Poulet Malassis & De Broise | Paris 1857 | 12 x 18.7 cm | relié sous étui
Édition originale, imprimée sur vélin dAngoulême, avec les coquilles habituelles et comportant les six poèmes condamnés, un des quelques exemplaires remis à lauteur et « destinés à des amis qui ne rendent pas de services littéraires ». Reliure en plein maroquin lie-de-vin, dos à cinq nerfs orné de multiples filets estampés à froid, couvertures dites de troisième état, plats encadrés de multiples filets estampés à froid, gardes et contreplats de papier marbré, dentelle intérieure dorée, toutes tranches dorées, étui de papier marbré bordé de maroquin, reliure signée Semet et Plumelle. Précieux exemplaire enrichi dun envoi autographe signé de lauteur à lencre sur la page de dédicace, adressé à Paul Meurice, dramaturge, journaliste et très proche collaborateur de Victor Hugo : « À Paul Meurice, témoignage damitié. Ch. Baudelaire » avec des corrections autographes de lauteur à la dédicace imprimée et à quatre poèmes : À la dédicace : deux corrections au crayon aux derniers mots de la première ligne. Baudelaire ajoute un pluriel à « ès langues françaises », « es » étant, en effet, la contraction de « en les ». Surprenante correction syntaxique au détriment de la cohérence que lauteur modifiera en 1861 par « Magicien es Lettres Françaises ». « La muse vénale », page 29 : une correction à lencre au dernier mot du dernier vers du premier tercet. « GuèreS » : une des premières coquilles corrigées par Baudelaire, qui lui avait pourtant échappé sur les épreuves, comme dailleurs la suivante. « Le chat », page 110 : une correction à lencre, au deuxième vers du sixième quatrain, « au » devient logiquement « un ». « Don Juan aux enfers », page 43 : trois corrections à lencre, au troisième vers du troisième tercet. La première, pourtant simple coquille, « errantS » avait déjà tourmenté Baudelaire sur les épreuves. Mais sa correction dalors navait pas été répercutée. Les deux autres, « les rivages », ne sont pas des corrections orthographiques mais constituent lune des deux premières variations poétiques, absente de la plupart des exemplaires offerts, annonçant la prochaine réécriture complète des Fleurs et la nouvelle édition originale de 1861. « Le reniement de Saint Pierre », page 217 : une correction au crayon au quatrième vers du deuxième quatrain. Le « D » qui remplace le « C » de « Cieux » est souligné trois fois. Pourtant, cest exactement linverse que nous dévoilent les épreuves, « Les Dieux » était alors corrigé par un « C » également énergiquement souligné ! Repentir anticlérical ou altérante allitération ? Cette correction, présente sur de rares exemplaires, attirera lattention du poète sur une autre coquille, restée intacte sur notre exemplaire, quil corrigera sur les envois tardifs : « au X doux bruit ». Baudelaire a également inscrit un large « C » au crayon, p. 52, 73, 91, 187, 191 et 206, en tête des six poèmes condamnés le 20 août 1857 à être expurgés des exemplaires en librairie. Il a reporté ce même « C. » sur la table des matières en regard des 6 titres incriminés : Les Bijoux, Le Léthé, À celle qui est trop gaie, Lesbos, Femmes damnées : À la pâle clarté et Les Métamorphoses du vampire. Soit en tout, 20 interventions autographes de Charles Baudelaire. * Lami prodigieux Cette exceptionnelle dédicace manuscrite de Charles Baudelaire à Paul Meurice, frère de substitution de Victor Hugo, porte le rare témoignage du premier échange entre les deux géants de la littérature française. Lhistoire ne retiendra en effet que quatre interactions majeures entre Charles Baudelaire et Victor Hugo : après une précoce mais médiocre entrevue en 1840 à la demande dun Baudelaire lycéen, le don des Fleurs du Mal, constituera la première rencontre réussie entre les deux poètes. Elle sera suivie, deux ans plus tard de la préface-controverse de Hugo sur Théophile Gautier. Enfin, en 1865, Baudelaire sollicitera une dernière fois Hugo afin de le faire intercéder auprès de Lacroix et Verboeckhoven, en vain. Quatre
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