Paris, Poulet-Malassis, 1862. In-8 de [2]-XII-[2]-350-[2]p. demi-percaline chocolat à la Bradel, dos lisse orné d'un fleuron doré, pièce de titre en maroquin prune, premier plat de couverture conservé, coins à peine frottés.
Édition originale du premier livre de Léon Cladel, et de l'importante préface de douze pages de Charles Baudelaire. Selon le témoignage de l'auteur, rapporté par sa fille Judith Cladel, Baudelaire aida à mettre en forme le roman, qui manquait de style et de syntaxe: “Huit mois durant, il daigna me pétrir de ses mains savantes et me rendre ductile et modéré, mois si dur de pâte et si violemment excessif... ” (Maître & Disciple, Paris, 1951, cité par G. Oberlé). L'éditeur: "Les Martyrs ridicules ont été entièrement remaniés et refaits sur les indications de Baudelaire. Je doute même que la collaboration n'ait pas été plus loin". (Poulet-Malassis; Bulletin du Bibliophile, avril 1923). De là à considérer ce texte comme le seul roman de Baudelaire il n'y a qu'un pas. On joint à l'exemplaire un poème manuscrit autographe de Léon Cladel dédicacé "A mon ami Alphonse Daudet" intitulé Palinodia, signé et daté du 5 janvier 1868. Il semble avoir été publié dans La Plume en 1892. Sans le faux-titre. Le tirage en a été limité à 500 exemplaires et un seul exemplaire sur Wathman, pour Baudelaire. Vicaire II, 402. Du lundi 9 au mardi 17 juin nous ne serons pas en mesure de répondre aux commandes en raison de notre participation au Salon du livre rare de Paris qui se tiendra au Carreau du Temple du 13 au 15 juin. Retrouvez-nous au stand C 24 ! From Monday, June 9th to Tuesday, June 17th, we will not be able to fulfill orders due to our participation in the Paris Rare Book Fair, which will be held at the Carreau du Temple from June 13th to 15th. Find us at stand C 24!
Bruxelles, chez l'Éditeur Henry Kistemaeckers, 186. In-12 broché de [4]-321-[3] pages.
Seconde édition, imprimée sur papier bleuté, avec un avis de Léon Cladel en préambule qui semble désapprouver cette publication, ce "volume, tombé dans le domaine public, reparaît à présent, bien malgré nous. […] et nous voici l'obligé de qui nous désoblige en tirant ce bouquin de l'ombre où nous eussions désiré qu'il restât enseveli."Selon le témoignage de l'auteur, rapporté par sa fille Judith Cladel, Baudelaire aida à mettre en forme le roman, qui manquait de style et de syntaxe: “Huit mois durant, il daigna me pétrir de ses mains savantes et me rendre ductile et modéré, mois si dur de pâte et si violemment excessif... ” (Maître & Disciple, Paris, 1951, cité par G. Oberlé). L'éditeur: "Les Martyrs ridicules ont été entièrement remaniés et refaits sur les indications de Baudelaire. Je doute même que la collaboration n'ait pas été plus loin". (Poulet-Malassis; Bulletin du Bibliophile, avril 1923). Un poème intitulé "Mon Ane", extrait d'une ancienne revue, est collé sur la page de titre, avec l'inexorable marque due au papier de piètre qualité. Mais le poème est sympa, et il n'est pas inutile de préciser que l'auteur avait une passion pour les ânes, bardots, et autres bourricots. Du lundi 9 au mardi 17 juin nous ne serons pas en mesure de répondre aux commandes en raison de notre participation au Salon du livre rare de Paris qui se tiendra au Carreau du Temple du 13 au 15 juin. Retrouvez-nous au stand C 24 ! From Monday, June 9th to Tuesday, June 17th, we will not be able to fulfill orders due to our participation in the Paris Rare Book Fair, which will be held at the Carreau du Temple from June 13th to 15th. Find us at stand C 24!
Paris,Editions d'Art Pelletan,1930 ;fort et grand in-8°,broché de 2ff.,464pp.,1f.;quelques jaunissures à une vingtaine de feuillets.Tirage limité à 750 exemplaires numérotés,celui-ci 1 des 700 sur vélin.
Portrait de Baudelaire par J.L.Perrichon d'après Courbet,vignettes dans le texte de P.-E.Vibert.Ce volume complet des "Curiosités Esthétiques" forment le tome 8 des Œuvres de Baudelaire parues chez Pelletan. (GrG)
Paris, H. Blanchetière, éditeur-relieur d'art, 1927. In-4 broché de 58 pages, couverture de papier parcheminé, rempliée.
Illustré de sept eaux-fortes de May Den Engelsen. Tiré à 120 exemplaires numérotés, celui-ci un des 107 sur vélin de Montval (107) signé par l'artiste, dont le compagnon était Frans de Geetere. May den Engelsen a illustrée plusieurs textes érotiques à caractère lesbien. "The prints of Den Engelsen's for Baudelaire's Pièces Condamnées [] are interesting for the story they tell. The artwork is similar to that of her husband and quite disturbing in its decadence, with a shared nod to the Symbolists such as Odilon Redon and Ferdinand Khnopff, but very much of its Modernist time" (Sandra Jane Smith, "La Vie Bohème: May den Engelsen 1927 illustrations to Baudelaire's Les Fleurs du Mal", 2016, sur son blog sandrajanesmith.wordpress.com. Petit accroc au dos. Du lundi 9 au mardi 17 juin nous ne serons pas en mesure de répondre aux commandes en raison de notre participation au Salon du livre rare de Paris qui se tiendra au Carreau du Temple du 13 au 15 juin. Retrouvez-nous au stand C 24 ! From Monday, June 9th to Tuesday, June 17th, we will not be able to fulfill orders due to our participation in the Paris Rare Book Fair, which will be held at the Carreau du Temple from June 13th to 15th. Find us at stand C 24!
Guy Lévis Mano, Collection Sources, n° 2, 1939. Broché, couverture beige imprimée, non coupé. 16,5 x 12 cm.
En frontispice un portrait de Baudelaire par Marcoussis reproduit au trait. Tirage à 1365 exemplaires, n°8 des 15 de tête sur Japon Impérial. [211]. Du lundi 9 au mardi 17 juin nous ne serons pas en mesure de répondre aux commandes en raison de notre participation au Salon du livre rare de Paris qui se tiendra au Carreau du Temple du 13 au 15 juin. Retrouvez-nous au stand C 24 ! From Monday, June 9th to Tuesday, June 17th, we will not be able to fulfill orders due to our participation in the Paris Rare Book Fair, which will be held at the Carreau du Temple from June 13th to 15th. Find us at stand C 24!
BAUDELAIRE Charles; SAINTE-BEUVE; MUSSET Alfred de; MOUQUET Jules (intr. et notes):
Reference : 7556
(1933)
Paris, Mercure de France, 1933. Petit in-8 broché de 155-[4] pages, couverture imprimée. Petite tache au premier plat se reportant au contreplat et sur la première garde.
Illustré de 3 poèmes de Charles Baudelaire en fac-similé autographe. Tirage total à 76 exemplaires, celui-ci un des 66 exemplaires numérotés sur pur fil Lafuma (21), de l'édition originale de ces poèmes bilingues latin-français. Du lundi 9 au mardi 17 juin nous ne serons pas en mesure de répondre aux commandes en raison de notre participation au Salon du livre rare de Paris qui se tiendra au Carreau du Temple du 13 au 15 juin. Retrouvez-nous au stand C 24 ! From Monday, June 9th to Tuesday, June 17th, we will not be able to fulfill orders due to our participation in the Paris Rare Book Fair, which will be held at the Carreau du Temple from June 13th to 15th. Find us at stand C 24!
Paris, Michel Lévy Frères, Librairie Nouvelle, 1873 ( la couverture porte 1872) ; grand in-18° broché, couverture bleu pale imprimée en noir; ( 4), 440pp.Petite étiquette de classement au 1er plat, ex -libris manuscrit au 1er plat et au titre.Dos de la couverture un peu jauni, petite trace de mouillure dans la marge supérieure de quelques feuillets, sinon intérieur très frais.
Ce Volume II des Oeuvres Complètes de Charles Baudelaire, de la Collection " Bibliothèque contemporaine ", renferme : Les Salons de peinture de 1845 à 1859. De l'essence du Rire. Quelques Caricaturistes français. Quelques caricaturistes étrangers. ( GrG)
Paris,Jean de Bonnot,1978 ;in-8°,pleine basane havane,décor à froid,titre et uateur doré au dos,tête dorée;247pp.,147pp.,18ff.nch.;plats de la reliure un peu éclaircis,sinon bon état.
Illustré de reproductions de gravures de Félicien Rops .(Gr)
1922 Paris, Editions de Banderole, 1922; grand in-8, broché de (3) ff. -168pp. - (1)f. Illustrations dans et hors texte en noir de Louise Hervieu gravées par Schutzenberger. Couverture gris- rosé très pâle, imprimée en rouge et noir au 1er plat et dos, vignette en noir au dos et 2e plat.
Tirage à 441 exemplaires, celui-ci 1 des 400 exemplaires sur vélin teinté de pur fil (4e papier). Très bon exemplaire. ( Reu-Bur)
1892 Paris, Lemerre, 1891 - 1892; 2 forts volumes petit in-12, de ( 4) - 481pp. ( 1f). ; (4) - 484pp. - (1). f. ; demi-chagrin beige à coins, double filet doré soulignant mors et coins, dos à nerfs orné de petits fers dorés dans des caissons de double filet doré, auteur et titre dorés sur 2 étiquettes de maroquin rouge, tête dorée, couverture conservée.
Ces volumes font partie des Oeuvres complètes de Baudelaire, parues dans la Collection " Petite bibliothèque littéraire" publiées par Lemerre.Chagrin foncé aux dos, les couvertures conservées ont jauni quelques traces sur le papier des plats, petit manque de papier à la 1ère garde du 1er volume, mais bon exemplaire, plaisamment relié. (CO2)
1944 Le Cheval de Bois, 1944; in- 4°en feuilles, couverture rempliée crème illustrée en noir et ocré avec titre en grenat, chemise cartonnée et étui illustrée en couleurs de tête de femmes de Grau Sala, titre en noir sur beige au dos de la chemise cartonnée ; 62- (1)pp., (2)ff. Illustré de 21 lithographies en couleurs, 1 pour la couverture, 1 en frontispice et 19 dans le texte. Tirage total à 50 exemplaires + 15 exemplaires de collaborateur, ici n° 44 , 1 des 30.
Edition établie par Grau Sala et Raymond Jacquet pour la typographie, les lithographeis de Grau Sala sont tirées par Edmond Desjobert. Bel exemplaire. (Reu-CH1)
Paris, Gallimard, coll. Albums de la Pléiade, 1974. In-12 de 315-[5] pages, pleine peau dorée à l'or fin, jaquette illustrée, rhodoïd, étui de carton gris.
416 illustrations in-texte en noir. Edition originale hors-commerce de ce 13e volume de la collection. L'un des plats de l'étui neutre est un peu insolé, pour le reste exemplaire en très belle condition. Du lundi 9 au mardi 17 juin nous ne serons pas en mesure de répondre aux commandes en raison de notre participation au Salon du livre rare de Paris qui se tiendra au Carreau du Temple du 13 au 15 juin. Retrouvez-nous au stand C 24 ! From Monday, June 9th to Tuesday, June 17th, we will not be able to fulfill orders due to our participation in the Paris Rare Book Fair, which will be held at the Carreau du Temple from June 13th to 15th. Find us at stand C 24!
Paris, Editions de la Grenade, 1927. Grand in-8 broché non paginé, couverture sable rempliée imprimée sobrement en noir, dos muet. Très belle condition.
Comme indiqué au titre, illustré d'un dessin inédit de...l'auteur! Habile supercherie entièrement due à Pasacl Pia, jusqu'aux "notes rigoureusement inexactes imaginées par Pia" [Marie Michèle Battesti-Venturini]. Edition originale au tirage limité à 150 exemplaires numérotés, celui-ci un des 125 sur vélin de Rives (118). Du lundi 9 au mardi 17 juin nous ne serons pas en mesure de répondre aux commandes en raison de notre participation au Salon du livre rare de Paris qui se tiendra au Carreau du Temple du 13 au 15 juin. Retrouvez-nous au stand C 24 ! From Monday, June 9th to Tuesday, June 17th, we will not be able to fulfill orders due to our participation in the Paris Rare Book Fair, which will be held at the Carreau du Temple from June 13th to 15th. Find us at stand C 24!
Paris,Michel Lévy,1868 ; grand in-18°, broché, couverture vert pâle imprimée de l’époque ; 2ff.,280pp. La couverture porte "Deuxième édition ".
2ème plat de la couverture en partie salie (tache grisâtre), infimes manques de papier au dos, piqûres inégales. Exemplaire correct. ( GrD)
Paris, Michel Lévy Frères, Librairie Nouvelle, 1885( la couverture porte 1891) ; grand in-18° broché, couverture jaune imprimée en noir; ( 4), 442pp.Petite étiquette de classement au 1er plat, ex -libris manuscrit au 1er plat et au titre.Petite rongeure en marge du 2ème plat de la couverture et des 5 derniers feuillets sans aucune atteinte au texte, pale trace de mouillure dans la marge supérieure des premiers feuillets
Ce Volume III des Oeuvres Complètes de Charles Baudelaire, de la Collection " Bibliothèque contemporaine ", renferme : L'Oeuvre et la Vie d' Eugène Delacroix. peintures murales d'Eugène Delacroix. Le peintre et la Vie Moderne. Peintres et aqua-fortistes. Vente la collection de M. E. Piot. L' art philosophique. Morale du joujou. Théophile Gautier. PIirre Dupont. Richard Wagner et Tannhauser. Conseils aux jeunes littérateurs. Les Drames et les Romans honnêtes. Réflexions sur mes contemporains. Critiques littéraires. ( GrG)
Honfleur 28 février 1859 | 13.10 x 20.50 cm | 3 pages sur un feuillet remplié
Précieuse lettre autographe signée de Charles Baudelaire à Auguste Poulet-Malassis, éditeur des Fleurs du Mal, datée du 28 février 1859 et écrite à Honfleur. 64 lignes à l'encre noire, quelques passages soulignés, présentée sous une chemise en demi-maroquin noir moderne. Baudelaire semble obsédé par «?l'affaire Sainte-Beuve/Babou?». Il s'agit d'une des innombrables querelles qui suivirent le procès des Fleurs du Mal, dans laquelle l'écrivain Hippolyte Babou accuse Sainte-Beuve de ne pas avoir pris la défense de Baudelaire lors du procès. Des passages de cette lettre furent cités par Marcel Proust dans son célèbre Contre Sainte-Beuve, déplorant la lâcheté de Sainte-Beuve dans l'affaire du procès des Fleurs du Mal et l'attachement immérité que Baudelaire portait à l'écrivain. * Le poète écrit à son éditeur de Honfleur, où il s'est retiré depuis janvier auprès de sa mère, figure sacrée «?qui hante le cur et l'esprit de son fils?». La lettre est écrite huit jours après un autre rebondissement dans l'affaire du procès des Fleurs du mal. Baudelaire, en proie à des sentiments complexes, se confie à Malassis alors que le 20 janvier, son ami Hippolyte Babou avait attaqué Sainte-Beuve dans un article de La Revue française. Il l'accusait de ne pas avoir défendu Baudelaire lors du procès du recueil?: «?Il glorifiera Fanny [d'Ernest Feydeau], l'honnête homme, et gardera le silence sur Les Fleurs du Mal?» écrivit-il. Car malgré les prières de Baudelaire, Sainte-Beuve n'avait finalement jamais publié d'article défendant Les Fleurs du Mal. À la suite de cette attaque de Babou, Baudelaire reçut une «?lettre épouvantable?» de Sainte-Beuve?: «?Il paraît que le coup [...] avait frappé vivement [Sainte-Beuve]. Je dois lui rendre cette justice qu'il n'a pas cru que je puisse insinuer de telles choses à Babou?». Bien qu'indigné par de telles accusations, Sainte-Beuve n'en tint pas Baudelaire responsable. La virulence dont fait preuve Sainte Beuve étonne Baudelaire, qui déclare à Poulet-Malassis?: «?Décidément, voilà un vieillard passionné avec qui il ne fait pas bon se brouiller [...] Vous ne pouvez pas vous faire une idée de ce que c'est que la lettre de Sainte-Beuve. Il paraît que depuis douze ans il notait tous les signes de malveillance de Babou?». Baudelaire assiste, impuissant, à la querelle entre deux hommes estimés, et témoigne surtout de son attachement à Sainte-Beuve, qui est mis en danger par l'article de Babou?: «?Ou Babou a voulu m'être utile (ce qui implique un certain degré de stupidité), ou il a voulu me faire une niche; ou il a voulu, sans s'inquiéter de mes intérêts, poursuivre une rancune mystérieuse?». Baudelaire vouait en effet une admiration sans bornes à «?l'oncle Beuve?», sénateur, académicien et maître incontesté de la critique, dont l'avis faisait loi dans les cénacles littéraires parisiens. Il guettait depuis des années un encouragement officiel de Sainte-Beuve, qui aurait conforté sa carrière chancelante, entachée par le scandale des Fleurs du Mal. Le poète se trouve donc tiraillé entre sa vénération pour Sainte-Beuve et son amitié de longue date pour Hippolyte Babou qui, selon la légende, lui aurait suggéré le titre Les Fleurs du Mal. Il confie son désarroi à Poulet-Malassis?: «?Ce qu'il y avait de dangereux pour moi là-dedans, c'est que Babou avait l'air de me défendre contre quelqu'un qui m'a rendu une foule de services?». On peut se demander à quels services Baudelaire pouvait faire référence, sachant que Sainte-Beuve fit en somme assez peu pour sa carrière. Cette lettre fut citée dans le Contre Sainte-Beuve, célèbre et terrible réquisitoire de Marcel Proust publié à titre posthume en 1954. Proust y accuse Sainte-Beuve de méconnaître l'incontestable génie poétique de Baudelaire, et souligne sa lâcheté durant le procès des Fleurs du Mal. En effet, afin de protéger ses fonctions sénatoriales, Sainte-Beuve n'avait rien écrit en faveur de Baudelaire à l'exception d'un «?plan de défense dont l'avocat était autorisé à
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Paris, 6 juin, 1855. Une page manuscrite (230 x 178 mm), à l’encre brune sur un double-feuillet, avec adresse, timbre et cachet postal au dos. Traces de pliures anciennes.
Lettre autographe inédite. Cette lettre autographe d’une page signée “Ch. Baudelaire” est intéressante à plus d’un titre. Le poète indique à l’un de ses créanciers, M. Templier, que le rachat d’une créance due par lui ne donne pas de droits à disposer des œuvres du poète: «La question est mal posée. Je me suis engagé envers M. Lecou à fournir un volume à mon choix, non au sien, ni à plus forte raison au vôtre, vous qui n‘êtes que l’héritier d’une créance». La lettre est mentionnée dans la Correspondance générale [de Baudelaire] recueillie, classée et annotée par M. Jacques Crépet, Un document relatif à la publication des Histoires extraordinaires de Poe. À l’affût des nouveautés, Victor Lecou (né en 1801) était l’éditeur des Illuminés de Gérard de Nerval et de la Revue de Paris, dans laquelle Baudelaire publia sa première grande étude sur Poe. En 1952, Lecou avait misé sur une traduction de Poe, annoncée sous presse dans ses catalogues de mars et de mai 1853. Le contrat d’édition passé avec Baudelaire donnait à l’éditeur «le droit d’imprimer à quinze cents exemplaires et passes doubles dans le format in-18 anglais un volume intitulé Histoires extraordinaires et traduit de l’américain d’Edgar Allan Poé [sic].» Le poète devait toucher 300 francs à la remise du manuscrit. La publication prit cependant du retard – Baudelaire était alors harcelé par ses créanciers, – et le contrat fut annulé. Claude Pichois note dans son Dictionnaire Baudelaire que Victor Lecou «semble avoir été l’un des éditeurs vraiment cultivés de son époque, mais il ne disposait pas d’un financement assez important pour lutter contre des maisons comme Hachette et Larousse. En 1855, il céda son fonds au premier nommé.» Lorsque Hachette refusa de publier Baudelaire. Il semble que ce soit Émile Templier (1821-1891), le gendre de Louis Hachette, qui reprit l’affaire avec Baudelaire. Notre lettre laisse entrevoir des relations plus que froides entre les deux hommes, dont nous avons au moins un autre témoignage. En 1906, Eugène Crépet mentionne en effet dans ses souvenirs une visite à Émile Templier, en compagnie de son ami: «Je dus notamment une fois, sur sa prière, l’accompagner chez Templier, gendre d’Hachette, auquel il faisait une visite diplomatique pour l’engager à éditer Edgar Poe (c’était avant Michel Lévy). Il s’agissait de l’endoctriner, de le capter, de le séduire, de l’enlacer, d’être charmant enfin en même temps que persuasif. Il réussit à l’agacer de telle sorte, que peu s’en fallut que Templier ne nous mît l’un et l’autre à la porte.» Templier refusant visiblement la suite de la traduction, l’affaire échoua et elle se réduisit à une histoire d’argent. Quelques mois plus tard, en août 1855, Charles Baudelaire traita avec Michel Lévy qui fit paraître les Histoires extraordinaires en 1856. Importante lettre autographe signée Ch. Baudelaire. Claude Pichois, Dictionnaire Baudelaire, p. 264. Eugène Crépet, Charles Baudelaire, Étude biographique revue et mise à jour par Jacques Crépet, Léon Vanier, 1906, p. 296. Mille nuits de rêve. Collection Geneviève & Jean-Paul Kahn, Pierre Bergé, 2019, n°16 pour le contrat d’édition entre Baudelaire et Lecou.
Biponti Dimanche matin 14 [août 1864] | 13.40 x 20.60 cm | 3 pages sur un feuillet remplié
Lettre autographe signée, en partie inédite, rédigée à l'encre noire, adressée à sa mère et datée du «?dimanche matin 14?». Quelques soulignements, biffures et corrections de l'auteur. Ancienne collection Armand Godoy, n°188. Baudelaire crépusculaire?: «?L'état de dégoût où je suis me fait trouver toute chose encore plus mauvaise.?» Attiré par la promesse d'une glorieuse renommée, Baudelaire se rend en Belgique en avril 1864 pour quelques conférences et l'espoir d'une rencontre fructueuse avec les éditeurs des Misérables, Lacroix et Verboeckhoven. Ceux-ci ne se déplaceront pas, les conférences seront un échec et Baudelaire nourrira contre la «?Pauvre Belgique?» une rancur démesurée. Pourtant, malgré les multiples sollicitations de retour, le poète passera le reste de ses jours dans ce pays honni, menant une vie de bohème mélancolique. Hormis quelques courts séjours à Paris, Baudelaire ne rentrera en France que le 29 juin 1866 terrassé par une attaque cérébrale qui le laisse hémiplégique pour une dernière année d'agonie silencieuse en maison de santé. Rédigée seulement quelques mois après son arrivée à Bruxelles et ses premières déceptions, cette lettre laisse transparaître tous les principes de la mystérieuse haine passionnelle qui retiendra définitivement le poète en Belgique. Durant ses dernières années françaises, éreinté par le procès des Fleurs du Mal, humilié par le refus de sa candidature à l'Académie, orphelin littéraire après la faillite de Poulet-Malassis et auteur déshérité par la vente des droits de ses traductions à Michel Lévy, Baudelaire est surtout très affecté sentimentalement par la déchéance inéluctable de Jeanne Duval, son éternel amour, alors que s'est tarie sa passion pour la Présidente, dont la poétique perfection n'a pas résisté au prosaïsme de la possession physique. Aussi, le 24 avril 1864, décide-t-il de fuir ces «?amours décomposés?» dont il n'a su «?garder la forme et l'essence divine?». La Belgique, ce très jeune pays qui semble né d'une révolution romantique francophone contre le joug financier hollandais, s'offre fantasmatiquement aux yeux du poète comme le lieu d'une possible reconnaissance de sa propre modernité. Page vierge sur laquelle il voudrait imprimer la puissance de sa langue en affirmant son indépendance économique, le plat pays est un miroir sur lequel Baudelaire projette son puissant idéal mais qui lui renverra plus violemment encore le spleen de ses ultimes désillusions. Publiée dans la Revue de Paris de novembre 1917, amputée du délicat paragraphe sur ses lavements froids, cette lettre emblématique évoque tous les travaux poétiques, littéraires, artistiques et pamphlétaires de Baudelaire?: d'abord à travers la figure tutélaire et rassurante de l'éditeur des Fleurs du Mal, Poulet-Malassis?: «?Si je ne demeurais pas si loin de lui, je crois vraiment que je lui paierais une pension pour manger chez lui?»; puis par l'évocation concrète de la «?valeur vénale?» de ses Curiosités esthétiques?: «?tous ces articles que j'ai si douloureusement écrits sur la peinture et la poésie?». Baudelaire confie ensuite à sa mère les espoirs de publication de ses dernières traductions de Poe qui, à son grand dam, «?ne paraissent pas à L'Opinion, à la Vie Parisienne, au Monde illustré?». Il conclut enfin sur ses Lettres belges, dont Jules Hetzel lui fait annoncer qu'après négociation avec le Figaro, «?[s]es lettres sont acceptées avec joie?». Cependant, souligne littéralement Baudelaire, celles-ci sont «?à ne publier que quand je serai revenu en France?». Leitmotiv de sa correspondance belge, ce retour en France sans cesse imminent?: «?Décidément, je crois que j'irai à Paris jeudi?» et sans cesse repoussé («?je retarde mon voyage à Paris jusqu'à la fin du mois?», corrige-t-il, huit jours plus tard), semble exciter la férocité du poète contre ses nouveaux concitoyens auprès desquels il se plaît à répandre lui-même les pires rumeurs le concernant (espionnage, parricide, anthropophagie, pédérastie et
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[Paris] 13 [juillet] 1858 (mal datée « juin ») | 13.30 x 20.60 cm | 2 pages sur un feuillet remplié
Lettre autographe signée de Charles Baudelaire, rédigée au crayon de papier, adressée à sa mère. Papier en-tête à tampon sec du Grand Hôtel Voltaire, Faubourg Saint-Germain. Adresse de Madame Aupick à Honfleur (Calvados) de la main de l'auteur ainsi que plusieurs tampons postaux en dates des 13 et 14 juillet 1858. Quelques soulignements, biffures et corrections de l'auteur. Trace de sceau de cire avec initiales de Charles Baudelaire au crayon, probablement de la main de l'auteur. Un morceau de papier du second feuillet a été amputé, sans atteinte au texte. Cette lettre a été publiée pour la première fois dans la Revue de Paris le 15 septembre 1917. Ancienne collection Armand Godoy, n°102. Précieux document, témoignage d'un moment décisif de la vie du poète?: la réconciliation avec la désormais veuve Aupick, cette mère sacrée «?qui hante le cur et l'esprit de son fils?». * Baudelaire, victorieux, a surmonté l'obstacle que représentait l'encombrant beau-père, dont il a même souhaité la mort?: il est prêt à reprendre sa place auprès de sa mère dont il s'est souvent senti délaissé. Après le décès de son mari en avril 1857, cette dernière invite son fils à venir vivre à ses côtés dans sa «?maison-joujou?» de Honfleur. Cette lettre nous montre un Baudelaire en proie à des sentiments complexes?: déchiré entre son aspiration à un idéal fusionnel et son inexorable attraction vers le spleen. Pour le «?bas bohème?» (comme l'appellent les Goncourt) harcelé par les créanciers, Honfleur et l'attention exclusive de sa mère, sont les promesses de l'accomplissement de sa destinée poétique. C'est en ces termes que le poète fait part de cet espoir à ses amis, notamment Antoine Jaquotot (d'ailleurs cité à la fin de la lettre que nous proposons)?: «?Je veux décidément mener cette vie de retraite que mène un de mes amis, [...] qui, par la vie commune qu'il entretient avec sa mère a trouvé un repos d'esprit suffisant pour accomplir récemment une fort belle uvre et devenir célèbre d'un seul coup.?» (20 février 1858) «?Tu vas, dans peu de jours, recevoir le commencement de mon déménagement [...]. Ce seront d'abord des livres tu les rangeras proprement dans la chambre que tu me destines.?» Avec ses livres, il confie à sa mère le soin de lui composer un univers de création idéal. Mais en marge de ses promesses et espoirs d'une vie enfin paisible et sereine, Baudelaire laisse transparaître son attachement à sa vie de poète maudit?: «?Tu sais cependant bien que ma destinée est mauvaise.?» Au-delà de ses «?nouveaux embarras d'argent?» c'est bien son uvre qui le retient à la capitale?: «?Si mon premier morceau à la Revue contemporaine a été retardé, c'est uniquement parce que je l'ai voulu; j'ai voulu revoir, relire, recommencer et corriger.?» Le «?premier morceau?» évoqué par Baudelaire n'est autre «?De l'Idéal artificiel, le Haschisch?», premier texte des Paradis artificiels à venir (1860), qui ne paraîtra que dans le numéro du 30 septembre 1858 de la revue. Ce passage de la lettre, montrant l'acharnement perfectionniste de Baudelaire, rappelle la complexité tentaculaire des brouillons et épreuves du poète qui, jusqu'au dernier instant (jusque sur les premiers exemplaires de ses Fleurs du Mal, voir notre exemplaire), n'a de cesse de le corriger méticuleusement. En dépit de ses problèmes financiers, le poète corrige et modifie sans relâche, ne pouvant alors proposer qu'un nombre d'articles très restreint. Pourtant Baudelaire croit plus que jamais à son enrichissement par l'écriture et promet: «?Cette fois-ci je m'en tirerai à moi tout seul, sans emprunter un sol.?» Baudelaire ne quittera finalement Paris pour Honfleur qu'en janvier 1859 et n'y restera pas. Au bout de quelques semaines, il s'ennuiera de l'effervescence parisienne et surtout de Jeanne Duval qui le réclame?: il quitte sa mère pour son amante et regagne sa Babylone, inexorablement attiré par le spleen. Il n'effectuera alors plus que de brefs séjours à Honfleur jusqu'à son exil pour la
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Poulet Malassis & De Broise | Paris 1859 | 11.50 x 18 cm | relié
Édition originale, dont il n'a été tiré que 500 exemplaires. Portrait de Théophile Gautier gravé à l'eau forte par Emile Thérond en frontisipice. Importante lettre préface de Victor Hugo. Reliure en plein maroquin rouge, dos à cinq nerfs sertis de filets noirs, date dorée en queue, gardes et contreplats de papier à la cuve, ex-libris baudelairien de Renée Cortot encollé sur la première garde, couvertures conservées, tête dorée. Pâles rousseurs affectant les premiers et derniers feuillets, bel exemplaire parfaitement établi. Rare envoi autographe signé de Charles Baudelaire?: «?à mon ami Paul Meurice. Ch. Baudelaire.?» Un billet d'ex-dono autographe de Victor Hugo adressé à Paul Meurice à été joint à cet exemplaire par nos soins et monté sur onglet. Ce billet, qui ne fut sans doute jamais utilisé, avait été cependant préparé, avec quelques autres, par Victor Hugo pour offrir à son ami un exemplaire de ses uvres publiées à Paris, pendant son exil. Si l'histoire ne permit pas à Hugo d'adresser cet ouvrage à Meurice, ce billet d'envoi, jusqu'à lors non utilisé, ne pouvait être, selon nous, plus justement associé. Provenance?: Paul Meurice, puis Alfred et Renée Cortot. * Cette exceptionnelle dédicace manuscrite de Charles Baudelaire à Paul Meurice, véritable frère de substitution de Victor Hugo, porte le témoignage d'une rencontre littéraire unique entre deux des plus importants poètes français, Hugo et Baudelaire. Paul Meurice fut en effet l'intermédiaire indispensable entre le poète condamné et son illustre pair exilé, car demander à Victor Hugo d'associer leurs noms à cette élégie de Théophile Gautier fut une des grandes audaces de Charles Baudelaire et n'aurait sans doute eu aucune chance de se réaliser sans le précieux concours de Paul Meurice. Nègre de Dumas, auteur de Fanfan la Tulipe et des adaptations théâtrales de Victor Hugo, George Sand, Alexandre Dumas ou Théophile Gautier, Paul Meurice fut un écrivain de talent qui se tint dans l'ombre des grands artistes de son temps. Sa relation unique avec Victor Hugo lui conféra cependant un rôle déterminant dans l'histoire littéraire. Plus qu'un ami, Paul se substitua, avec Auguste Vacquerie, aux frères décédés de Victor Hugo?: «?j'ai perdu mes deux frères ; lui et vous, vous et lui, vous les remplacez ; seulement j'étais le cadet ; je suis devenu l'aîné, voilà toute la différence.?» C'est à ce frère de cur (dont il fut le témoin de mariage au côté d'Ingres et Dumas) que le poète en exil confia ses intérêts littéraires et financiers et c'est lui qu'il désignera, avec Auguste Vacquerie, comme exécuteur testamentaire. Après la mort du poète, Meurice fondera la maison Victor Hugo qui est, aujourd'hui encore, une des plus célèbres demeures-musées d'écrivain. En 1859, la maison de Paul est devenue l'antichambre parisienne du rocher anglo-normand de Victor Hugo, et Baudelaire s'adresse donc naturellement à cet ambassadeur officiel. Les deux hommes se connaissent assez peu mais partagent un ami commun, Théophile Gautier, avec lequel Meurice travailla dès 1842 à une adaptation de Falstaff. Il est donc l'intermédiaire idéal pour s'assurer la bienveillance de l'inaccessible Hugo. Baudelaire avait pourtant déjà brièvement rencontré Victor Hugo. à dix-neuf ans, il sollicita une entrevue avec le plus grand poète moderne, auquel il vouait un culte depuis l'enfance?: «?Je vous aime comme on aime un héros, un livre, comme on aime purement et sans intérêt toute belle chose.?». Déjà, il se rêvait en digne successeur, comme il lui avoue à demi-mot?: «?à dix-neuf ans eussiez-vous hésité à en écrire autant à [...] Chateaubriand par exemple?». Pour le jeune apprenti poète, Victor Hugo appartient au passé, et Baudelaire souhaitera rapidement s'affranchir de ce pesant modèle. Dès son premier ouvrage, Le Salon de 1845, l'iconoclaste Baudelaire éreinte son ancienne idole en déclarant la fin du Romantisme dont Hugo est le représentant absolu?: «?Voilà les dernières ruines de l'ancien romantisme [...]
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30 mai 1865 | 13.70 x 21.10 cm | une page sur un feuillet
Lettre autographe signée de Charles Baudelaire adressée à Narcisse Ancelle, rédigée à l'encre noire sur un feuillet de papier bleu. Pliures inhérentes à l'envoi, trois infimes petits trous sans atteinte au texte. Cette lettre a été retranscrite dans les Oeuvres complètesvolume 11 publiées en 1949 parL. Conard. Emouvante missive bruxelloise adressée au célèbre notaire familial devenu en 1844 le conseil judicaire de Charles chargé de gérer sa rente et ses dettes exponentielles. Une relation complexe s'établit entre le poète et son tuteur, mêlant nécessité et défiance, mais témoignant néanmoins d'un véritable respect mutuel entre les deux hommes. Cette correspondance, dépourvue de l'affectivité des lettres à sa mère ou des circonvolutions dans ses échanges avec les créanciers, constitue une des plus précieuses sources biographiques du poète. En effet, la dépendance financière de Baudelaire le contraint à une très grande transparence avec son tuteur et chacune de ses lettres à Ancelle résume admirablement ses pérégrinations. Ainsi, cette lettre évoque-t-elle le terrible enlisement du poète en Belgique et son retour sans cesse reporté à Paris: . Lorsqu'il écrit, Baudelaire est encore à Bruxelles à l'Hôtel du Grand Miroir, «28 rue de la Montagne» (mais il ne faut pas écrire le nom de l'hôtel, sinon les lettres ne lui parviennent pas directement), où il se meurt d'ennui, de maladie et de rancur contre un pays dans lequel, innocemment, il croyait trouver la gloire. Cette annonce de départ imminent pour Paris,"Deux ou trois jours après votre réponse je partirai", fait écho à toutes les promesses similaires que le poète adresse depuis près d'un an à ces correspondants. Celle-ci sera avortée, comme toutes les autres car, comme il l'avoue à Ancelle un quelques mois plus tôt, Paris lui «fait une peur de chien». Ce n'est qu'en août 1865 qu'il accomplira un ultime et court séjour en France avant son apoplexie fatale. Son retour, "Je suis très attendu à Paris et à Honfleur"était pourtant motivé par une raison impérieuse: négocier avec un éditeur, grâce à l'intervention de Manet, la publication de son recueil de réflexions sur ses contemporains qu'il a déjà intitulé «mon cur mis à nu» et dont le manuscrit est en partie chez sa mère à Honfleur. Nouvel échec, l'uvre ne paraîtra qu'en 1897, 30 ans après la mort de Baudelaire. Mais c'est sans doute la référenceaux «deux grands tableaux [qu'il veut] expédier à Honfleur», qui donne tout son sel à cette lettre. Baudelaire évoque en effet sa volonté de rapatrier des peintures de sa collection déposés chez divers prêteurs ou restaurateurs, et dont il avait déjà envoyé une liste à Ancelle quelques mois plus tôt. Parmi ceux-ci, quels sont ceux qu'il voulait ramener à sa mère? Le portrait de son père, le Boilly, le Manet, un Constantin Guys? Il n'est fait aucune mention dans les autres lettres de ce transport artistique et du «reste» auquel seront joints les tableaux. Cette volonté d'"expédier à Honfleur" ses biens précieux,témoigne pourtant du désir du poète affaibli de s'installer définitivement dans la «maison-bijou» de sa mère à Honfleur, ilot de sérénité dans lequel Baudelaire rêve d'une paisible retraite où tout ne serait à nouveau «qu'ordre et beauté,luxe, calme et volupté». Il y retournera en effet, paralysé et muet, mais pour une dernière année d'agonie après sa crise syphilitique. L'hôtel du Grand Miroir, quant à lui, restera sa dernière véritable demeure comme cela sera noté le mardi 3 avril 1866, sur le registre des entrants à la Clinique Saint-Jean : « Nom et prénoms : Baudelaire Charles. « Domicile : France et rue de la Montagne, 28. « Profession : homme de lettres. « Maladie : apoplexie. » Belle lettre à celui qui fut à la fois le persécuteur et le protecteur de Baudelaire. Il accompagna le poète jusqu'à sa mort, avant de devenir l'éxécuteur testamentaire de la famille. - Photographies et détails sur www.Edition-Originale.com -
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BAUDELAIRE (Charles). DE QUELQUES PRÉJUGÉS CONTEMPORAINS. Une page au recto d’un feuillet, 27,5 × 22,3 cm. Sans date [ca. 1850]. Brouillon autographe, d’un format remarquablement grand, d’un projet de texte évoquant plusieurs figures capitales et sujets de première importance dans l’œuvre de Baudelaire. Les brouillons de Baudelaire sont rares en mains privées. Ils fournissent l’aperçu le plus direct de sa façon de travailler. Ce projet de texte, avant-goût de Mon cœur mis à nu et de Fusées, mêle les intérêts littéraires du poète à la forme pamphlétaire qu’il emploie à la fin de sa vie. Il constitue un condensé allusif de la pensée de Baudelaire. Transcription (ATTENTION : dans cette notice, du fait du formatage des notices sur le site, les caractères barrés n'apparaissent pas comme tels dans la transcription ; se référer aux photos pour cela) : De la Poes [Centré] De quelques préjugés contemporains De M. de Béranger — poete — et patriote Qu’est-ce qu’un préjugé — Une mode de penser — De M. de Béranger — poete et patriote — De la Patrie au dix neuvième siècle — De M. Victor Hugo. Romantique — et penseur. De Mr de Lamartine — auteur Religieux. De la Religion au dix neuvième siècle — De la Religion aimable — Mr Lacordaire De M. Victor Hugo. Romantique et Penseur De Dieu au dix neuvième siècle — De quelques idées fausses de la Renaissance Romantique — Des filles Publiques et de la Philanthropie — [Rajouté dans un interligne, légèrement en retrait] (Des Réhabilitations en général). De Jean Jacques — auteur sentimental et infâme — De la République au dix neuvième siècle — et des Républicains. (G. Pagès — et D. Cormenin jugés par Robespierre). Des Fausses Aurores — Epilogue ou Consolations. Il est difficile de déterminer dans quelle mesure Baudelaire reprend à son compte ou combat les préjugés qu’il évoque ou que l’on devine à travers ce style lapidaire, et ce que le texte projeté devait révéler de l’évolution de la réflexion de Baudelaire depuis 1848. Cette étude du préjugé peut se rapprocher d’éloges ultérieurs du poncif et du lieu commun sous sa plume. Dans Fusées (Pléiade, I, 662) : Créer un poncif, c’est le génie. Je dois créer un poncif. Et plus loin (Fusées, Pléiade, I, 670), cette concise poétique de l’énoncé du lieu commun : Sois toujours poète, même en prose. Grand style (rien de plus beau que le lieu commun). Quant au terme de « préjugé », on le retrouve dans deux lettres capitales de Baudelaire : la lettre à Mme Sabatier du 31 août 1857 ( « Vous voyez, ma bien belle chérie, que j’ai d’odieux préjugés à l’endroit des femmes ») et l’unique lettre connue adressée à Wagner, le 17 février 1860 (« La première fois que je suis allé aux Italiens pour entendre vos ouvrages, j’étais […] plein de mauvais préjugés »). La présence de ce document dans la collection d’autographes de Champfleury permet d’en situer la rédaction durant la période 1848-1852, pendant laquelle Baudelaire et l’auteur de Chien-Caillou furent particulièrement proches — ils fondèrent ensemble l’éphémère Salut public en 1848. Notes au verso, d’une autre main : dans la partie supérieure, au centre : « N 4. » Puis, un peu plus bas : « 9 » — en rapport peut-être avec l’adjudication au prix marteau de 9 francs lors de la vente Champfleury ? Dans le coin inférieur droit : « XX ». Catalogue des autographes composant la collection Champfleury, 1891, numéro 24 ; ancienne collection Armand Godoy, reproduit en fac-similé dans Le Manuscrit autographe, numéro spécial consacré à Charles Baudelaire, 1927, page 76 ; Pléiade, II, page 54. Traces de pliures, légères restaurations marginales, papier bruni ; très beau toutefois. Nous exprimons notre vive reconnaissance à Andrea Schellino pour les explications précieuses qu’il nous a apportées dans le cadre de la rédaction de cette notice.
ÉDITION PRÉ-ORIGINALE de XVIII poèmes (pp.1079 à 1093) [note1, in fine], dans lesquels Baudelaire décrit la misérable humanité soumise au Diable : « Sur l’oreiller du mal c’est Satan trismégiste » (I,9), « qui tient les fils qui nous remuent » (I,13) ; ainsi, « Chaque jour vers l’Enfer nous descendons d’un pas » (I,16), toujours en compagnie de Lucifer : « Sans cesse à mes côtés s’agite le Démon » (VI,1), tentateur refoulé avec ses promesses de Paradis artificiel(s) qui « Accoutume ma lèvre à des filtres infâmes » (VI,8). Par ailleurs, pur hasard, coïncidence, éditoriale, voire diabolique, on notera que la première page chiffrée du second volume est frappée du sceau du Malin: "666", nombre satanique par excellence, inspirateur des paradis artificiels, annonciateur des démêlés de Baudelaire avec la « Justice » des hommes ; par la justice « Divine », Baudelaire se sait condamné d’avance [note 2] : « Adorable sorcière, aimes-tu les damnés ? » (VIII, 31). Elucubrations fumeuses de ma part? Ce commentaire méphistophélique a déjà été étudié dans un texte au titre racoleur : Baudelaire’s Satanic Verses , par Jonathan D. CULLER, éminent professeur à la Cornell University [note3] . Jusqu’en 1855, seules quelques poésies éparses avaient été imprimées dans la presse ; dix ans auparavant, Baudelaire pensait donner à son recueil de poésies à venir, ce titre aussi provocateur que sulfureux: « Les Lesbiennes », projet aussitôt dénoncé… même par ses amis. Il fallut donc trouver autre chose : « Les Limbes » aussi furent très vite abandonnées. La « tradition attribue à Hippolyte Babou, écrivain et critique, la trouvaille du nouveau titre », au café Lemblin (ou Lamblin, au Palais Royal), après de longues palabres. Seulement voila : toute mystique entraîne le doute qui, lui-même, conduit à la révision… Bernard Delmay [note4] dénonce l’absence de documents probants et montre que « Les Fleurs du Mal » sont directement issues de la préface de Philippe de Chennevières aux poèmes d’Ernest Prarond ( Impressions et Pensées d’Albert. Paris, Michel Lévy, 1854), dans laquelle il dénonçait « les fleurs étiolées ou impures, d’un parfum affadissant ou malsain ». La paraphrase semble évidente. Ainsi donc disparaîtrait le malheureux Babou, dont c’est, de nos jours, le seul « titre » de gloire ! [note1] ce recueil est imprimé « à cheval » sur les cahiers 68 et 69 : - feuillet 68/8 [pp. (1079)-1080, titre et premier poème], - feuillets 69/1-7, le poème XVIII (et dernier) recto du septième feuillet (p.1093), le verso (p.1094) occupé par le début de la « chronique de la quinzaine). [note 2] Perdu ! Baudelaire ne sera jamais mis à l’Index. Quoique… Un demi-siècle plus tard, en 1917, les démons de la Censure agitèrent le Vatican : le Saint-Office se pencha sur le cas de quelques auteurs sulfureux, décédés (Baudelaire, bien sûr, Barbey d’Aurevilly, Bloy, Huysmans, Verlaine) ou contemporains (Claudel, Mauriac et même le très catholique Francis Jammes) ; la procédure ne dura que dix ans et aboutit, après une lutte acharnée entre les pro- et les anti- condamnation, le 3 mai 1927, à la publication d’une « Instruction intitulée « De sensuali et de sensuali-mystico litterarum genere » [qui] ne mentionne aucun titre d’ouvrages, aucun nom d’auteur ». On y dénonce le côté immoral des œuvres [empreintes] d’une « sensualité maladive » sans fournir d’exemple » ; ce texte fut traduit dans quelques bulletins diocésains. (d’après Jean-Baptiste Amadieu, in L’année Baudelaire, Paris, Champion, 2018, hal.archives-ouvertes.fr) . [note 3] Diacritics, , volume 28 n°3, 1998, pp. 86-100, publié par The Johns Hopkins University Press. [note 4] in « persee.fr » (Littératures, 1987/ 16 / pp. 115-121) . B. Delmay : Deux notes sur Baudelaire (II-Les Fleurs du mal : Naissance d’un titre).
. Que penser de ces beaux découpages, montrant une fausse plaquette qui se termine joliment (p.1094), sur un fragment de texte, mieux encore, sur une césure (cf. note 1) , souvent richement reliés, quelquefois par des Maîtres ; parfois, le mal est moindre : on propose un tome X, seconde partie, débutant à la page (665)… Dans tous le cas, ce sont des « canards boiteux ». [note 5] [ note 5] Explications : un client pointilleux, quelque peu heurté par ce dernier propos m’a demandé de le justifier. Pour ce faire, j’ai utilisé, en bon Béarnais, une autre métaphore culinaire : comparaison –osée- avec un jambon de Bayonne, façon détournée de balancer mon porc… Dans cette image, le véritable intégriste exigerait la possession de la totalité du cochon, soit la collection complète de la Revue ! Plus modestement, un cochonnet pourrait figurer l’année complète. Je me limiterai au jambon : - la plaquette, forcément bricolée, représente la chiffonnade, tranche très, très fine [cf. note 1] ; - plus épaisse, une belle tranche de jambon, quasiment une rouelle : la livraison du premier juin 1855 (pp.889-1336), avec sa couenne (pardon, avec sa couverture d’origine) ; - enfin, demi-cuisseau, demi-cuissot, demie-cuisse, par mutilation du tome X. Le « canard » est bien boiteux ! Bel exemplaire, décoratif, très rare dans sa présentation d’origine : les mentions frappées sur les dos des reliures sont strictement utiles, nécessaires et suffisantes à la présentation de ces deux fragments de la Revue des Deux Mondes. BUR (H3/2)
Avec 5 eaux-fortes originales dont 2 de Manet. [BAUDELAIRE (Charles)] - ASSELINEAU (Charles).
Reference : 12837
(1869)
1869 P., Alphonse Lemerre, 1869, 1 vol. in-12 (182 x 115 mm), relié 1/2 basane marron époque, dos lisse, auteur, titre et série de 6 double-filets dorés, plats de papier marbré lie-de-vin, de (2) ff. (faux-titre et titre) - 109 pp. - (1) f. (table).Dos légèrement insolé, pâles rousseurs éparses.
Edition originale de la première biographie de Charles Baudelaire parue 2 ans après sa mort. Exemplaire sur papier fort.5 eaux-fortes originales représentant des portraits de Baudelaire : 1. gravé par Bracquemond daprès Emile Deroy (1844) en frontispice - 2. gravé par Bracquemond daprès un autoportrait de lauteur (1848) - 3. gravé par Bracquemond daprès Gustave Courbet (1848) - 4. Baudelaire de profil en chapeau peint et gravé par Manet (1862) - 5. Baudelaire de face peint et gravé par Manet (1865).Réf. biblio. : Vicaire, I-129 ; Clouzot, 9 : "Recherché surtout pour les 5 portraits de Baudelaire (). Assez souvent piqué et peu commun en reliure dépoque" ; Berès, Manet, dessins, aquarelles, eaux-fortes, lithographies1978, fiche 41 : Baudelaire de profil en chapeau - Eau-forte originale en 2e état, Manet ajoute son initiale M sur un petit rectangle hachuré - fiche 46 : Baudelaire de face III - Eau-forte, 4 états (?) : 1e tirage dans Asselineau en 1869.
Poulet Malassis & De Broise | Paris 1857 | 12.10 x 18.80 cm | relié sous étui
Édition originale, imprimée sur vélin d'Angoulême, avec les coquilles habituelles et comportant les six poèmes condamnés, un des quelques exemplaires remis à l'auteur et «destinés à des amis qui ne rendent pas de services littéraires». Reliure en plein maroquin émeraude, dos janséniste à quatre nerfs, contreplats doublés de maroquin grenat encadrés d'un filet doré, gardes de soie dorée brochée à motifs de fleurs stylisées japonisantes, les suivantes en papier à la cuve, couvertures dite de troisième état (comportant deux restaurations marginales au second plat) et dos conservés, toutes tranches dorées sur témoins, étui bordé de maroquin. Reliure signée de Marius Michel. Précieux exemplaire enrichi d'un envoi autographe signé de l'auteur au crayon sur la page de faux-titre: «à M. Tenré fils, souvenir de bonne camaraderie, Ch. Baudelaire» et de trois corrections autographes, au crayon pages 29 et 110 et à l'encre page 43. Exceptionnelle dédicace à un ami d'enfance, banquier et intellectuel, un des rares envois d'époque qui ne soient pas motivés par les nécessités judiciaires ou par les intérêts éditoriaux. En effet, même les quelques exemplaires sur hollande furent en grande partie consacrés à des offrandes stratégiques afin de contrer ou d'atténuer les foudres de la justice qui, en juin 1857, n'a pas encore rendu son jugement. Poulet-Malassis en gardera un souvenir amer: «Baudelaire a mis la main sur tous les exemplaires papier fort et les a adressés comme moyens de corruption à des personnages plus ou moins influents. Puisqu'ils ne l'ont pas tiré d'affaire, je crois qu'il ferait bien de les leur redemander.» La correspondance de Baudelaire permet de cerner assez précisément les différents types de dédicaces que fit le poète à la parution de son recueil. Il adresse lui-même une liste à de Broise pour mentionner les dédicataires des envois de presse, principalement de possibles intercesseurs judiciaires et des critiques littéraires influents. Le poète requiert ensuite «vingt-cinq [exemplaires] sur papier ordinaire, destinés à des amis qui ne rendent pas de services littéraires». Une lettre à sa mère nous apprend qu'il n'en a obtenu que vingt. Quelques-uns furent adressés dès juin 1857 à ses amis, dont celui de Louis-Ludovic Tenré. D'autres furent conservés par le poète ou offerts tardivement comme ceux d'Achille Bourdilliat et Jules de Saint-Félix. Si Tenré, cet ami d'enfance que Baudelaire vient de retrouver en décembre 1856, est honoré, dès la publication des Fleurs du Mal, d'un des rares exemplaires personnels du poète, soigneusement corrigé des trois coquilles qu'il a immédiatement repérées, ce n'est pas en considération d'un service rendu ou en vue d'un bénéfice immédiat. Cependant, comme toujours chez Baudelaire, ce n'est pas non plus en simple «souvenir de bonne camaraderie» qu'il adresse son uvre maîtresse à ce compagnon de pension du collège Louis-le-Grand. Dès 1848, Louis-Ludovic Tenré a pris la succession de son père, l'éditeur Louis Tenré qui, à l'instar de quelques autres grands éditeurs, s'est reconverti dans l'investissement, le prêt et l'escompte exclusivement adressé aux métiers du livre. Ces libraires banquiers ont joué un rôle essentiel dans la fragile économie de l'édition et ont contribué à l'extrême diversité de la production littéraire du XIXè siècle, soutenant l'activité de petits mais audacieux éditeurs et en liquidant d'autres à grand fracas judiciaires. En décembre 1856, Baudelaire annonce à Poulet-Malassis qu'il a déposé chez cet «ancien camarade de collège» un billet à ordre périmé que Tenré, par amitié, a bien voulu accepter. Il s'agit justement du premier acompte pour «le tirage à mille exemplaires [d'un recueil] de vers intitulé Les Fleurs du Mal». Avec cet exemplaire tout juste sorti des presses, Baudelaire offre ainsi à Tenré le précieux fruit du travail escompté par son nouveau banquier. C'est le début d'une longue relation financière. Parmi tous les créanciers de
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