, ce dernier aussi à l’origine des Lettres françaises avec Jean Paulhan, qu’Éluard aurait publié fin juin ce livre. Dans les deux lettres qu’il adresse à Louis Parrot les 20 et 28 août pour le prier de trouver un éditeur suisse à une série de poèmes « sous le titre Poésie et Vérité 1942 » dont il établit l’ordre, il parle d’ailleurs des « 7 poèmes de la dernière nuit qui vont paraître dans Poésie 42 » (ce qui ne sera pas le cas), dont « Seghers a une bonne copie » (Scheler, p. 148-152), et non de la publication aux Cahiers d’art, sans doute parce qu'il sait que son correspondant n’en dispose pas. À cette date en tout cas, l’ouvrage a déjà paru, comme l’attestent les envois du 9 juillet à Max Jacob sur les épreuves et du 1er août à Francis Poulenc sur son exemplaire (vente Ader du 20 juin 2017, lot 194). Il existe même un bon à tirer daté du 4 avril 1942 signé par Éluard sur la page de titre corrigée du livre, après laquelle ont été reliés les poèmes manuscrits d’« Écris plus vite », les épreuves corrigées de leur publication dans Messages et ceux de La Dernière Nuit, seuls publiés comme tels in fine (« Surréalisme et poésie contemporaine » [coll. Yves Breton], Hôtel Drouot, 1954, n° 140). Les poèmes, au ton offensif, sont clairement dirigés contre l’occupant : « Des hommes vont venir qui n’ont plus peur d’eux-mêmes / Car ils sont sûrs de tous les hommes / Car l’ennemi à figure d’homme disparaît. » Le refus fondateur d’Éluard, ouvrant la voie à la résistance littéraire clandestine, en son adéquat exemplaire n° 42.
<p>À travers une sélection d’une trentaine de poèmes de Paul Eluard, illustrés de dessins de Picasso, ce coffret rend hommage à ces deux immenses artistes du xxe siècle, à leur engagement pour la paix, universelle et plus que jamais nécessaire. « Lorsque se déroule dans ma mémoire le long film de l’œuvre de Picasso, je suis toujours frappé d’admiration par l’enthousiasme, le travail, l’incessant mouvement d’un homme dont le message restera, j’en suis persuadé, “le meilleur témoignage que nous puissions donner de notre dignité”. L’enthousiasme de Picasso ne se ralentit jamais. C’est sa force et son secret. Chaque pas en avant lui découvre un nouvel horizon. Le passé ne le retient pas ; le monde s’ouvre à lui, un monde où tout est encore à faire et non à refaire… « C’est ainsi que Picasso est lié à l’histoire éternelle des hommes. Tels sont les mots magnifiques et poignants de Paul Eluard pour dire son amitié à Pablo Picasso. Une amitié qui débute en 1935, lors de leur première rencontre et qui va durer seize ans, jusqu’à la mort d’Éluard, en 1952. Une amitié de toute une vie, créatrice, qui va engendrer une véritable émulation, une fraternité, un engagement. Entre ces deux hommes, tout converge : un même goût pour la poésie, l’art, une même vision de la création artistique, un même style de vie. Dès les années 1920, Paul Eluard collectionnait déjà des œuvres de Picasso, mais c’est au milieu des années 1930 que leur amitié s’affirme. Ils se retrouvent dans les actions collectives du mouvement surréaliste, partagent une même passion pour l’art moderne et la poésie, s’engagent contre le fascisme et pour la liberté des peuples, pour la paix. Cet engagement va nourrir la poésie d’Eluard et l’art de Picasso, dans un dialogue riche et ininterrompu : l’un écrit les plus beaux poèmes pour la paix, indissociables de ses poèmes d’amour, l’autre dessine des colombes dans de multiples variations. Car dans la Bible, cet oiseau annonce à Noé la fin du Déluge en lui apportant un rameau d’olivier. Sublime emblème de la paix, la colombe représente la fin du chaos. Cet engagement pour la paix et la liberté trouvera son ultime expression en 1951, lors de la publication du recueil Le Visage de la paix. À travers une sélection d’une trentaine de poèmes de Paul Eluard, illustrés de dessins de Picasso, ce coffret, rend hommage à ces deux immenses artistes du xxe siècle, à leur engagement pour la paix, universelle et plus que jamais nécessaire. « Je connais tous les lieux où la colombe loge Et le plus naturel est la tête de l’homme. « L’homme en proie à la paix se couronne d’espoir. « L’architecture de la paix Repose sur le monde entier. </p> Paris, 2018 Hazan 224 p., 2 volumes sous emboîtage. 19 x 24
Neuf
Paris Gallimard nrf 1946 In-12° (182 x 123 mm), 344 pp. - [1] f., cartonnage éditeur à décor réalisé d'après la maquette de Paul Bonet
BELLE PROVENANCE ET CURIEUX DESSIN. Seconde édition, augmentée par rapport à l'originale d'une vingtaine de poèmes, dont des poèmes de guerre. Un des 1000 exemplaires reliés d'après la maquette de Paul Bonet (celui-ci le n°20, corrigé 10 à l'encre) après 105 exemplaires sur vélin pur fil et 8 exemplaires sur papiers de couleurs. Envoi autographe signé à Louis et Denyse Parrot : « à Denyse et / Louis Parrot / à mes amis nécessaires, / toute ma plus grande affection / Paul Éluard » Sur le feuillet de faux titre portant l'envoi et sur le feuillet blanc en regard, un dessin maladroit, aux feutres vert, brun et rouge : il porte la signature « Paul », tout aussi maladroitement exécutée. Oeuvre d'un jeune imitateur ou... le poète se serait-il essayé à un dessin de sa main non-dominante ? S'il avait déjà fait paraître dès l'âge de 15 ans des poèmes de facture symboliste, Louis Parrot se distingue, en 1934, avec Misery Farm, recueil auto-édité dont il fait parvenir un exemplaire à Paul Éluard : ce dernier se dit admiratif. Ils se rencontrent deux ans plus tard en Espagne. Parrot, qui y a rejoint sa future épouse Denyse Faure, exerce comme lecteur à l'université de Madrid. Devenu bon hispanisant, il traduit notamment La Révolte des masses de José Ortega y Gasset, des poèmes de Pablo Neruda, et co-signe avec Éluard une traduction française de L'Ode à Salvador Dalí de Federico García Lorca. Revenu en France, Parrot s'engage pour la cause républicaine durant la guerre civile d'Espagne. Journaliste de la rubrique culturelle de L'Humanité, il y fait paraître le poème antifranquiste d'Éluard « Novembre 1936 ». Collaborateur de Ce soir dès sa fondation en 1937, il s'établit pendant l'Occupation à Clermont-Ferrand et participe à la Résistance comme correspondant, imprimeur et passeur, hébergeant notamment Éluard. Il fait paraître chez Senghers en 1944 une monographie consacrée à l'auteur des Poèmes pour la paix : il s'agit du premier numéro de la collection « Poètes d'aujourd'hui ». Bien complet du feuillet d'errata. Dos et pourtours des plats assombris.
Bel envoi à un compagnon de la première heure, disparu sur le front de Madrid pendant la guerre d'Espagne. Paris, Au sans pareil, (10 janvier) 1920. 1 vol. (140 x 200 mm) de 44 p. et [2] f. Demi-chagrin havane à coins, dos lisse, titre doré en long, tête cirée, couvertures conservées (reliure signée de Flammarion-Vaillant). Édition originale. Illustré de 5 dessins hors-texte d'André Lhote. Un des 550 exemplaires sur vélin d'alfa (n° 243). Envoi signé : « Noll, dormez tout doucement, Paul Éluard ».
Les Animaux et leurs hommes est le premier recueil de Paul Éluard où se manifeste l'influence de Dada, rédigé quelques mois après sa rencontre avec André Breton ; il marque sa véritable entrée dans le groupe Dada parisien et constitue son premier manifeste littéraire. L'exemplaire est offert à un compagnon es-lettres, Marcel Noll auquel Éluard avait déjà offert trois ans plus tôt Le Devoir et l'Inquiétude, avec cet envoi déjà onirique : « à Marcel Noll, pour que la phrase prédominante s'abaisse au silence ». Le personnage reste pourtant mystérieux : partout présent dans les premières manifestations du mouvement surréaliste, il collabore aux revues publiées par le groupe, puis à L'Humanité. Avec Breton et Éluard, il était très lié à Denise Lévy (future compagne puis épouse de Pierre Naville) - la cousine de Simone Kahn, qu'épousera Breton en août 1921 -, dont il était éperdument amoureux. Marcel Noll est très présent dès 1922 dans le cercle d'amis qui fréquentent l'atelier de Simone et André Breton, qui écrivent et voyagent ensemble. Une notice de Marguerite Bonnet, pour les notes de l'édition Pléiade, énumère la collaboration de Noll à La Révolution surréaliste (n° 1, déc. 1924, à laquelle on doit ajouter celles des 15 juil. 1925, 15 juin et 1er déc. 1926) et son rôle de gérant de la Galerie surréaliste en 1926. Dix ans plus tard, Noll « aurait disparu en Espagne durant la guerre civile » (Pléiade, p. 1194-95). Aragon lui a dédié le chapitre III du Paysan de Paris (1926) ; Breton, le poème « L'Aigrette » dans Clair de terre et, dans Nadja (1928) Breton se rend un jour de 1926 « avec Marcel Noll au ‘marché aux puces' de Saint-Ouen... ». Curieusement, pour la réédition de Nadja en 1962, Breton supprimera son nom dans ce passage ! La notice du Maîtron, le Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier, indique ceci : « Noll est entré jeune en contact avec Breton et Éluard par l'intermédiaire de Denise Lévy, née Kahn, amatrice d'art, qui habitait comme lui Strasbourg (Haut-Rhin) et était une cousine de Simone Breton. Le nom de Noll apparaît au sommaire de la revue La Révolution surréaliste dès le premier numéro (1924). Journaliste, il écrit et signe parfois (en 1925) la revue des revues dans les colonnes de L'Humanité. Faisant du courtage de tableaux, il exerça des responsabilités à la Galerie surréaliste qui avait été ouverte en mars 1926. Il travailla plus tard à L'Humanité de Metz, édition en langue allemande. Dans une lettre à Breton de 1932, il indique qu'il y donne des échos de l'activité surréaliste. [...] mort le 5 janvier 1937 sur le front de Madrid. »
Le grand recueil poétique de Paul Eluard.L'exemplaire de Man Ray avec envoi. Paris, Gallimard, (19 mars) 1929. 1 vol. (120 x 190 mm) de 133 p. et [1] f. Bradel toile bleu clair, titre à l'œser, tête cirée, couvertures et dos conservés (reliure signée de M.-P. Trémois). Édition originale. Un des exemplaires imprimés du service de presse. Envoi signé : « à Man Ray, amicalement, Paul Éluard ».
Magnifique provenance sur le « livre sans fin », dédié à Gala, au moment où Man Ray commence sa relation amoureuse avec Lee Miller. Tous ne se quitteront plus, jusqu'aux étés de la Garoupe, où les couples Nusch et Paul Éluard, Man Ray et Ady Fidelin, Roland Penrose et Lee Miller, Pablo Picasso et Dora Maar passeront trois étés « chaleureux ». Éluard et Man Ray s'associeront en 1936 pour Facile, avant que Man Ray n'illustre l'année suivante Les Mains libres. Après la période américaine, Man Ray ne reviendra en France que peu de temps avant la mort d'Éluard et, malgré tout, collaboreront à nouveau. Man Ray a fait monter en tête de l'ouvrage un exemplaire sur papier rose d'À toute épreuve, publiée aux Éditions Surréalistes en 1930. « Trémois » est absent du Fléty, mais il s'agit probablement du nom de la galerie M.-P. Trémois de Madeleine et Paul Trémois, avenue Rapp, qui fut active jusqu'en 1932. On connaît deux autres exemplaires de la bibliothèque de Man Ray reliés à l'identique : l'un pour Le Point du jour, dédicacé par Breton ; l'autre par Aragon dans son Traité du style. Il est probable que le commanditaire soit Man Ray lui-même, et que sa bibliothèque le suivra aux États-Unis, où il repart en 1940, jusqu'en 1951. Le volume contient une fiche ancienne d'une librairie américaine - où l'exemplaire est catalogué -, datée « NY 1950 » : Man Ray, avant son retour à Paris, aurait donc vendu tout ou partie de ses ouvrages sur place. L'exemplaire aurait sans doute été acquis alors par l'ambassadeur de France à New York, Henri Hoppenot. Il restera ensuite dans la bibliothèque du diplomate, dont il provient. Exemplaire en simple reliure d'époque ; quelques rousseurs sur l'exemplaire d'À toute épreuve ; dos du cartonnage passé. Provenance : Man Ray (envoi) ; Henri Hoppenot (vente, Paris, 2024).