CONSTANTINESCU (Miron), Constantin DAICOVICIU, Stefan PASCU.
Reference : 14650
(1970)
Roanne, Editions Horvath, 1970, gr. in-8° carré, 503 pp, préface de Georges Castellan, 30 planches de gravures et photos et 7 cartes hors texte, glossaire, chronologie, sources et biblio, index, reliure toile éditeur, jaquette illustrée, bon état (Coll. Histoire des Nations européennes)
"Nos lecteurs connaissent déjà l'existence de cette collection de manuels d'histoire européenne qui s'enrichit d'année en année de nouveaux ouvrages tout à fait remarquables. L' "Histoire de la Roumanie" est d'autant plus intéressante qu'elle est généralement mal connue du lecteur français. Cette synthèse de première main qui rassemble les conclusions d'un quart de siècle de recherches met en particulier en relief comment ont pu se former le peuple roumain et la langue roumaine durant le millénaire qui sépare l'évacuation de la Dacie par Aurélien en 271, de l'apparition des organisations étatiques au XIIIe s. Continuité étonnante d'une langue, d'une culture et d'une âme européennes, forgées dans une incessante lutte d'avant-garde, au sud-est de l'Europe, d'abord contre les peuples des steppes, puis face aux Ottomans. Faire un exposé synthétique de cette histoire « à la lumière de la conception matérialiste historique » comportait quelque risque d'obnubilation en certains secteurs fondamentaux ; le rôle par exemple de l'Eglise y est trop discrètement mentionné, car il fut certainement plus déterminant que le développement des forces productives ou la lutte des classes pour la prise de conscience nationale. Les auteurs: C. Daïcoviciu, spécialiste de l'histoire des Daces, S. Pascu, médiéviste, M. Constantinescu, sociologue engagé dans le mouvement ouvrier, ont par leur probité et leur haute compétence pallié les inconvénients d'une méthode réductrice et rendu raison du défi à la philosophie du pur devenir que représente la permanence de cet îlot de latinité au milieu d'une mer slave. La nature c'est le cadre géographique de la Dacie romaine, cet espace carpato-danubien où la chaîne de montagnes, loin de constituer un mur de séparation, est une véntable colonne vertébrale et, par ses cols nombreux et d'accès facile, une voie d'échanges entre les habitants des trois régions principales: Transylvanie, Valachie et Moldavie ; c'est aussi la population essentiellement daco-romaine, enracinée dans le terroir par son activité agricole ou pastoralo-agraire et soudée par sa communauté de langue : le latin. L'aventure ce sont les vagues successives d'étrangers qui au cours des siècles de formation de l'Etat ont recouvert en partie ou en entier le territoire : tantôt ils ont imposé une domination éphémère (Goths, Huns, Gépides, Avars) ; tantôt, établis massivement, tels les Slaves entre le VIle et XIe s., ils ont été vite assimilés à l'ethnie et à la culture originelles, formant bientôt un front commun contre les nouvelles vagues d'envahisseurs (Petchenègues, Coumans, Magyars, Mongols) ; à l'époque moderne la tutelle oppressive des empires (austro-hongrois, ottoman... ) n'a pu étouffer l'aspiration à l'unité qui au seuil de l'époque contemporaine prend corps dans l'élection d'Alexandru Ioan Cuza, en 1859, comme chef unique des principautés de Moldavie et de Valachie, ce qui représente « l'acte de naissance de l'Etat national roumain moderne » (p. 273) ; il faudra toutefois attendre l'union de la Transylvanie à l'automne de 1918 pour que soit achevé l'Etat national roumain, proclamé République populaire le 30 décembre 1947." (Revue Thomiste)