P., E. Dentu, 1879, in-8°, iv-532 pp, reliure demi-veau glacé fauve, dos lisses, filet à 5 nerfs filetés soulignés de doubles filets dorés, pièce de titre basane aubergine, filets à froid sur les plats (rel. de l'époque), pt accroc au 1er plat, bon état
"« Où est l’Ennemi? » Sous ce titre piquant a paru ces jours derniers une étude politique et religieuse du plus vif intérêt. L’auteur n’a pas livré son nom à la publicité. Aussi bien, était-ce inutile, car il n’est personne ayant suivi les brillantes discussions de l’Assemblée nationale qui ne retrouve dans ces pages émues, pleines de verve et d’originalité, la méthode et l’allure de l’un des plus jeunes membres de cette assemblée, qui fut un instant l’enfant gâté du parti conservateur. Après avoir lu ce livre, on éprouve un sentiment étrange. – On voudrait partir en guerre ; on se sent prêt au combat. L’ennemi est si clairement démasqué, ses procédés malhonnêtes apparaissent avec tant de clarté que l’on a envie de lui courir sus. Inutile d’ajouter que l’ennemi, c’est le radicalisme. « J’ai cherché, dit l’auteur, qui avait tort, des catholiques accusés de trahir la France et de violer ses lois, ou de ceux qui profèrent ces accusations. » Dans cet examen très approfondi, très détaillé, aucune trace de passion religieuse. C’est avant tout au point de vue politique que s'est placé l’écrivain, et c’est en politique qu’il traite les questions délicates et scabreuses de son livre. (...) Où notre approbation est entière, c’est lorsque l’auteur examine et critique les moyens à l’aide desquels le radicalisme moderne entend déraciner l’idée chrétienne en France. La philosophie de ce parti, sa doctrine politique et sociale qu’il appelle « la doctrine du Dieu-État, » y sont fustigées de main de maître, avec une vigueur à laquelle, hélas ! les conservateurs sont trop rarement habitués. Mais c’est surtout quand il entre dans les détails, lorsqu’il nous révèle les prétentions du parti en ce qui concerne la suppression du budget des cultes, des ordres religieux, de la liberté religieuse du citoyen et de la liberté d’enseignement, que la lecture de ce livre devient d’un haut intérêt. L’ennemi apparaît avec toutes ses ruses, avec sa mauvaise foi, et par-dessus tout avec l’horreur de cette liberté dont il a cependant toujours le mot sur les lèvres. Il y a profit à la lecture de ces pages. Les amis de l’Église, au milieu de critiques sévères et parfois injustes, pourront y puiser de solides arguments à opposer à leurs adversaires Les ennemis du radicalisme y verront ce parti traité comme il le mérite. Tout le monde y goûtera l’esprit et le talent." (Le Correspondant, 1879)