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‎POE Edgar - BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 277353

‎EUREKA. Par Edgar A. POE.‎

‎Editions D'Art Edouard Pelletan - Helleu Et Sergent, Editeurs Paris 1923 In-8 ( 210 X 155 mm ) de 270 pages, broché sous couverture illustrée, rempliée. Ornements dessinés et gravés sur bois par Alfred LATOUR. Introduction de Paul VALERY. 1 des 750 exemplaires numérotés sur vergé ( N°81 ). Le 11me de la collection H.P., et le 5me de la série des "Oeuvres Complètes de Charles BAUDELAIRE". Bel exemplaire.‎


Phone number : 04 91 42 63 17

EUR40.00 (€40.00 )

‎POE Edgar - BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 997867

‎EUREKA. Par Edgar A. POE.‎

‎Editions D'Art Edouard Pelletan - Helleu Et Sergent, Editeurs Paris 1923 In-8 ( 210 X 155 mm ) de 270 pages, broché sous couverture illustrée, rempliée. Ornements dessinés et gravés sur bois par Alfred LATOUR. Introduction de Paul VALERY. 1 des 750 exemplaires numérotés sur vergé ( N°438 ). Le 11me de la collection H.P., et le 5me de la série des "Oeuvres Complètes de Charles BAUDELAIRE". Bel exemplaire.‎


Phone number : 04 91 42 63 17

EUR40.00 (€40.00 )

‎BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 70492

‎Curiosités esthétiques.‎

‎Edouard Pelletan, Helleu Et Sergent Paris 1930 In-8 broché ( 210x155 mm ) de 464 pages sous couverture rempliée.EPortrait de J.-L. Perrichon d'après Courbet, vignettes roriginales de P.-E. Vibert.Exemplaire n° 279 sur vergé.Le 17me de la collection H.P., et le 8me de la série des oeuvres complètes de Charles Baudelaire.‎


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‎BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 480507

‎Les paradis artificiels.‎

‎Edouard Pelletan, Helleu Et Sergent Paris 1922 In-8 broché ( 210x155 mm ) de 356 pages sous couverture rempliée.Edition ornée d'un portrait gravé sur bois par J.-L. Perrichon, de Lettrines et de Fleurons dessinés et gravés par Alfred La Tour.Exemplaire n° 342 sur vergé de Rives.Le dixième de la collection H.P., et le quatrième de la série des oeuvres complètes de Charles Baudelaire.‎


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‎BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 83098

(1861)

‎Les Fleurs du mal‎

‎Poulet-Malassis & de Broise, Paris 1861, 12,8x19,7cm, broché sous coffret.‎


‎« Le seul éloge que je sollicite pour ce livre est qu'on reconnaisse qu'il n'est pas un pur album et qu'il a un commencement et une fin» Seconde édition originale sur papier courant, dont il aurait été tiré 1500 exemplaires après 4 chine, quelques hollande et quelques vélin fort. Notre exemplaire est bien complet du portrait de Charles Baudelaire par Félix Bracquemond sur chine contrecollé, qui manque souvent et est ici en premier état, avant la mention « L'Artiste » au-dessus du portrait. L'ouvrage est présenté dans un coffret signé Julie Nadot reproduisant les plats de couverture et le dos de l'ouvrage. Très rare exemplaire broché, à toutes marges et sans rousseurs, tel que paru. Cette édition, entièrement recomposée par l'auteur, enrichie de 35 nouveaux poèmes et de 55 poèmes « profondément remanié[s] » est considérée au mieux comme une édition « en partie originale ». En réalité, véritable nouvelle édition originale, cette réécriture des Fleurs du Mal est l'aboutissement de la grande uvre baudelairienne et la seule version retenue par l'Histoire et la Littérature. LA FAUTE A... Longtemps considérée comme une simple réédition enrichie, cette édition majeure n'a pas eu, comme la précédente, les faveurs de l'étude bibliographique, bien qu'elle offre un champ de recherche important et instructif. Soulignons à ce propos les différents états de la gravure de Bracquemond, mais également les coquilles des tout premiers exemplaires, en partie corrigées pendant le tirage dont, dans notre exemplaire, deux initiales absentes (p.20 et 49) ajoutées à l'encre à l'époque qui font un étrange écho à cette remarque de Charles Baudelaire à l'éditeur, en janvier 1861 : « Sans doute le livre est d'un bon aspect général ; mais jusque dans la dernière bonne feuille, j'ai trouvé de grosses négligences. Dans cette maison-là, c'est les correcteurs qui font défaut. Ainsi, ils ne comprennent pas la ponctuation, au point de vue de la logique ; et bien d'autres choses. Il y a aussi des lettres cassées, des lettres tombées, des chiffres romains de grosseur et de longueur inégales, etc.... ». Poulet-Malassis s'est en effet séparé de De Broise et ces nouvelles Fleurs ont été imprimées par Simon Raçon à Paris. Doit-on également voir une corrélation avec le nombre d'exemplaires comportant des rousseurs sur cette seconde édition, qui s'expliquerait par une moins bonne qualité de papier et qui rend ceux dépourvus de rousseurs d'une grande et précieuse rareté ? LE CHOIX DE LA POSTÉRITÉ «Les Fleurs du Malont deux visages. Au troisième il est permis de rêver», lorsque Claude Pichois rassemble les uvres de Baudelaire pour La Pléiade, il doit faire un choix entre les trois éditions des Fleurs du Mal, la première de 1857, celle revue par l'auteur en 1861 et la dernière parue juste après la mort de Baudelaire en 1868. Bien qu'étant la plus complète et comprenant 25 poèmes de plus que la seconde, la troisième édition ne peut être prise pour modèle, car son architecture et peut-être le choix même des poèmes inédits ne sont pas, avec certitude, le résultat d'une volonté auctoriale. L'édition de 1868 est donc « en partie originale », car augmentée de poèmes composés par Baudelaire après 1861 en vue d'une nouvelle édition. Mais cette édition « définitive » sera établie après la mort du poète et, en l'absence de ses directives, les nouveaux poèmes seront sélectionnés et disposés par son ami Théodore de Banville. La première édition de 1857, mythique, historique, ne peut, bien entendu, être détrônée de son statut d'édition princeps. Riche de ses célèbres coquilles (soigneusement corrigées à la main sur les premiers exemplaires offerts par l'auteur), de ses poèmes condamnés (et donc absents de la seconde édition), mais surtout de sa mise en forme pensée, travaillée, modifiée et corrigée sans cesse jusqu'aux dernières épreuves (et jusqu'à rendre fou son bienveillant éditeur, le pauvre « Coco mal perché » que Baudelaire épuisa de remarques et de critiques), la « 1857 » est sans conteste un inaltérable monument de l'histoire littéraire et poétique universelle, dont les exemplaires non expurgés des poèmes condamnés constituent une des pièces maîtresses des collections bibliophiliques. Pourtant, elle ne pouvait être désignée comme représentante unique du chef-d'uvre de Baudelaire, tant le poète devait la repenser entièrement dans les années suivantes. Loin d'un simple recueil de poèmes, Les Fleurs du Mal est une uvre construite selon une logique narrative unique dans l'histoire de la poésie. Poulet-Malassis l'a appris à ses dépens, Baudelaire conçoit son livre comme une uvre plastique autant que littéraire. Divisée en sections explicites, "Spleen et Idéal", "Fleurs du Mal", "Révolte", "Le Vin", "La Mort", mais également en cycles implicites (notamment consacrés aux femmes aimées), l'uvre de Baudelaire se déploie au fil de poèmes liés entre eux par une invisible filiation pour composer un récit autant qu'un tableau. La suppression des poèmes condamnés rompt cette subtile diégèse picturale et contraint Baudelaire à repenser entièrement son uvre. La seconde édition devient ainsi l'occasion d'une uvre entièrement nouvelle. Baudelaire conçoit donc un agencement différent, écrit de nouveaux poèmes d'articulation, modifie la plupart des poèmes anciens et compose une nouvelle fin. C'est cette édition de 1861 que le lecteur moderne connaît. C'est elle qui sera choisie par les éditeurs de La Pléiade, dès la première publication des uvres de Baudelaire en 1931. Elle restera le modèle de toutes les éditions ultérieures. « AU LIEU DE SIX FLEURS » Entre 1857 et 1861, Baudelaire travaille intensément sur son uvre majeure. Il entreprend d'abord de simplement remplacer par six nouveaux poèmes ceux amputés par la censure, mais dès novembre 1858, il écrit à Poulet-Malassis : « Je commence à croire qu'au lieu de six fleurs, j'en ferai vingt. ». C'est le début d'une véritable réécriture du recueil et d'une recomposition complète de sa structure. Des poèmes aussi importants que « La musique », « La servante au grand cur », « La Beauté » ou « Quand le ciel bas et lourd », ne sont aujourd'hui connus que sous leurs formes définitives de 1861 très différentes de la première composition. Mais Baudelaire entreprend surtout d'augmenter son uvre de plus d'un tiers et ajoute ainsi entre 1857 et 1861 trente-cinq nouveaux poèmes dont certains figurent parmi les plus importants de Baudelaire. Ainsi « L'Albatros », symbole intemporel du poète maudit, fut en partie composé durant la jeunesse de Baudelaire, mais ne paraît que dans cette édition de 1861 où il prend la place du fade « Soleil », (relégué aux Tableaux parisiens). Il devient ainsi le troisième poème du recueil et le pilier de l'uvre nouvelle. Réponse directe à la censure de 57, il forme avec ses deux prédécesseurs, « Au lecteur » et « Bénédiction », l'infernal cercle baudelairien : Souffrance, Malédiction et Incompréhension. De même, l'absence des « Bijoux », dont la sensualité insulta les censeurs, fut habilement voilée par l'ajout du « Masque », dans lequel la femme, devenue statue, pleure son esthétisation statique « dans le goût de l'antique ». Cependant, il fallait à Baudelaire un plus sulfureux « Hymne à la beauté ». C'est sous ce titre qu'il introduit cette apologie d'une divinité affranchie du bien, du mal et des censures bigotes. Pourtant, il semble que pour Baudelaire ces deux poèmes ne remplacent pas entièrement « la candeur unie à la lubricité » des « Bijoux ». Ils ne sont que l'annonce d'une nouvelle « toison, moutonnant jusque sur l'encolure », qui s'épanouira sur deux pages à la suite du « Parfum exotique ». « La chevelure », cet autre chef-d'uvre de la poésie sensuelle, est ainsi née, à l'instar de l'Aphrodite de Botticelli, de cette nouvelle vague de fleurs. Puis, sans autre excuse de poème à remplacer, apparaît un court « Duellum » suivi d'un « Possédé » capital et de quatre « Fantôme[s] ». Les Fleurs de 61 prend alors son essor et acquiert sa personnalité propre, indépendante de son aînée. C'est d'ailleurs en adressant le sulfureux « Possédé » à Poulet-Malassis que Baudelaire décide que la réédition des Fleurs deviendra une uvre nouvelle, qui ne tirera aucune leçon des déboires judiciaires de son aînée comme en témoigne la réaction du poète à la légitime inquiétude de son éditeur : « Je ne croyais pas que ce misérable sonnet pût ajouter quelque chose à toutes les humiliations que Les Fleurs du Mal vous ont fait subir. Il est possible, après tout, que la tournure subtile de votre esprit vous ait fait prendre 'Belzébuth' pour le con et le 'poignard charmant' pour la pine ». LE CYCLE SABATIER : LA PRÉSIDENTE DÉCHUE Libéré de la tâche aride de commettre de simples poèmes de substitution, Baudelaire repense entièrement son uvre à l'aune de sa maturité poétique et de ses amours pathétiques. La rupture avec la Présidente, la déchéance de Jeanne Duval, la trahison de Marie Daubrun, transforment sa conception du Spleen et de l'Idéal. Se jouant de la censure, il remplace la sexualité criminelle de « Celle qui est trop gaie » par une autre blessure, celle du poignard phallique du « Possédé ». Puis il règle ses comptes avec Madame Sabatier en concluant le cycle qu'il lui a consacré par un « Semper Eadam » [toujours la même] très explicite : « Quand notre cur a fait une fois sa vendange, / Vivre est un mal [...] et bien que votre voix soit douce, taisez-vous ! ». Baudelaire avait lui-même avoué à la vénérée Présidente que son amour pour elle était tout entier révélé dans Les Fleurs de 57 : « Tous les vers compris entre la page 84 et la page 105 [de « Tout entière au « Flacon »] vous appartiennent. » (Lettre à Mme Sabatier, 18 août 1857) et que deux d'entre eux étaient « incriminés » par « les misérables » magistrats (« Tout entière, finalement épargné » et « À celle qui est trop gaie »). Déjà, il lui reprochait sa « malicieuse gaieté » qui devient dans « Semper » « taisez-vous ignorante ! âme toujours ravie ». La joie, leitmotiv de la représentation de la Présidente est ainsi, pour la première fois, condamnée. Ce nouveau poème étant, de surcroît, placé en tête du cycle, il imprime sa marque sur tous les autres. Ainsi, contrairement à l'édition de 1857, dans laquelle la sacralisation de la femme idéale culmine en une profanation sacrificielle, le cycle Sabatier dans l'édition 1861 est marqué par la déception suivant la possession de cette déesse qui se révèle trop humaine. Et l'uvre se fait reflet de la confession de Charles à Apollonie, à peine leur relation consommée : « Il y a quelques jours, tu étais une divinité, ce qui est si commode, ce qui est si beau, si inviolable. Te voilà femme maintenant » (Lettre à Madame Sabatier, 31 août 1857). Cette dualité entre idéalisation et déception, marque du poète, trouve alors sa complète réalisation dans la composition des Fleurs du Mal de 1861. Le plus explicite témoignage de cette mutation radicale se relève sur les exemplaires offerts à Madame Sabatier. L'édition de 1857 portait cette dédicace : « À la Très Belle, à la Très-Bonne, à la Très Chère. / Que ce soit dans la Nuit et dans la Solitude, / Que ce soit dans la rue et dans la multitude, / Son fantôme dans l'air danse comme un Flambeau / Tout mon Être obéit à ce vivant Flambeau ! / C.B. ». L'exemplaire de 1861 témoignera d'une tout autre relation : « À Madame Sabatier, Vieille amitié, C. B. » Ce vent de désacralisation souffle également sur les poèmes anciens du cycle qui se trouvent transformés par de subtiles, mais signifiantes modifications : un passé simple remplaçant le passé composé fige le poème « Tout entière » dans un temps révolu. L'« Ange Gardien » de « Que diras tu ce soir » perd une majuscule, modifiant drastiquement le sens de ce « gardien ». Enfin, dans « Le Flambeau Vivant » qui servit avec le précédent à composer la dédicace de 1857, les « feux diamantés » des yeux de l'aimée se « secou[e]nt », mais ne « suspend[e]nt » plus le regard du poète, tandis que le soleil perd son unicité pour n'être plus qu'un synonyme d'étoiles. Sa « Confession » se fait plus explicite encore : les tirets, signes typographiques chers à Baudelaire marquant l'intervention du poète, disparaissent, remplacés par des parenthèses et de simples virgules, et l'analogie avec la « danseuse [...] froide » se mue en identité: 57: Une fois, une seule, aimable et douce femme, À mon bras votre bras poli S'appuya; sur le fond ténébreux de mon âme Ce souvenir n'est point pâli. (...) Que c'est un dur métier que d'être belle femme, Qu'il ressemble au travail banal De la danseuse folle et froide qui se pâme Dans un sourire machinal 61: Une fois, une seule, aimable et douce femme, À mon bras votre bras poli S'appuya (sur le fond ténébreux de mon âme Ce souvenir n'est point pâli); (...) Que c'est un dur métier que d'être belle femme, Et que c'est le travail banal De la danseuse folle et froide qui se pâme Dans un sourire machinal Par cette réécriture, Baudelaire ne modifie pas le sens de ses poèmes au gré de ses déboires amoureux, il insuffle au sein même de l'idéal la fêlure du Spleen, et sa poésie affranchie des désirs du poète se libère de son pesant modèle vivant pour devenir universelle. LE CYCLE DUVAL : À L'AMOUR À LA MORT À la cristallisation stendhalienne autour de la Présidente répondait une diabolisation tout aussi fantasmatique de l'autre grande passion de Baudelaire, Jeanne Duval. Frappée d'hémiplégie en 1859, elle n'est plus désormais « le vampire » qui, dans l'édition de 1857, « comme un hideux troupeau de démons, vin[t], folle et parée ». Devenue en 61 « forte comme un troupeau », elle conquiert une place majeure dans le recueil par l'ajout de poèmes puissants dont « Duellum », par lequel Charles, sans renoncer à la constitutive violence de leur amour, suit l'infortunée en enfer : « Roulons-y sans remords, amazone inhumaine, Afin d'éterniser l'ardeur de notre haine ! ». Mais c'est surtout à travers la suite « Un fantôme », nouvellement composée, que le poète rend le plus bel et tragique hommage à son amante déchue. « Les ténèbres », où il « reconnai[t] [s]a belle visiteuse : C'est Elle ! noire et pourtant lumineuse ». « Le parfum », au « Charme profond, magique, dont nous grise /Dans le présent le passé restauré ! ». « Le cadre », dans lequel l'aimée conserve « Je ne sais quoi d'étrange et d'enchanté / En l'isolant de l'immense nature ». Et enfin « Le portrait », par lequel le poète, perdant sa naïve ironie d'« Une charogne », observe la réalité de la mort qui s'installe dans le corps de son amante : « De ces baisers puissants comme un dictame, De ces transports plus vifs que des rayons, Que reste-t-il ? C'est affreux, ô mon âme ! Rien qu'un dessin fort pâle, aux trois crayons » Alors que Baudelaire se délectait de la contemplation de « la vermine qui vous mangera de baiser » et cependant « gard[ait] la forme et l'essence divine de [s]es amours décomposés », Charles, confronté à la déchéance réelle de Jeanne, se révolte contre la mort : « Noir assassin de la Vie et de l'Art, Tu ne tueras jamais dans ma mémoire Celle qui fut mon plaisir et ma gloire ! » LE CYCLE DAUBRUN : DE MARIE À MARCEL C'est enfin au tour de Marie Daubrun de déployer ses ailes féminines sur les fleurs maladives de son malheureux amant, avec l'apparition d'un des plus beaux poèmes du recueil : « Chant d'automne ». Rendu notamment célèbre par l'Opus 5 de Gabriel Fauré, ce poème emblématique de l'univers baudelairien deviendra une source d'inspiration d'uvres majeures de la littérature dont « La Chanson d'automne » de Verlaine et « L'Automne » de Rainer Maria Rilke. Mais c'est sans doute Marcel Proust, grand lecteur des Fleurs, qui doit à ce « Chant » sa plus grande émotion poétique. « Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre, / Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer » sont, d'après Antoine Compagnon, les vers les plus cités à travers toute l'uvre de Proust. Ainsi dans À l'ombre des jeunes filles en fleurs : « Me persuadant que j'étais « assis sur le môle » ou au fond du « boudoir » dont parle Baudelaire, je me demandais si son « soleil rayonnant sur la mer » ce n'était pas bien différent du rayon du soir, simple et superficiel comme un trait doré et tremblant celui qui en ce moment brûlait la mer comme une topaze ». C'est encore un poème de 1861 qui apparaîtra dans Sodome et Gomorrhe : « leurs ailes de géant les empêchent de marcher » dit Mme de Cambremer confondant les mouettes avec les albatros ». Mais Marie l'infidèle ne peut pas être circonscrite à « la douceur éphémère d'un glorieux automne », et Baudelaire devait également lui « bâtir [...] un autel souterrain au fond de [s]a détresse ». C'est ainsi que naît le poème « À une Madonne » qui, en 1861, clôt par le crime le cycle Daubrun : « Pour mêler l'amour avec la barbarie, Volupté noire ! des sept Péchés capitaux, Bourreau plein de remords, je ferai sept Couteaux bien affilés, et, comme un jongleur insensible Prenant le plus profond de ton amour pour cible Je les planterai tous dans ton Cur pantelant, Dans ton Cur sanglotant, dans ton Cur ruisselant ! » C'est donc dans l'édition de 1861 que les trois grandes figures féminines des Fleurs, l'ange Apollonie, le démon Jeanne et la trop humaine Marie, acquièrent leur pleine dimension poétique, cependant que Charles, amant maudit, rejetait l'une, perdait l'autre et n'attendait plus rien de la dernière. Cette triple rupture poétique ouvre la voie à d'autres formes amoureuses et poétiques. Le cycle des autres muses s'enrichit ainsi de trois nouveaux poèmes, dont « Chanson d'après-midi », le seul entièrement composé en heptasyllabes. Ce mètre impair, véritable révolution poétique qui avait disparu depuis le Moyen Âge (à l'exception de deux poèmes de La Fontaine), sera repris par Rimbaud (« Honte ») et célébré par Verlaine (« De la musique avant toute chose, / Et pour cela préfère l'Impair »). Enfin, le mystérieux « Sonnet d'Automne » achevant ce cycle semble réunir en une marguerite (la fleur de l'incertitude amoureuse), tous les pétales des femmes aimées : les yeux de Marie, « clairs comme le cristal », l'agaçante gaieté de la Présidente « sois charmante et tais-toi » et le « spectre fait de grâce et de splendeur » de Jeanne Duval devenue « ma si blanche [...] ma si froide marguerite ». Cette alchimie qui fait de toutes les femmes un seul poème, traduit la maturité poétique de Baudelaire et libère ses fleurs de leurs pesantes racines. Parmi les autres poèmes nouveaux de Spleen et Idéal, chacun mériterait une attention particulière : - « Une gravure fantastique » qui fut écrit sur presque dix ans. - « Obsession » dont la dernière strophe semble avoir directement inspiré « Mon rêve familier » de Verlaine paru cinq ans plus tard : « Mais les ténèbres sont elles-mêmes des toiles Où vivent, jaillissant de mon il par milliers, Des êtres disparus aux regards familiers. » - « Le goût du néant », « l'une des pièces les plus désespérées de Baudelaire » selon Claude Pichois. - « Alchimie de la Douleur », inspirée par Thomas de Quincey dont Baudelaire venait de traduire « Un mangeur d'opium » - « Horreur sympathique », en référence à Delacroix. Et c'est encore avec un nouveau poème composé en 1860 que Baudelaire choisit de clore cette section : - « L'Horloge », superbe memento mori, l'un des plus anciens thèmes poétiques, revu par l'alchimie baudelairienne, c'est-à-dire sans aucun hédonisme autre que la création artistique : « Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor ! (Mon gosier de métal parle toutes les langues.) Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or ! » UNE FIN INÉDITE La section « Tableaux parisiens », aujourd'hui considérée comme constitutive des Fleurs du Mal et une spécificité de la poésie de Baudelaire, est absente de l'édition de 1857. Elle fut créée par le poète pour l'édition de 1861 et composée de 18 poèmes dont la majorité était inédite. C'est dans cette nouvelle section qu'apparaît « le plus beau peut-être des poèmes de Baudelaire par sa profondeur et ses résonances », « Le Cygne ». Dans l'édition de La Pléiade, Pichois consacre cinq pages d'étude à ce chef-d'uvre de modernité. Cependant les poèmes suivants ne sont pas en reste puisqu'on compte parmi eux plus d'un diamant : « Les petites vieilles » et « Les sept vieillards », dédiés à Victor Hugo, « À une passante », « Danse macabre », poème le plus diffusé du vivant de Baudelaire, et « Rêve parisien », avant-dernier poème qui structure la section des Tableaux et plus éclatant modèle du romantisme urbain créé par Baudelaire. Enfin, si nul ne peut envisager Les Fleurs du Mal sans sa fin d'apothéose, c'est grâce à cette seconde édition et aux trois poèmes inédits que Baudelaire ajoute après La Mort des artistes : « La fin de la journée » (qui n'est jamais paru en revue), « Le rêve d'un curieux » et surtout « Le Voyage » dont les 144 vers nourriront la glose des chercheurs et l'imaginaire des poètes du xxe siècle. Alors que l'édition de 57 s'achevait sur une triple mort, Les Fleurs de 61 annonce une triple résurrection. Ces trois poèmes signent en effet la victoire du poète sur le terrible « Ennui » qui ouvre le recueil « dans un bâillement [qui] avalerait le monde ». En 1861, la mort n'est plus une fin. Le poète s'y précipite : « Je vais me coucher sur le dos / Et me rouler dans vos rideaux, / Ô rafraîchissantes ténèbres ! », mais ce n'est que pour se relever : « J'étais mort sans surprise, et la terrible aurore / M'enveloppait. - Eh quoi ! n'est-ce donc que cela ? / La toile était levée et j'attendais encore. ». Dès lors commence pour le poète le véritable voyage, au-delà des limites de la vie réelle et des artifices du rêve, dont il a cueilli toutes les fleurs : « Ô Mort, vieux capitaine, il est temps! levons l'ancre! Ce pays nous ennuie, ô Mort! Appareillons! Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre, Nos curs que tu connais sont remplis de rayons! Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte! Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ? Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau ! » Considérer l'édition de 1861 comme une simple édition enrichie consiste à lire Les Fleurs du Mal, « auquel [il a] travaillé 20 ans » (lettre à sa mère, 1er avril 1861) comme un simple recueil de poèmes. C'est surtout ignorer la volonté même du poète clairement exprimée à Alfred Vigny par Baudelaire lorsqu'il lui a adressé cette seconde édition : « Voici les Fleurs, [...]. Tous les anciens poèmes sont remaniés. [...] Le seul éloge que je sollicite pour ce livre est qu'on reconnaisse qu'il n'est pas un pur album et qu'il a un commencement et une fin. Tous les poèmes nouveaux ont été faits pour être adaptés à un cadre singulier que j'avais choisi. ». (12 décembre 1861) Comme l'écrivent Claude Pichois et Jean Ziegler dans la biographie qu'ils consacrent au poète : « Les Fleurs de 1861 constitue une édition originale presque au même titre que celles de 1857. Elles ne contiennent pas seulement un tiers de poèmes en plus. Leur structure a été réorganisée et souvent la valeur de situation des pièces a changé ; enfin les sections passent de cinq à six, selon un ordre qui a été modifié. [...] Ce sont les Fleurs du Mal de 1861 qui constituent Baudelaire en l'un des chefs de file des nouvelles générations ». À eux seuls, les nouveaux poèmes et la restructuration de l'uvre élèvent ainsi cette nouvelle édition au rang d'uvre originale. LA FORME DIVINE DE CES POÈMES RECOMPOSÉS Mais derrière l'importance des nouveaux poèmes se cache une autre révolution poétique, comme l'annonce Charles à sa mère, révélant l'originalité de cette nouvelle uvre : « Les Fleurs du Mal sont finies. On est en train de faire la couverture et le portrait. Il y a 35 pièces nouvelles, et chaque pièce ancienne a été profondément remaniée. » (1er janvier 1861) L'annonce de la réécriture des poèmes anciens est à peine exagérée. Sur les 94 poèmes de la première édition, 55 ont été remaniés. Certains comportent des corrections d'apparence discrète : lettres, tirets, pluriels, ponctuations. Elles exercent pourtant une influence majeure sur le rythme et la lecture du poème. Les tirets cadratin, en particulier, qui structurent beaucoup de poèmes de 1857, disparaissent en grande partie dans l'édition de 1861. Ces multiples « voix » sont ainsi abandonnées et seuls les possesseurs de l'édition de 1857 connaissent aujourd'hui leur importance dans la construction primitive de la poésie baudelairienne. « Confessions » (sept tirets dans la 57), « Harmonies du Soir » (six tirets), « Le Flacon » (neuf tirets), n'en comportent plus dans l'édition de 61. « Le Balcon » conserve l'un de ses trois tirets, mais s'enrichit de nombreux points qui rompent la fluidité du poème. D'autres poèmes présentent de véritables mutations de sens et de symbolique par la substitution d'un mot ou d'un vers entier, telle que la majuscule à « juive » qui transforme l'amante Sara en représentante absolue de l'altérité, miroir du poète et de Jeanne, son autre amante à laquelle elle est comparée, mulâtresse à « la triste beauté ». Dans « Le poison », ce sont les propriétés mêmes du plus important paradis artificiel qui sont repensées par la modification d'un verbe. 57 : L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes, Projette l'illimité, 61 : L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes, Allonge l'illimité, À côté de ces subtils glissements de sens, certains poèmes subissent un profond remaniement stylistique sans lequel Les Fleurs du Mal ne serait sans doute pas devenu ce chef-d'uvre intemporel. Des poèmes comme « J'aime le souvenir de ces époques nues », « Bénédiction » ou « À une mendiante rousse » ne sont véritablement aboutis que dans la version de 1861. Pareillement, le si bien nommé poème « La beauté » comporte en 57 quelques étonnantes faiblesses: 57: Les poètes devant mes grandes attitudes, Qu'on dirait que j'emprunte aux plus fiers monuments, Consumeront leurs jours en d'austères études; Car j'ai pour fasciner ces dociles amants De purs miroirs qui font les étoiles plus belles: Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles! 61: Les poëtes, devant mes grandes attitudes, Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments, Consumeront leurs jours en d'austères études; Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants, De purs miroirs qui font toutes choses plus belles: Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles! Parfois, Baudelaire transforme également l'organisation des strophes, passant ainsi d'une rime croisée à une rime embrassée dans « Je te donne ces vers ». 57: Je te donne ces vers afin que, si mon nom Aborde heureusement aux époques lointaines, Et, navire poussé par un grand aquilon, Fait travailler un soir les cervelles humaines, 61: Je te donne ces vers afin que si mon nom Aborde heureusement aux époques lointaines, Et fait rêver un soir les cervelles humaines, Vaisseau favorisé par un grand aquilon, Et dans « Le Jeu », modifie ici la rime elle-même. 57: Dans des fauteuils fanés des courtisanes vieilles, Fronts poudrés, sourcils peints sur des regards d'acier, Qui s'en vont brimbalant à leurs maigres oreilles Un cruel et blessant tic-tac de balancier; 61: Dans des fauteuils fanés des courtisanes vieilles, Pâles, le sourcil peint, l'il câlin et fatal, Minaudant, et faisant de leurs maigres oreilles Tomber un cliquetis de pierre et de métal; Mais c'est véritablement à travers quelques-unes des pièces majeures de son uvre que les plus significatives réécritures font mesurer l'importance de cette « seconde » édition originale : « La musique » : 57: La musique parfois me prend comme une mer! Vers ma pâle étoile, Sous un plafond de brume ou dans un pur éther, Je mets à la voile; La poitrine en avant et gonflant mes poumons De toile pesante, Je monte et je descends sur le dos des grands monts D'eau retentissante; Je sens vibrer en moi toutes les passions D'un vaisseau qui souffre Le bon vent, la tempête et ses convulsions Sur le sombre gouffre Me bercent, et parfois le calme, grand miroir De mon désespoir! 61: La musique souvent me prend comme une mer! ?Vers ma pâle étoile, Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther, ?Je mets à la voile; La poitrine en avant et les poumons gonflés ?Comme de la toile, J'escalade le dos des flots amoncelés ?Que la nuit me voile; Je sens vibrer en moi toutes les passions ?D'un vaisseau qui souffre; Le bon vent, la tempête et ses convulsions ?Sur l'immense gouffre Me bercent. D'autre fois, calme plat, grand miroir ?De mon désespoir! « Quand le ciel bas et lourd », dernier et plus emblématique poème du « Spleen » baudelairien, auquel le linguiste Roman Jakobson a consacré une longue analyse structuraliste, est également profondément remanié. La puissance symbolique de sa fin doit ainsi beaucoup à la réécriture de 61 : 57: Et d'anciens corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme; et, l'Espoir Pleurant comme un vaincu, l'Angoisse despotique Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. 61: Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir, Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. Le premier vers de « La servante au grand cur » qu'Apollinaire, selon Cocteau, qualifiait de « vers événement » eut-il reçu cette suprême reconnaissance d'un pair, si Baudelaire avait conservé la strophe de 57 : 57: La servante au grand cur dont vous étiez jalouse Dort-elle son sommeil sous une humble pelouse? Nous aurions déjà dû lui porter quelques fleurs. Les morts, les pauvres morts ont de grandes douleurs, 61: La servante au grand cur dont vous étiez jalouse, Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse, Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs. Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs, Lorsque Baudelaire écrit à Alfred de Vigny que « Tous les anciens poèmes sont remaniés », Claude Pichois note l'exagération. En effet, 39 poèmes sur les 129 des Fleurs du Mal de 1861 restent strictement conformes à ceux de l'édition de 1857. Pourtant cette affirmation même du poète souligne la profonde métamorphose que les nouvelles pièces, les nouvelles sections, la restructuration complète de l'ordre des poèmes et l'intense réécriture imposent aux Fleurs du Mal de 1857. Cette « seconde édition » est véritablement l'achèvement de la grande uvre baudelairienne, comme Les Misérables de 1862 le sont duLivre des Misères annoncé en 1848. Comme, avant lui, Sade avait écrit deux Justine et, plus tard, Blanchot publiera deux Thomas l'Obscur, Baudelaire, sous un titre similaire, offre aux lecteurs deux uvres fondamentalement liées et profondément distinctes. Sans doute, comme Baudelaire, tous ces écrivains ressentirent-ils à la publication de leur uvre définitive, ce sentiment avoué par Charles à sa mère le 1er janvier 1861, son uvre nouvelle tout juste achevée : « Pour la première fois de ma vie, je suis presque content. Le livre est presque bien, et il restera, ce livre, comme témoignage de mon dégoût et de ma haine de toutes choses. » - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎BAUDELAIRE Charles‎

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(1861)

‎Les Fleurs du mal‎

‎Poulet-Malassis & de Broise, Paris 1861, 12,5x19cm, relié.‎


‎Parce que les Fleurs c'est impérissable... Seconde édition originale sur papier courant, dont il aurait été tiré 1500 exemplaires après 4 chine, quelques hollande et quelques vélin fort. Notre exemplaire bien complet du portrait de Charles Baudelaire par Félix Bracquemond sur chine contrecollé, qui manque souvent, ici en premier état, avant la mention L'artiste au dessus du portrait, pâles rousseurs. Reliure à la bradel en demi percaline orange, dos lisse orné de doubles filets dorés, date dorée en queue, pièce de titre de chagrin marron, plats de papier à la cuve, reliure de l'époque. Cette édition, entièrement recomposée par l'auteur, enrichie de 35 nouveaux poèmes et de 55 poèmes «profondément remanié[s]» est considérée à tort comme une édition «en partie originale». Véritable nouvelle édition originale, cette version des Fleurs du mal est l'aboutissement de la grande uvre baudelairienne et la seule version retenue par l'Histoire et la littérature. Longtemps considérée comme une simple réédition enrichie, cette édition majeure n'a pas eu, comme la précédente, les faveurs de l'étude bibliographique, bien qu'elle offre un champ de recherche important et instructif. Soulignons à ce propos les différents états de la gravure de Bracquemond, mais également les coquilles des tout premiers exemplaires, en partie corrigées pendant le tirage dont, dans notre exemplaire, deux initiales absentes (p.20 et 49) ajoutées à l'encre à l'époque qui font un étrange écho à cette remarque de Charles Baudelaire à l'éditeur, en janvier 1861: « Sans doute le livre est d'un bon aspect général ; mais jusque dans la dernière bonne feuille, j'ai trouvé de grosses négligences. Dans cette maison-là, c'est les correcteurs qui font défaut. Ainsi, ils ne comprennent pas la ponctuation, au point de vue de la logique ; et bien d'autres choses. Il y a aussi des lettres cassées, des lettres tombées, des chiffres romains de grosseur et de longueur inégales, etc.... ». Poulet-Malassis s'est en effet séparé de De Broise et ces nouvelles fleurs ont été imprimées par Simon Raçon à Paris. Doit-on également voir une corrélation avec le nombre d'exemplaires comportant des rousseurs sur cette seconde édition, qui s'expliquerait par une moins bonne qualité de papier et qui rend ceux dépourvus de rousseur d'une grande et précieuse rareté? «Les Fleurs du Mal ont deux visages. Au troisième il est permis de rêver» Lorsque Claude Pichois rassemble les uvres de Baudelaire pour La Pléiade, il doit faire un choix entre les trois éditions des Fleurs du mal, la première de 1857, celle revue par l'auteur en 1861 et la dernière parue juste après la mort de Baudelaire en 1868. Bien qu'étant la plus complète, comprenant 25 poèmes de plus que la seconde, la troisième édition ne peut être prise pour modèle, car son architecture et peut-être le choix même des poèmes inédits ne sont pas, avec certitude, le résultat d'une volonté auctoriale. L'édition de 1868 est donc «en partie originale», car augmentée de poèmes composés par Baudelaire après 1861 en vue d'une nouvelle édition. Mais cette édition "définitive" sera établie après la mort du poète et, en l'absence de ses directives, les nouveaux poèmes seront sélectionnés et disposés par son ami Théodore de Banville. La première édition de 1857, mythique, historique, ne peut, bien entendu, être détrônée de son statut d'édition princeps. Riche de ses célèbres coquilles (soigneusement corrigées à la main sur les premiers exemplaires offerts par l'auteur), de ses poèmes condamnés (et donc absents de la seconde édition), mais surtout de sa mise en forme pensée, travaillée, modifiée et corrigée sans cesse jusqu'aux dernières épreuves (et jusqu'à rendre fou son bienveillant éditeur, le pauvre «Coco mal perché» que Baudelaire épuisa de remarques et de critiques), la «1857» est sans conteste un inaltérable monument de l'histoire littéraire et poétique universelle, dont les exemplaires non expurgés des poèmes condamnés constituent une des pièces maitresses des collections bibliophiliques. Pourtant, elle ne pouvait être désignée comme représentante unique du chef-d'uvre de Baudelaire, tant le poète devait la repenser entièrement dans les années suivantes. Loin d'un simple recueil de poèmes, Les fleurs du mal est une uvre construite selon une logique narrative unique dans l'histoire de la poésie. Poulet-Malassis l'a appris à ses dépens, Baudelaire conçoit son livre comme une uvre plastique autant que littéraire. Divisée en sections explicites, Spleen et idéal, Fleurs du mal, Révolte, Le Vin, La mort mais également en cycles implicites (notamment consacrés aux femmes aimées), l'uvre de Baudelaire se déploie au fil de poèmes liés entre eux par une invisible filiation pour composer un récit autant qu'un tableau. La suppression des poèmes condamnés rompt cette subtile diégèse picturale et contraint Baudelaire à repenser entièrement son uvre. La seconde édition devient ainsi l'occasion d'une uvre entièrement nouvelle. Baudelaire conçoit donc un agencement différent, écrit de nouveaux poèmes d'articulation, modifie la plupart des poèmes anciens et compose une nouvelle fin. C'est cette édition de 1861 que le lecteur moderne connait. C'est elle qui sera choisie par les éditeurs de la Pléiade, dès la première publication des uvres de Baudelaire en 1931. Elle restera le modèle de toutes les éditions ultérieures. Entre 1857 et 1861, Baudelaire travaille intensément sur son uvre majeure. Il entreprend d'abord de simplement remplacer par six nouveaux poèmes ceux amputés par la censure, mais dès novembre 1858, il écrit à Poulet-Malassis: «Je commence à croire qu'au lieu de six fleurs, j'en ferai vingt.». C'est le début d'une véritable réécriture du recueil et d'une recomposition complète de sa structure. Des poèmes aussi importants que La musique, La servante au grand cur, La Beauté ou Quand le ciel bas et lourd, ne sont aujourd'hui connus que sous leurs formes définitives de 1861 très différentes de la première composition. Mais Baudelaire entreprend surtout d'augmenter son uvre de plus d'un tiers et ajoute ainsi entre 1857 et 1861 trente-cinq nouveaux poèmes dont certains figurent parmi les plus importants de Baudelaire. Ainsi l'Albatros, symbole intemporel du poète maudit, fut en partie composé durant la jeunesse de Baudelaire, mais ne parait que dans cette édition de 1861 où il prend la place du fade Soleil, (relégué aux tableaux parisiens). Il devient ainsi le troisième poème du recueil et le pilier de l'uvre nouvelle. Réponse directe à la censure de 57, il forme avec ses deux prédécesseurs, Au lecteur et Bénédiction, l'infernal cercle baudelairien: Souffrance, malédiction et incompréhension. De même, l'absence des Bijoux, dont la sensualité insulta les censeurs, fut habilement voilée par l'ajout du Masque, dans lequel la femme, devenue statue, pleure son esthétisation statique «dans le goût de l'antique». Cependant, il fallait à Baudelaire un plus sulfureux Hymne à la beauté. C'est sous ce titre qu'il introduit cette apologie d'une divinité affranchie du bien, du mal et des censures bigotes. Pourtant, il semble que pour Baudelaire ces deux poèmes ne remplacent pas entièrement «la candeur unie à la lubricité» des Bijoux. Ils ne sont que l'annonce d'une nouvelle «toison, moutonnant jusque sur l'encolure», qui s'épanouira sur deux pages à la suite du Parfum exotique. La chevelure, cet autre chef-d'uvre de la poésie sensuelle, est ainsi née, à l'instar de l'Aphrodite de Botticelli, de cette nouvelle vague de fleurs. Puis, sans autre excuse de poème à remplacer, apparaît un court Duellum suivi d'un Possédé capital et de quatre Fantôme[s]. Les Fleurs de 61 prend alors son essor et acquiert sa personnalité propre, indépendante de son aînée. C'est d'ailleurs en adressant le sulfureux Possédé à Poulet-Malassisque Baudelaire décide que la réédition des Fleurs deviendra une uvre nouvelle, qui ne tirera aucune leçon des déboires judiciaires de son aînéecomme en témoigne la réaction du poète à la légitime inquiétude de son éditeur: «Je ne croyais pas que ce misérable sonnet pût ajouter quelque chose à toutes les humiliations que Les Fleurs du mal vous ont fait subir. Il est possible, après tout, que la tournure subtile de votre esprit vous ait fait prendre 'Belzébuth' pour le con et le 'poignard charmant' pour la pine ». Libéré de la tâche aride de commettre de simples poèmes de substitution, Baudelaire repense entièrement son uvre à l'aune de sa maturité poétique et de ses amours pathétiques. La rupture avec la Présidente, la déchéance de Jeanne Duval, la trahison de Marie Daubrun, transforment sa conception du Spleen et de l'Idéal. Se jouant de la censure, il remplace la sexualité criminelle de Celle qui est trop gaie par une autre blessure, celle du poignard phallique du Possédé. Puis il règle ses comptes avec Madame Sabatier en concluant le cycle qu'il lui a consacré par un Semper Eadam (toujours la même) très explicite: «Quand notre cur a fait une fois sa vendange, / Vivre est un mal (...) et bien que votre voix soit douce, taisez-vous!». Baudelaire avait lui-même avoué à la vénérée Présidente que son amour pour elle était tout entier révélé dans Les Fleurs de 57: «Tous les vers compris entre la page 84 et la page 105 [de Tout entière au Flacon] vous appartiennent.» (Lettre à Mme Sabatier, 18 août 1857) et que deux d'entre eux étaient «incriminés» par «les misérables» magistrats (Tout entière, finalement épargné et À celle qui est trop gaie). Déjà, il lui reprochait sa «malicieuse gaieté» qui devient dans Semper «taisez-vous ignorante! âme toujours ravie». La joie, leitmotiv de la représentation de la Présidente est ainsi, pour la première fois, condamnée. Ce nouveau poème étant, de surcroît, placé en tête du cycle, il imprime sa marque sur tous les autres. Ainsi, contrairement à l'édition de 1857, dans laquelle la sacralisation de la femme idéale culmine en une profanation sacrificielle, le cycle Sabatier dans l'édition 1861 est marqué par la déception qui suit la possession de cette déesse qui se révèle trop humaine. Et l'uvre se fait reflet de la confession de Charles à Apollonie, à peine leur relation consommée : «Il y a quelques jours, tu étais une divinité, ce qui est si commode, ce qui est si beau, si inviolable. Te voilà femme maintenant» (Lettre à Madame Sabatier, 31 août 1857). Cette dualité entre idéalisation et déception, marque du poète, trouve alors sa complète réalisation dans la composition des Fleurs du mal de 1861. Le plus explicite témoignage de cette mutation radicale se relève sur les exemplaires offerts à Madame Sabatier. L'édition de 1857 portait cette dédicace: «À la Très Belle, à la Très-Bonne, à la Très Chère. / Que ce soit dans la Nuit et dans la Solitude, / Que ce soit dans la rue et dans la multitude, / Son fantôme dans l'air danse comme un Flambeau / Tout mon Être obéit à ce vivant Flambeau ! / C.B.». L'exemplaire de 1861 témoignera d'une toute autre relation: «À Madame Sabatier, Vieille amitié, C.B» Ce vent de désacralisation souffle également sur les poèmes anciens du cycle qui se trouvent transformés par de subtiles mais signifiantes modifications: Un passé simple remplaçant le passé composé fige le poèmeTout entière dans un temps révolu. L'«Ange Gardien» de Que diras tu ce soir perd une majuscule, modifiant drastiquement le sens de ce 'gardien'. Enfin, dans Le Flambeau Vivant qui servit avec le précédent à composer la dédicace de 1857, les «feux diamantés» des yeux de l'aimée se «secou[e]nt», mais ne «suspend[e]nt» plus le regard du poète, tandis que le soleil perd son unicité pour n'être plus qu'un synonyme d'étoiles. Sa Confession se fait plus explicite encore: Les tirets, signes typographiques chers à Baudelaire marquant l'intervention du poète, disparaissent, remplacés par des parenthèses et de simples virgules, et l'analogie avec la «danseuse (...) froide» se mue en identité: 57: Une fois, une seule, aimable et douce femme, À mon bras votre bras poli S'appuya; sur le fond ténébreux de mon âme Ce souvenir n'est point pâli. (...) Que c'est un dur métier que d'être belle femme, Qu'il ressemble au travail banal De la danseuse folle et froide qui se pâme Dans un sourire machinal; 61: Une fois, une seule, aimable et douce femme, À mon bras votre bras poli S'appuya (sur le fond ténébreux de mon âme Ce souvenir n'est point pâli); (...) Que c'est un dur métier que d'être belle femme, Et que c'est le travail banal De la danseuse folle et froide qui se pâme Dans un sourire machinal; Par cette réécriture, Baudelaire ne modifie pas le sens de ses poèmes au gré de ses déboires amoureux, il insuffle au sein même de l'idéal la fêlure du Spleen, et sa poésie affranchie des désirs du poète se libère de son pesant modèle vivant pour devenir universelle. À la cristallisation stendhalienne autour de la Présidente répondait une diabolisation tout aussi fantasmatique de l'autre grande passion de Baudelaire, Jeanne Duval. Frappée d'hémiplégie en 1859, elle n'est plus désormais «le vampire» qui, dans l'édition de 1857, «comme un hideux troupeau de démons, vin[t], folle et parée». Devenue en 61 «forte comme un troupeau», elle conquiert une place majeure dans le recueil par l'ajout de poèmes puissants dont Duellum, par lequel Charles, sans renoncer à la constitutive violence de leur amour, suit l'infortunée en enfer: «Roulons-y sans remords, amazone inhumaine, Afin d'éterniser l'ardeur de notre haine!». Mais c'est surtout à travers la suite Un Fantôme, nouvellement composée, que le poète rend le plus bel et tragique hommage à son amante déchue. Les ténèbres, où il «reconnai[t] [s]a belle visiteuse: C'est Elle! noire et pourtant lumineuse». Le parfum, au «Charme profond, magique, dont nous grise /Dans le présent le passé restauré!». Le cadre, dans lequel l'aimée conserve «Je ne sais quoi d'étrange et d'enchanté / En l'isolant de l'immense nature». Et enfin Le portrait, par lequel le poète, perdant sa naïve ironie d'Une charogne, observe la réalité de la mort qui s'installe dans le corps de son amante: «De ces baisers puissants comme un dictame, De ces transports plus vifs que des rayons, Que reste-t-il? C'est affreux, ô mon âme! Rien qu'un dessin fort pâle, aux trois crayons» Alors que Baudelaire, se délectait de la contemplation de «la vermine qui vous mangera de baiser» et cependant «gard[ait] la forme et l'essence divinede [s]es amours décomposés », Charles, confronté à la déchéance réelle de Jeanne, se révolte contre la mort: «Noir assassin de la Vie et de l'Art, Tu ne tueras jamais dans ma mémoire Celle qui fut mon plaisir et ma gloire!» C'est enfin au tour de Marie Daubrun de déployer ses ailes féminines sur les fleurs maladives de son malheureux amant, avec l'apparition d'un des plus beaux poèmes du recueil: Chant d'automne. Rendu notamment célèbre par l'Opus 5 de Gabriel Fauré, ce poème emblématique de l'univers baudelairien deviendra une source d'inspiration d'uvres majeures de la littérature dont La Chanson d'automne de Verlaine et L'Automne de Rainer Maria Rilke. Mais c'est sans doute Marcel Proust, grand lecteur des Fleurs, qui doit à ce Chant sa plus grande émotion poétique. «Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre, / Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.» sont, d'après Antoine Compagnon, les vers les plus cités à travers toute l'uvre de Proust. Ainsi dans A l'ombre des jeunes filles en fleurs: «Me persuadant que j'étais «assis sur le môle» ou au fond du «boudoir» dont parle Baudelaire, je me demandais si son «soleil rayonnant sur la mer» ce n'était pas biendifférent du rayon du soir, simple et superficiel comme un trait doré et tremblant celui qui en ce moment brûlait la mer comme une topaze». C'est encore un poème de 1861 qui apparaitra dans Sodome et Gomorrhe: «leurs ailes de géant les empêchent de marcher» dit Mme de Cambremer confondant les mouettes avec les albatros». Mais Marie l'infidèle ne peut pas être circonscrite à «la douceur éphémère d'un glorieux automne», et Baudelaire devait également lui «bâtir (...) un autel souterrain au fond de [s]a détresse». C'est ainsi que nait le poème À une Madonne qui, en 1861, clôt par le crime le cycle Daubrun: «pour mêler l'amour avec la barbarie, Volupté noire! des sept Péchés capitaux, Bourreau plein de remords, je ferai sept Couteaux Bien affilés, et, comme un jongleur insensible Prenant le plus profond de ton amour pour cible Je les planterai tous dans ton Cur pantelant, Dans ton Cur sanglotant, dans ton Cur ruisselant!» C'est donc dans l'édition de 1861 que les trois grandes figures féminines des Fleurs, l'ange Apollonie, le démon Jeanne et la trop humaine Marie, acquièrent leur pleine dimension poétique, cependant que Charles, amant maudit, rejetait l'une, perdait l'autre et n'attendait plus rien de la dernière. Cette triple rupture poétique ouvre la voie à d'autres formes amoureuses et poétiques. Le cycle des autres muses s'enrichit ainsi de trois nouveaux poèmes dont Chanson d'après-midi, le seul entièrement composé en heptasyllabes. Ce mètre impair, véritable révolution poétique qui avait disparu depuis le moyen-âge (à l'exception de deux poèmes de La Fontaine), sera repris par Rimbaud («Honte») et célébré par Verlaine («De la musique avant toute chose, / Et pour cela préfère l'Impair». Enfin, le mystérieux Sonnet d'Automne achevant ce cycle semble réunir en une marguerite (la fleur de l'incertitude amoureuse), tous les pétales des femmes aimées: Les yeux de Marie, «clairs comme le cristal», l'agaçante gaieté de la Présidente «sois charmante et tais-toi» et le «spectre fait de grâce et de splendeur» de Jeanne Duval devenue «ma si blanche (...) ma si froide marguerite». Cette alchimie qui fait de toutes les femmes un seul poème, traduit la maturité poétique de Baudelaire et libère ses fleurs de leurs pesantes racines. Parmi les autres poèmes nouveaux de Spleen et Idéal, chacun mériterait une attention particulière: -Une gravure fantastique qui fut écrit sur presque dix ans. -Obsession dont la dernière strophe semble avoir directement inspiré Mon rêve familier de Verlaineparu cinq ans plus tard : «Mais les ténèbres sont elles-mêmes des toiles Où vivent, jaillissant de mon il par milliers, Des êtres disparus aux regards familiers.» -Le goût du néant, «l'une des pièces les plus désespérées de Baudelaire» selon Claude Pichois. -Alchimie de la Douleur, inspirée par Thomas De Quincey dont Baudelaire venait de traduire Un mangeur d'opium -Horreur Sympathique, en référence à Delacroix. Et c'est encore avec un nouveau poème composé en 1860 que Baudelaire choisit de clore cette section : -L'Horloge, superbe memento mori, l'un des plus anciens thèmes poétiques, revu par l'alchimie baudelairienne, c'est-à-dire sans aucun hédonisme autre que la création artistique: «Remember! Souviens-toi, prodigue!Esto memor! (Mon gosier de métal parle toutes les langues.) Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or!» La section Tableaux parisiens, aujourd'hui considérée comme constitutive des Fleurs du mal et une spécificité de la poésie de Baudelaire, est absente de l'édition de 1857. Elle fut créée par le poète pour l'édition de 1861 et composée de 18 poèmes dont la majorité étaient inédits. C'est dans cette nouvelle section qu'apparaît «le plus beau peut-être des poèmes de Baudelaire par sa profondeur et ses résonnances», Le Cygne. Dans l'édition de la Pléiade, Pichois consacre cinq pages d'étude à ce chef-d'uvre de modernité. Cependant les poèmes suivants ne sont pas en reste puisqu'on compte pami euxplus d'un diamant: Les petites vieilles et les sept vieillards, dédiés à Victor Hugo, À une passante, Danse macabre, poème le plus diffusé du vivant de Baudelaire, et Rêve parisien, avant-dernier poème qui structure la section des Tableaux et plus éclatant modèle du romantisme urbain créé par Baudelaire. Enfin, si nul ne peut envisager Les Fleurs du Mal sans sa fin d'apothéose, c'est grâce à cette seconde édition et aux trois poèmes inédits que Baudelaire ajoute après La mort des artistes. La fin de la journée (qui n'est jamais paru en revue), Le rêve d'un curieux et surtout Le Voyage dont les 144 vers nourriront la glose des chercheurs et l'imaginaire des poètes du XXème siècle. Alors que l'édition de 57 s'achevait sur une triple mort, Les Fleurs de 61 annoncent une triple résurrection. Ces trois poèmes signent en effet la victoire du poète sur le terrible «Ennui» qui ouvre le recueil «dans un bâillement [qui] avalerait le monde». En 1861, la mort n'est plus une fin. Le poète s'y précipite: «Je vais me coucher sur le dos / Et me rouler dans vos rideaux, / Ô rafraîchissantes ténèbres!», mais ce n'est que pour se relever: «J'étais mort sans surprise, et la terrible aurore / M'enveloppait. Eh quoi! n'est-ce donc que cela? / La toile était levée et j'attendais encore.». Dès lors commence pour le poète le véritable voyage, au-delà des limites de la vie réelle et des artifices du rêve, dont il a cueilli toutes les fleurs : «Ô Mort, vieux capitaine, il est temps! levons l'ancre! Ce pays nous ennuie, ô Mort! Appareillons! Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre, Nos curs que tu connais sont remplis de rayons! Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte! Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe? Au fond de l'Inconnu pour trouver dunouveau!» Considérer l'édition de 1861 comme une simple édition enrichie consiste à lire Les fleurs du mal, «auquel [il a] travaillé 20 ans» (lettre à sa mère, 1er avril 1861) comme un simple recueil de poèmes. C'est surtout ignorer la volonté même du poète comme il l'a clairement exprimée auprès d'Alfred Vigny, en lui adressant cette seconde édition: «Voici les Fleurs, (...). Tous les anciens poèmes sont remaniés. (...) Le seul éloge que je sollicite pour ce livre est qu'on reconnaisse qu'il n'est pas un pur album et qu'il a un commencement et une fin. Tous les poèmes nouveaux ont été faits pour être adaptés à un cadre singulier que j'avais choisi.». (12 décembre 1861) Comme l'écrivent Claude Pichois et Jean Ziegler dans la biographie qu'ils consacrent au poète: «Les Fleurs de 1861 constituent une édition originale presque au même titre que celles de 1857. Elles ne contiennent pas seulement un tiers de poèmes en plus. Leur structure a été réorganisée et souvent la valeur de situation des pièces a changé; enfin les sections passent de cinq à six, selon un ordre qui a été modifié.(...) Ce sont les Fleurs du mal de 1861 qui constituent Baudelaire en l'un des chefs de file des nouvelles générations ». À eux seuls, les nouveaux poèmes et la restructuration de l'uvre élèvent ainsi cette nouvelle édition au rang d'uvre originale. Mais derrière l'importance des nouveaux poèmes se cache une autre révolution poétique, comme l'annonce Charles à sa mère,révélant l'importance de cette nouvelle uvre : «Les Fleurs du mal sont finies. On est en train de faire la couverture et le portrait. Il y a 35 pièces nouvelles, et chaque pièce ancienne a été profondément remaniée.» (1er janvier 1861) L'annonce de la réécriture des poèmes anciens est à peine exagérée. Sur les 94 poèmes de la première édition, 55 ont été remaniés. Certains comportent des corrections d'apparence discrètes: lettres, tirets, pluriels, ponctuations. Elles exercent pourtant une influence majeure sur le rythme et la lecture du poème. Les tirets cadratins en particulier qui structurent beaucoup de poèmes de 1857, disparaissent en grande partie dans l'édition de 1861. Ces multiples «voix» sont ainsi abandonnées et seuls les possesseurs de l'édition de 1857 connaissent aujourd'hui leur importance dans la construction primitive de la poésie baudelairienne. Confessions (sept tirets dans la 57), Harmonies du Soir (six tirets), Le Flacon (neuf tirets), n'en comportent plus dans l'édition de 61. Le Balcon conserve l'un de ses trois tirets, mais s'enrichit de nombreux points qui rompent la fluidité du poème. D'autres poèmes présentent de véritables mutations de sens et de symbolique par la substitution d'un mot ou d'un vers entier, tels que la majuscule à «juive» qui transforme l'amante Sara en représentante absolue de l'altérité, miroir du poète et de Jeanne, son autre amante à laquelle elle est comparée, mulâtresse à «la triste beauté». Dans Le poison, ce sont les propriétés même du plus important paradis artificiel qui sont repensées par la modification d'un verbe. 57: L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes, Projette l'illimité, 61: L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes, Allonge l'illimité, A côté de ces subtils glissements de sens, certains poèmes subissent un profond remaniement stylistique sans lequel Les Fleurs du mal ne serait sans doute pas devenu ce chef-d'uvre intemporel. Des poèmes comme « J'aime le souvenir de ces époques nues », « Bénédiction » ou « À une mendiante rousse » ne sont véritablement aboutis que dans la version de 61. Pareillement, le si bien nommé poème La beautécomporte en 57 quelques étonnantes faiblesses: 57: Les poètes devant mes grandes attitudes, Qu'on dirait que j'emprunte aux plus fiers monuments, Consumeront leurs jours en d'austères études; Car j'ai pour fasciner ces dociles amants De purs miroirs qui font les étoiles plus belles: Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles! 61: Les poëtes, devant mes grandes attitudes, Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments, Consumeront leurs jours en d'austères études; Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants, De purs miroirs qui font toutes choses plus belles: Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles! Parfois, Baudelaire transforme également l'organisation des strophes, passant ainsi d'une rime croisée à une rime embrasséedans Je te donne ces vers : 57: Je te donne ces vers afin que, si mon nom Aborde heureusement aux époques lointaines, Et, navire poussé par un grand aquilon, Fait travailler un soir les cervelles humaines, 61: Je te donne ces vers afin que si mon nom Aborde heureusement aux époques lointaines, Et fait rêver un soir les cervelles humaines, Vaisseau favorisé par un grand aquilon, Et dans Le Jeu, modifiant ici la rime elle-même. 57: Dans des fauteuils fanés des courtisanes vieilles, Fronts poudrés, sourcils peints sur des regards d'acier, Qui s'en vont brimbalant à leurs maigres oreilles Un cruel et blessant tic-tac de balancier; 61: Dans des fauteuils fanés des courtisanes vieilles, Pâles, le sourcil peint, l'il câlin et fatal, Minaudant, et faisant de leurs maigres oreilles Tomber un cliquetis de pierre et de métal; Mais c'est véritablement à travers quelques-unes des pièces majeures de son uvre que les plus significatives réécritures font mesurer l'importance de cette «seconde» édition originale: La musique: 57: La musique parfois me prend comme une mer! Vers ma pâle étoile, Sous un plafond de brume ou dans un pur éther, Je mets à la voile; La poitrine en avant et gonflant mes poumons De toile pesante, Je monte et je descends sur le dos des grands monts D'eau retentissante; Je sens vibrer en moi toutes les passions D'un vaisseau qui souffre Le bon vent, la tempête et ses convulsions Sur le sombre gouffre Me bercent, et parfois le calme, grand miroir De mon désespoir! 61: La musique souvent me prend comme une mer! ?Vers ma pâle étoile, Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther, ?Je mets à la voile; La poitrine en avant et les poumons gonflés ?Comme de la toile, J'escalade le dos des flots amoncelés ?Que la nuit me voile; Je sens vibrer en moi toutes les passions ?D'un vaisseau qui souffre; Le bon vent, la tempête et ses convulsions ?Sur l'immense gouffre Me bercent. D'autre fois, calme plat, grand miroir ?De mon désespoir! Quand le ciel bas et lourd, dernier et plus emblématique poème du «Spleen» baudelairien, auquel le linguiste Roman Jakobson a consacré une longue analyse structuraliste, est également profondément remanié. La puissance symbolique de sa fin doit ainsi beaucoup à la réécriture de 61: 57: Et d'anciens corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme; et, l'Espoir Pleurant comme un vaincu, l'Angoisse despotique Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. 61: Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir, Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. Le premier vers de La servante au grand curqu'Apollinaire, selon Cocteau, qualifiait de «vers événement» eut-il reçu cette suprême reconnaissance d'un pair, si Baudelaire avait conservé la strophe de 57: 57: La servante au grand cur dont vous étiez jalouse Dort-elle son sommeil sous une humble pelouse? Nous aurions déjà dû lui porter quelques fleurs. Les morts, les pauvres morts ont de grandes douleurs, 61: La servante au grand cur dont vous étiez jalouse, Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse, Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs. Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs, Lorsque Baudelaire écrit à Alfred de Vigny que «Tous les anciens poèmes sont remaniés», Claude Pichois note l'exagération. En effet, 39 poèmes sur les 129 des Fleurs du mal de 1861 restent strictement conformes à ceux de l'édition de 1857. Pourtant cette affirmation même du poète souligne la profonde métamorphose que les nouvelles pièces, les nouvelles sections, la restructuration complète de l'ordre des poèmes et l'intense réécriture imposent aux Fleurs de mal de 1857. Cette «seconde édition» est véritablement l'achèvement de la grande uvre baudelairienne, comme Les Misérables de 1862 le sont duLivre des Misères annoncé en 1848, La Tentation de Saint-Antoine de 1874 de sa première version rédigée dès 1849, Le Horla publié en 1887 de La lettre d'un fou écrite en 1885 ou du premier Horla parut en 1886 dans Gil Blas. Comme, avant lui, Sade avait écrit deux Justine et, plus tard, Blanchot publiera deux Thomas l'Obscur, Baudelaire, sous un titre similaire, offre aux lecteurs deux uvres fondamentalement liées et profondément distinctes. Sans doute, comme Baudelaire, tous ces écrivains ressentirent-ils à la publication de leur uvre définitive, ce sentiment avoué par Charles à sa mère le 1er janvier 1861, son uvre nouvelle tout juste achevée: «Pour la première fois de ma vie, je suis presque content. Le livre est presque bien, et il restera, ce livre, comme témoignage de mon dégoût et de ma haine de toutes choses.» - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎BAUDELAIRE Charles‎

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(1861)

‎Les Fleurs du mal‎

‎Poulet-Malassis & de Broise, Paris 1861, 12,1x18,8cm, relié sous étui.‎


‎Seconde édition originale. Reliure en demi maroquin marron chocolat à coins, dos très légèrement éclairci à cinq nerfs orné de fleurons dorés, encadrement d'un double filet dorés sur les plats de papier peigné, gardes et contreplats de papier à la cuve, tête dorée. Rousseurs. Notre exemplaire est enrichi d'un portrait de Charles Baudelaire par Félix Bracquemond gravé sur chine, ici en deuxième état. Cette édition, entièrement recomposée par l'auteur, enrichie de 35 nouveaux poèmes et de 55 poèmes «profondément remanié[s]» est considérée à tort comme une édition «en partie originale». Véritable nouvelle édition originale, cette version des Fleurs du mal est l'aboutissement de la grande uvre baudelairienne et la seule version retenue par l'Histoire et la littérature. Longtemps considérée comme une simple réédition enrichie, cette édition majeure n'a pas eu, comme la précédente, les faveurs de l'étude bibliographique, bien qu'elle offre un champ de recherche important et instructif. Soulignons à ce propos les différents états de la gravure de Bracquemond, mais également les coquilles des tout premiers exemplaires, en partie corrigées pendant le tirage dont, dans notre exemplaire, deux initiales absentes (p.20 et 49) ajoutées à l'encre à l'époque qui font un étrange écho à cette remarque de Charles Baudelaire à l'éditeur, en janvier 1861: « Sans doute le livre est d'un bon aspect général ; mais jusque dans la dernière bonne feuille, j'ai trouvé de grosses négligences. Dans cette maison-là, c'est les correcteurs qui font défaut. Ainsi, ils ne comprennent pas la ponctuation, au point de vue de la logique ; et bien d'autres choses. Il y a aussi des lettres cassées, des lettres tombées, des chiffres romains de grosseur et de longueur inégales, etc.... ». Poulet-Malassis s'est en effet séparé de De Broise et ces nouvelles fleurs ont été imprimées par Simon Raçon à Paris. Doit-on également voir une corrélation avec le nombre d'exemplaires comportant des rousseurs sur cette seconde édition, qui s'expliquerait par une moins bonne qualité de papier et qui rend ceux dépourvus de rousseur d'une grande et précieuse rareté? «Les Fleurs du Mal ont deux visages. Au troisième il est permis de rêver» Lorsque Claude Pichois rassemble les uvres de Baudelaire pour La Pléiade, il doit faire un choix entre les trois éditions des Fleurs du mal, la première de 1857, celle revue par l'auteur en 1861 et la dernière parue juste après la mort de Baudelaire en 1868. Bien qu'étant la plus complète, comprenant 25 poèmes de plus que la seconde, la troisième édition ne peut être prise pour modèle, car son architecture et peut-être le choix même des poèmes inédits ne sont pas, avec certitude, le résultat d'une volonté auctoriale. L'édition de 1868 est donc «en partie originale», car augmentée de poèmes composés par Baudelaire après 1861 en vue d'une nouvelle édition. Mais cette édition "définitive" sera établie après la mort du poète et, en l'absence de ses directives, les nouveaux poèmes seront sélectionnés et disposés par son ami Théodore de Banville. La première édition de 1857, mythique, historique, ne peut, bien entendu, être détrônée de son statut d'édition princeps. Riche de ses célèbres coquilles (soigneusement corrigées à la main sur les premiers exemplaires offerts par l'auteur), de ses poèmes condamnés (et donc absents de la seconde édition), mais surtout de sa mise en forme pensée, travaillée, modifiée et corrigée sans cesse jusqu'aux dernières épreuves (et jusqu'à rendre fou son bienveillant éditeur, le pauvre «Coco mal perché» que Baudelaire épuisa de remarques et de critiques), la «1857» est sans conteste un inaltérable monument de l'histoire littéraire et poétique universelle, dont les exemplaires non expurgés des poèmes condamnés constituent une des pièces maitresses des collections bibliophiliques. Pourtant, elle ne pouvait être désignée comme représentante unique du chef-d'uvre de Baudelaire, tant le poète devait la repenser entièrement dans les années suivantes. Loin d'un simple recueil de poèmes, Les fleurs du mal est une uvre construite selon une logique narrative unique dans l'histoire de la poésie. Poulet-Malassis l'a appris à ses dépens, Baudelaire conçoit son livre comme une uvre plastique autant que littéraire. Divisée en sections explicites, Spleen et idéal, Fleurs du mal, Révolte, Le Vin, La mort mais également en cycles implicites (notamment consacrés aux femmes aimées), l'uvre de Baudelaire se déploie au fil de poèmes liés entre eux par une invisible filiation pour composer un récit autant qu'un tableau. La suppression des poèmes condamnés rompt cette subtile diégèse picturale et contraint Baudelaire à repenser entièrement son uvre. La seconde édition devient ainsi l'occasion d'une uvre entièrement nouvelle. Baudelaire conçoit donc un agencement différent, écrit de nouveaux poèmes d'articulation, modifie la plupart des poèmes anciens et compose une nouvelle fin. C'est cette édition de 1861 que le lecteur moderne connait. C'est elle qui sera choisie par les éditeurs de la Pléiade, dès la première publication des uvres de Baudelaire en 1931. Elle restera le modèle de toutes les éditions ultérieures. Entre 1857 et 1861, Baudelaire travaille intensément sur son uvre majeure. Il entreprend d'abord de simplement remplacer par six nouveaux poèmes ceux amputés par la censure, mais dès novembre 1858, il écrit à Poulet-Malassis: «Je commence à croire qu'au lieu de six fleurs, j'en ferai vingt.». C'est le début d'une véritable réécriture du recueil et d'une recomposition complète de sa structure. Des poèmes aussi importants que La musique, La servante au grand cur, La Beauté ou Quand le ciel bas et lourd, ne sont aujourd'hui connus que sous leurs formes définitives de 1861 très différentes de la première composition. Mais Baudelaire entreprend surtout d'augmenter son uvre de plus d'un tiers et ajoute ainsi entre 1857 et 1861 trente-cinq nouveaux poèmes dont certains figurent parmi les plus importants de Baudelaire. Ainsi l'Albatros, symbole intemporel du poète maudit, fut en partie composé durant la jeunesse de Baudelaire, mais ne parait que dans cette édition de 1861 où il prend la place du fade Soleil, (relégué aux tableaux parisiens). Il devient ainsi le troisième poème du recueil et le pilier de l'uvre nouvelle. Réponse directe à la censure de 57, il forme avec ses deux prédécesseurs, Au lecteur et Bénédiction, l'infernal cercle baudelairien: Souffrance, malédiction et incompréhension. De même, l'absence des Bijoux, dont la sensualité insulta les censeurs, fut habilement voilée par l'ajout du Masque, dans lequel la femme, devenue statue, pleure son esthétisation statique «dans le goût de l'antique». Cependant, il fallait à Baudelaire un plus sulfureux Hymne à la beauté. C'est sous ce titre qu'il introduit cette apologie d'une divinité affranchie du bien, du mal et des censures bigotes. Pourtant, il semble que pour Baudelaire ces deux poèmes ne remplacent pas entièrement «la candeur unie à la lubricité» des Bijoux. Ils ne sont que l'annonce d'une nouvelle «toison, moutonnant jusque sur l'encolure», qui s'épanouira sur deux pages à la suite du Parfum exotique. La chevelure, cet autre chef-d'uvre de la poésie sensuelle, est ainsi née, à l'instar de l'Aphrodite de Botticelli, de cette nouvelle vague de fleurs. Puis, sans autre excuse de poème à remplacer, apparaît un court Duellum suivi d'un Possédé capital et de quatre Fantôme[s]. Les Fleurs de 61 prend alors son essor et acquiert sa personnalité propre, indépendante de son aînée. C'est d'ailleurs en adressant le sulfureux Possédé à Poulet-Malassisque Baudelaire décide que la réédition des Fleurs deviendra une uvre nouvelle, qui ne tirera aucune leçon des déboires judiciaires de son aînéecomme en témoigne la réaction du poète à la légitime inquiétude de son éditeur: «Je ne croyais pas que ce misérable sonnet pût ajouter quelque chose à toutes les humiliations que Les Fleurs du mal vous ont fait subir. Il est possible, après tout, que la tournure subtile de votre esprit vous ait fait prendre 'Belzébuth' pour le con et le 'poignard charmant' pour la pine ». Libéré de la tâche aride de commettre de simples poèmes de substitution, Baudelaire repense entièrement son uvre à l'aune de sa maturité poétique et de ses amours pathétiques. La rupture avec la Présidente, la déchéance de Jeanne Duval, la trahison de Marie Daubrun, transforment sa conception du Spleen et de l'Idéal. Se jouant de la censure, il remplace la sexualité criminelle de Celle qui est trop gaie par une autre blessure, celle du poignard phallique du Possédé. Puis il règle ses comptes avec Madame Sabatier en concluant le cycle qu'il lui a consacré par un Semper Eadam (toujours la même) très explicite: «Quand notre cur a fait une fois sa vendange, / Vivre est un mal (...) et bien que votre voix soit douce, taisez-vous!». Baudelaire avait lui-même avoué à la vénérée Présidente que son amour pour elle était tout entier révélé dans Les Fleurs de 57: «Tous les vers compris entre la page 84 et la page 105 [de Tout entière au Flacon] vous appartiennent.» (Lettre à Mme Sabatier, 18 août 1857) et que deux d'entre eux étaient «incriminés» par «les misérables» magistrats (Tout entière, finalement épargné et À celle qui est trop gaie). Déjà, il lui reprochait sa «malicieuse gaieté» qui devient dans Semper «taisez-vous ignorante! âme toujours ravie». La joie, leitmotiv de la représentation de la Présidente est ainsi, pour la première fois, condamnée. Ce nouveau poème étant, de surcroît, placé en tête du cycle, il imprime sa marque sur tous les autres. Ainsi, contrairement à l'édition de 1857, dans laquelle la sacralisation de la femme idéale culmine en une profanation sacrificielle, le cycle Sabatier dans l'édition 1861 est marqué par la déception qui suit la possession de cette déesse qui se révèle trop humaine. Et l'uvre se fait reflet de la confession de Charles à Apollonie, à peine leur relation consommée : «Il y a quelques jours, tu étais une divinité, ce qui est si commode, ce qui est si beau, si inviolable. Te voilà femme maintenant» (Lettre à Madame Sabatier, 31 août 1857). Cette dualité entre idéalisation et déception, marque du poète, trouve alors sa complète réalisation dans la composition des Fleurs du mal de 1861. Le plus explicite témoignage de cette mutation radicale se relève sur les exemplaires offerts à Madame Sabatier. L'édition de 1857 portait cette dédicace: «À la Très Belle, à la Très-Bonne, à la Très Chère. / Que ce soit dans la Nuit et dans la Solitude, / Que ce soit dans la rue et dans la multitude, / Son fantôme dans l'air danse comme un Flambeau / Tout mon Être obéit à ce vivant Flambeau ! / C.B.». L'exemplaire de 1861 témoignera d'une toute autre relation: «À Madame Sabatier, Vieille amitié, C.B» Ce vent de désacralisation souffle également sur les poèmes anciens du cycle qui se trouvent transformés par de subtiles mais signifiantes modifications: Un passé simple remplaçant le passé composé fige le poèmeTout entière dans un temps révolu. L'«Ange Gardien» de Que diras tu ce soir perd une majuscule, modifiant drastiquement le sens de ce 'gardien'. Enfin, dans Le Flambeau Vivant qui servit avec le précédent à composer la dédicace de 1857, les «feux diamantés» des yeux de l'aimée se «secou[e]nt», mais ne «suspend[e]nt» plus le regard du poète, tandis que le soleil perd son unicité pour n'être plus qu'un synonyme d'étoiles. Sa Confession se fait plus explicite encore: Les tirets, signes typographiques chers à Baudelaire marquant l'intervention du poète, disparaissent, remplacés par des parenthèses et de simples virgules, et l'analogie avec la «danseuse (...) froide» se mue en identité: 57: Une fois, une seule, aimable et douce femme, À mon bras votre bras poli S'appuya; sur le fond ténébreux de mon âme Ce souvenir n'est point pâli. (...) Que c'est un dur métier que d'être belle femme, Qu'il ressemble au travail banal De la danseuse folle et froide qui se pâme Dans un sourire machinal; 61: Une fois, une seule, aimable et douce femme, À mon bras votre bras poli S'appuya (sur le fond ténébreux de mon âme Ce souvenir n'est point pâli); (...) Que c'est un dur métier que d'être belle femme, Et que c'est le travail banal De la danseuse folle et froide qui se pâme Dans un sourire machinal; Par cette réécriture, Baudelaire ne modifie pas le sens de ses poèmes au gré de ses déboires amoureux, il insuffle au sein même de l'idéal la fêlure du Spleen, et sa poésie affranchie des désirs du poète se libère de son pesant modèle vivant pour devenir universelle. À la cristallisation stendhalienne autour de la Présidente répondait une diabolisation tout aussi fantasmatique de l'autre grande passion de Baudelaire, Jeanne Duval. Frappée d'hémiplégie en 1859, elle n'est plus désormais «le vampire» qui, dans l'édition de 1857, «comme un hideux troupeau de démons, vin[t], folle et parée». Devenue en 61 «forte comme un troupeau», elle conquiert une place majeure dans le recueil par l'ajout de poèmes puissants dont Duellum, par lequel Charles, sans renoncer à la constitutive violence de leur amour, suit l'infortunée en enfer: «Roulons-y sans remords, amazone inhumaine, Afin d'éterniser l'ardeur de notre haine!». Mais c'est surtout à travers la suite Un Fantôme, nouvellement composée, que le poète rend le plus bel et tragique hommage à son amante déchue. Les ténèbres, où il «reconnai[t] [s]a belle visiteuse: C'est Elle! noire et pourtant lumineuse». Le parfum, au «Charme profond, magique, dont nous grise /Dans le présent le passé restauré!». Le cadre, dans lequel l'aimée conserve «Je ne sais quoi d'étrange et d'enchanté / En l'isolant de l'immense nature». Et enfin Le portrait, par lequel le poète, perdant sa naïve ironie d'Une charogne, observe la réalité de la mort qui s'installe dans le corps de son amante: «De ces baisers puissants comme un dictame, De ces transports plus vifs que des rayons, Que reste-t-il? C'est affreux, ô mon âme! Rien qu'un dessin fort pâle, aux trois crayons» Alors que Baudelaire, se délectait de la contemplation de «la vermine qui vous mangera de baiser» et cependant «gard[ait] la forme et l'essence divinede [s]es amours décomposés », Charles, confronté à la déchéance réelle de Jeanne, se révolte contre la mort: «Noir assassin de la Vie et de l'Art, Tu ne tueras jamais dans ma mémoire Celle qui fut mon plaisir et ma gloire!» C'est enfin au tour de Marie Daubrun de déployer ses ailes féminines sur les fleurs maladives de son malheureux amant, avec l'apparition d'un des plus beaux poèmes du recueil: Chant d'automne. Rendu notamment célèbre par l'Opus 5 de Gabriel Fauré, ce poème emblématique de l'univers baudelairien deviendra une source d'inspiration d'uvres majeures de la littérature dont La Chanson d'automne de Verlaine et L'Automne de Rainer Maria Rilke. Mais c'est sans doute Marcel Proust, grand lecteur des Fleurs, qui doit à ce Chant sa plus grande émotion poétique. «Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre, / Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.» sont, d'après Antoine Compagnon, les vers les plus cités à travers toute l'uvre de Proust. Ainsi dans A l'ombre des jeunes filles en fleurs: «Me persuadant que j'étais «assis sur le môle» ou au fond du «boudoir» dont parle Baudelaire, je me demandais si son «soleil rayonnant sur la mer» ce n'était pas biendifférent du rayon du soir, simple et superficiel comme un trait doré et tremblant celui qui en ce moment brûlait la mer comme une topaze». C'est encore un poème de 1861 qui apparaitra dans Sodome et Gomorrhe: «leurs ailes de géant les empêchent de marcher» dit Mme de Cambremer confondant les mouettes avec les albatros». Mais Marie l'infidèle ne peut pas être circonscrite à «la douceur éphémère d'un glorieux automne», et Baudelaire devait également lui «bâtir (...) un autel souterrain au fond de [s]a détresse». C'est ainsi que nait le poème À une Madonne qui, en 1861, clôt par le crime le cycle Daubrun: «pour mêler l'amour avec la barbarie, Volupté noire! des sept Péchés capitaux, Bourreau plein de remords, je ferai sept Couteaux Bien affilés, et, comme un jongleur insensible Prenant le plus profond de ton amour pour cible Je les planterai tous dans ton Cur pantelant, Dans ton Cur sanglotant, dans ton Cur ruisselant!» C'est donc dans l'édition de 1861 que les trois grandes figures féminines des Fleurs, l'ange Apollonie, le démon Jeanne et la trop humaine Marie, acquièrent leur pleine dimension poétique, cependant que Charles, amant maudit, rejetait l'une, perdait l'autre et n'attendait plus rien de la dernière. Cette triple rupture poétique ouvre la voie à d'autres formes amoureuses et poétiques. Le cycle des autres muses s'enrichit ainsi de trois nouveaux poèmes dont Chanson d'après-midi, le seul entièrement composé en heptasyllabes. Ce mètre impair, véritable révolution poétique qui avait disparu depuis le moyen-âge (à l'exception de deux poèmes de La Fontaine), sera repris par Rimbaud («Honte») et célébré par Verlaine («De la musique avant toute chose, / Et pour cela préfère l'Impair». Enfin, le mystérieux Sonnet d'Automne achevant ce cycle semble réunir en une marguerite (la fleur de l'incertitude amoureuse), tous les pétales des femmes aimées: Les yeux de Marie, «clairs comme le cristal», l'agaçante gaieté de la Présidente «sois charmante et tais-toi» et le «spectre fait de grâce et de splendeur» de Jeanne Duval devenue «ma si blanche (...) ma si froide marguerite». Cette alchimie qui fait de toutes les femmes un seul poème, traduit la maturité poétique de Baudelaire et libère ses fleurs de leurs pesantes racines. Parmi les autres poèmes nouveaux de Spleen et Idéal, chacun mériterait une attention particulière: -Une gravure fantastique qui fut écrit sur presque dix ans. -Obsession dont la dernière strophe semble avoir directement inspiré Mon rêve familier de Verlaineparu cinq ans plus tard : «Mais les ténèbres sont elles-mêmes des toiles Où vivent, jaillissant de mon il par milliers, Des êtres disparus aux regards familiers.» -Le goût du néant, «l'une des pièces les plus désespérées de Baudelaire» selon Claude Pichois. -Alchimie de la Douleur, inspirée par Thomas De Quincey dont Baudelaire venait de traduire Un mangeur d'opium -Horreur Sympathique, en référence à Delacroix. Et c'est encore avec un nouveau poème composé en 1860 que Baudelaire choisit de clore cette section : -L'Horloge, superbe memento mori, l'un des plus anciens thèmes poétiques, revu par l'alchimie baudelairienne, c'est-à-dire sans aucun hédonisme autre que la création artistique: «Remember! Souviens-toi, prodigue!Esto memor! (Mon gosier de métal parle toutes les langues.) Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or!» La section Tableaux parisiens, aujourd'hui considérée comme constitutive des Fleurs du mal et une spécificité de la poésie de Baudelaire, est absente de l'édition de 1857. Elle fut créée par le poète pour l'édition de 1861 et composée de 18 poèmes dont la majorité étaient inédits. C'est dans cette nouvelle section qu'apparaît «le plus beau peut-être des poèmes de Baudelaire par sa profondeur et ses résonnances», Le Cygne. Dans l'édition de la Pléiade, Pichois consacre cinq pages d'étude à ce chef-d'uvre de modernité. Cependant les poèmes suivants ne sont pas en reste puisqu'on compte pami euxplus d'un diamant: Les petites vieilles et les sept vieillards, dédiés à Victor Hugo, À une passante, Danse macabre, poème le plus diffusé du vivant de Baudelaire, et Rêve parisien, avant-dernier poème qui structure la section des Tableaux et plus éclatant modèle du romantisme urbain créé par Baudelaire. Enfin, si nul ne peut envisager Les Fleurs du Mal sans sa fin d'apothéose, c'est grâce à cette seconde édition et aux trois poèmes inédits que Baudelaire ajoute après La mort des artistes. La fin de la journée (qui n'est jamais paru en revue), Le rêve d'un curieux et surtout Le Voyage dont les 144 vers nourriront la glose des chercheurs et l'imaginaire des poètes du XXème siècle. Alors que l'édition de 57 s'achevait sur une triple mort, Les Fleurs de 61 annoncent une triple résurrection. Ces trois poèmes signent en effet la victoire du poète sur le terrible «Ennui» qui ouvre le recueil «dans un bâillement [qui] avalerait le monde». En 1861, la mort n'est plus une fin. Le poète s'y précipite: «Je vais me coucher sur le dos / Et me rouler dans vos rideaux, / Ô rafraîchissantes ténèbres!», mais ce n'est que pour se relever: «J'étais mort sans surprise, et la terrible aurore / M'enveloppait. Eh quoi! n'est-ce donc que cela? / La toile était levée et j'attendais encore.». Dès lors commence pour le poète le véritable voyage, au-delà des limites de la vie réelle et des artifices du rêve, dont il a cueilli toutes les fleurs : «Ô Mort, vieux capitaine, il est temps! levons l'ancre! Ce pays nous ennuie, ô Mort! Appareillons! Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre, Nos curs que tu connais sont remplis de rayons! Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte! Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe? Au fond de l'Inconnu pour trouver dunouveau!» Considérer l'édition de 1861 comme une simple édition enrichie consiste à lire Les fleurs du mal, «auquel [il a] travaillé 20 ans» (lettre à sa mère, 1er avril 1861) comme un simple recueil de poèmes. C'est surtout ignorer la volonté même du poète comme il l'a clairement exprimée auprès d'Alfred Vigny, en lui adressant cette seconde édition: «Voici les Fleurs, (...). Tous les anciens poèmes sont remaniés. (...) Le seul éloge que je sollicite pour ce livre est qu'on reconnaisse qu'il n'est pas un pur album et qu'il a un commencement et une fin. Tous les poèmes nouveaux ont été faits pour être adaptés à un cadre singulier que j'avais choisi.». (12 décembre 1861) Comme l'écrivent Claude Pichois et Jean Ziegler dans la biographie qu'ils consacrent au poète: «Les Fleurs de 1861 constituent une édition originale presque au même titre que celles de 1857. Elles ne contiennent pas seulement un tiers de poèmes en plus. Leur structure a été réorganisée et souvent la valeur de situation des pièces a changé; enfin les sections passent de cinq à six, selon un ordre qui a été modifié.(...) Ce sont les Fleurs du mal de 1861 qui constituent Baudelaire en l'un des chefs de file des nouvelles générations ». À eux seuls, les nouveaux poèmes et la restructuration de l'uvre élèvent ainsi cette nouvelle édition au rang d'uvre originale. Mais derrière l'importance des nouveaux poèmes se cache une autre révolution poétique, comme l'annonce Charles à sa mère,révélant l'importance de cette nouvelle uvre : «Les Fleurs du mal sont finies. On est en train de faire la couverture et le portrait. Il y a 35 pièces nouvelles, et chaque pièce ancienne a été profondément remaniée.» (1er janvier 1861) L'annonce de la réécriture des poèmes anciens est à peine exagérée. Sur les 94 poèmes de la première édition, 55 ont été remaniés. Certains comportent des corrections d'apparence discrètes: lettres, tirets, pluriels, ponctuations. Elles exercent pourtant une influence majeure sur le rythme et la lecture du poème. Les tirets cadratins en particulier qui structurent beaucoup de poèmes de 1857, disparaissent en grande partie dans l'édition de 1861. Ces multiples «voix» sont ainsi abandonnées et seuls les possesseurs de l'édition de 1857 connaissent aujourd'hui leur importance dans la construction primitive de la poésie baudelairienne. Confessions (sept tirets dans la 57), Harmonies du Soir (six tirets), Le Flacon (neuf tirets), n'en comportent plus dans l'édition de 61. Le Balcon conserve l'un de ses trois tirets, mais s'enrichit de nombreux points qui rompent la fluidité du poème. D'autres poèmes présentent de véritables mutations de sens et de symbolique par la substitution d'un mot ou d'un vers entier, tels que la majuscule à «juive» qui transforme l'amante Sara en représentante absolue de l'altérité, miroir du poète et de Jeanne, son autre amante à laquelle elle est comparée, mulâtresse à «la triste beauté». Dans Le poison, ce sont les propriétés même du plus important paradis artificiel qui sont repensées par la modification d'un verbe. 57: L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes, Projette l'illimité, 61: L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes, Allonge l'illimité, A côté de ces subtils glissements de sens, certains poèmes subissent un profond remaniement stylistique sans lequel Les Fleurs du mal ne serait sans doute pas devenu ce chef-d'uvre intemporel. Des poèmes comme « J'aime le souvenir de ces époques nues », « Bénédiction » ou « À une mendiante rousse » ne sont véritablement aboutis que dans la version de 61. Pareillement, le si bien nommé poème La beautécomporte en 57 quelques étonnantes faiblesses: 57: Les poètes devant mes grandes attitudes, Qu'on dirait que j'emprunte aux plus fiers monuments, Consumeront leurs jours en d'austères études; Car j'ai pour fasciner ces dociles amants De purs miroirs qui font les étoiles plus belles: Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles! 61: Les poëtes, devant mes grandes attitudes, Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments, Consumeront leurs jours en d'austères études; Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants, De purs miroirs qui font toutes choses plus belles: Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles! Parfois, Baudelaire transforme également l'organisation des strophes, passant ainsi d'une rime croisée à une rime embrasséedans Je te donne ces vers : 57: Je te donne ces vers afin que, si mon nom Aborde heureusement aux époques lointaines, Et, navire poussé par un grand aquilon, Fait travailler un soir les cervelles humaines, 61: Je te donne ces vers afin que si mon nom Aborde heureusement aux époques lointaines, Et fait rêver un soir les cervelles humaines, Vaisseau favorisé par un grand aquilon, Et dans Le Jeu, modifiant ici la rime elle-même. 57: Dans des fauteuils fanés des courtisanes vieilles, Fronts poudrés, sourcils peints sur des regards d'acier, Qui s'en vont brimbalant à leurs maigres oreilles Un cruel et blessant tic-tac de balancier; 61: Dans des fauteuils fanés des courtisanes vieilles, Pâles, le sourcil peint, l'il câlin et fatal, Minaudant, et faisant de leurs maigres oreilles Tomber un cliquetis de pierre et de métal; Mais c'est véritablement à travers quelques-unes des pièces majeures de son uvre que les plus significatives réécritures font mesurer l'importance de cette «seconde» édition originale: La musique: 57: La musique parfois me prend comme une mer! Vers ma pâle étoile, Sous un plafond de brume ou dans un pur éther, Je mets à la voile; La poitrine en avant et gonflant mes poumons De toile pesante, Je monte et je descends sur le dos des grands monts D'eau retentissante; Je sens vibrer en moi toutes les passions D'un vaisseau qui souffre Le bon vent, la tempête et ses convulsions Sur le sombre gouffre Me bercent, et parfois le calme, grand miroir De mon désespoir! 61: La musique souvent me prend comme une mer! ?Vers ma pâle étoile, Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther, ?Je mets à la voile; La poitrine en avant et les poumons gonflés ?Comme de la toile, J'escalade le dos des flots amoncelés ?Que la nuit me voile; Je sens vibrer en moi toutes les passions ?D'un vaisseau qui souffre; Le bon vent, la tempête et ses convulsions ?Sur l'immense gouffre Me bercent. D'autre fois, calme plat, grand miroir ?De mon désespoir! Quand le ciel bas et lourd, dernier et plus emblématique poème du «Spleen» baudelairien, auquel le linguiste Roman Jakobson a consacré une longue analyse structuraliste, est également profondément remanié. La puissance symbolique de sa fin doit ainsi beaucoup à la réécriture de 61: 57: Et d'anciens corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme; et, l'Espoir Pleurant comme un vaincu, l'Angoisse despotique Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. 61: Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir, Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. Le premier vers de La servante au grand curqu'Apollinaire, selon Cocteau, qualifiait de «vers événement» eut-il reçu cette suprême reconnaissance d'un pair, si Baudelaire avait conservé la strophe de 57: 57: La servante au grand cur dont vous étiez jalouse Dort-elle son sommeil sous une humble pelouse? Nous aurions déjà dû lui porter quelques fleurs. Les morts, les pauvres morts ont de grandes douleurs, 61: La servante au grand cur dont vous étiez jalouse, Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse, Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs. Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs, Lorsque Baudelaire écrit à Alfred de Vigny que «Tous les anciens poèmes sont remaniés», Claude Pichois note l'exagération. En effet, 39 poèmes sur les 129 des Fleurs du mal de 1861 restent strictement conformes à ceux de l'édition de 1857. Pourtant cette affirmation même du poète souligne la profonde métamorphose que les nouvelles pièces, les nouvelles sections, la restructuration complète de l'ordre des poèmes et l'intense réécriture imposent aux Fleurs de mal de 1857. Cette «seconde édition» est véritablement l'achèvement de la grande uvre baudelairienne, comme Les Misérables de 1862 le sont duLivre des Misères annoncé en 1848, La Tentation de Saint-Antoine de 1874 de sa première version rédigée dès 1849, Le Horla publié en 1887 de La lettre d'un fou écrite en 1885 ou du premier Horla parut en 1886 dans Gil Blas. Comme, avant lui, Sade avait écrit deux Justine et, plus tard, Blanchot publiera deux Thomas l'Obscur, Baudelaire, sous un titre similaire, offre aux lecteurs deux uvres fondamentalement liées et profondément distinctes. Sans doute, comme Baudelaire, tous ces écrivains ressentirent-ils à la publication de leur uvre définitive, ce sentiment avoué par Charles à sa mère le 1er janvier 1861, son uvre nouvelle tout juste achevée: «Pour la première fois de ma vie, je suis presque content. Le livre est presque bien, et il restera, ce livre, comme témoignage de mon dégoût et de ma haine de toutes choses.» L'importance capitale de cette uvre dans l'histoire littéraire, bien au-delà de la francophonie, autant que l'histoire particulière de sa publication, ont contribué à l'intérêt porté très tôt à l'édition originale et les deux éditions suivantes en partie originales. En 1860, lors de la vente à l'encan de tous les biens de Custine, mort en août 1857, il était encore fait peu de cas des poésies d'un poète graveleux et de mauvaises murs. Mais, en 1865, Baudelaire lui-même constate que «?depuis deux ans on demande partout [Les Fleurs du Mal], et dans les ventes, elles se vendent même assez cher?». - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎BAUDELAIRE Charles & HUGO Victor‎

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(1859)

‎Théophile Gautier. Notice littéraire précédée d'une lettre de Victor Hugo‎

‎Poulet-Malassis et de Broise, Paris 1859, 11,5x18cm, relié.‎


‎| Envois de Baudelaire & Hugo : la tempétueuse rencontre littéraire de l'Albatros et de l'Homme Océan | Édition originale, dont il n'a été tiré que 500 exemplaires. Portrait de Théophile Gautier gravé à l'eau forte par Emile Thérond en frontisipice. Importante lettre préface de Victor Hugo. Reliure en plein maroquin rouge, dos à cinq nerfs sertis de filets noirs, date dorée en queue, gardes et contreplats de papier à la cuve, ex-libris baudelairien de Renée Cortot encollé sur la première garde, couvertures conservées, tête dorée. Pâles rousseurs affectant les premiers et derniers feuillets, bel exemplaire parfaitement établi. Rare envoi autographe signé de Charles Baudelaire?: «?à mon ami Paul Meurice. Ch. Baudelaire.?» Un billet d'ex-dono autographe de Victor Hugo adressé à Paul Meurice à été joint à cet exemplaire par nos soins et monté sur onglet. Ce billet, qui ne fut sans doute jamais utilisé, avait été cependant préparé, avec quelques autres, par Victor Hugo pour offrir à son ami un exemplaire de ses uvres publiées à Paris, pendant son exil. Si l'histoire ne permit pas à Hugo d'adresser cet ouvrage à Meurice, ce billet d'envoi, jusqu'à lors non utilisé, ne pouvait être, selon nous, plus justement associé. Cette exceptionnelle dédicace manuscrite de Charles Baudelaire à Paul Meurice, véritable frère de substitution de Victor Hugo, porte le témoignage d'une rencontre littéraire unique entre deux des plus importants poètes français, Hugo et Baudelaire. Paul Meurice fut en effet l'intermédiaire indispensable entre le poète condamné et son illustre pair exilé, car demander à Victor Hugo d'associer leurs noms à cette élégie de Théophile Gautier fut une des grandes audaces de Charles Baudelaire et n'aurait sans doute eu aucune chance de se réaliser sans le précieux concours de Paul Meurice. Nègre de Dumas, auteur de Fanfan la Tulipe et des adaptations théâtrales de Victor Hugo, George Sand, Alexandre Dumas ou Théophile Gautier, Paul Meurice fut un écrivain de talent qui se tint dans l'ombre des grands artistes de son temps. Sa relation unique avec Victor Hugo lui conféra cependant un rôle déterminant dans l'histoire littéraire. Plus qu'un ami, Paul se substitua, avec Auguste Vacquerie, aux frères décédés de Victor Hugo?: «?j'ai perdu mes deux frères ; lui et vous, vous et lui, vous les remplacez ; seulement j'étais le cadet ; je suis devenu l'aîné, voilà toute la différence.?» C'est à ce frère de cur (dont il fut le témoin de mariage au côté d'Ingres et Dumas) que le poète en exil confia ses intérêts littéraires et financiers et c'est lui qu'il désignera, avec Auguste Vacquerie, comme exécuteur testamentaire. Après la mort du poète, Meurice fondera la maison Victor Hugo qui est, aujourd'hui encore, une des plus célèbres demeures-musées d'écrivain. En 1859, la maison de Paul est devenue l'antichambre parisienne du rocher anglo-normand de Victor Hugo, et Baudelaire s'adresse donc naturellement à cet ambassadeur officiel. Les deux hommes se connaissent assez peu mais partagent un ami commun, Théophile Gautier, avec lequel Meurice travailla dès 1842 à une adaptation de Falstaff. Il est donc l'intermédiaire idéal pour s'assurer la bienveillance de l'inaccessible Hugo. Baudelaire avait pourtant déjà brièvement rencontré Victor Hugo. à dix-neuf ans, il sollicita une entrevue avec le plus grand poète moderne, auquel il vouait un culte depuis l'enfance?: «?Je vous aime comme on aime un héros, un livre, comme on aime purement et sans intérêt toute belle chose.?». Déjà, il se rêvait en digne successeur, comme il lui avoue à demi-mot?: «?à dix-neuf ans eussiez-vous hésité à en écrire autant à [...] Chateaubriand par exemple?». Pour le jeune apprenti poète, Victor Hugo appartient au passé, et Baudelaire souhaitera rapidement s'affranchir de ce pesant modèle. Dès son premier ouvrage, Le Salon de 1845, l'iconoclaste Baudelaire éreinte son ancienne idole en déclarant la fin du Romantisme dont Hugo est le représentant absolu?: «?Voilà les dernières ruines de l'ancien romantisme [...] C'est M. Victor Hugo qui a perdu Boulanger - après en avoir perdu tant d'autres - C'est le poète qui a fait tomber le peintre dans la fosse.?» Un an plus tard, dans le Salon de 1846 il réitère son attaque plus férocement encore, destituant le maître Romantique de son trône?: «?car si ma définition du romantisme (intimité, spiritualité, etc.) place Delacroix à la tête du romantisme, elle en exclut naturellement M. Victor Hugo. [...] M. Victor Hugo, dont je ne veux certainement pas diminuer la noblesse et la majesté, est un ouvrier beaucoup plus adroit qu'inventif, un travailleur bien plus correct que créateur. [...] Trop matériel, trop attentif aux superficies de la nature, M. Victor Hugo est devenu un peintre en poésie?». Ce meurtre du père ne pouvait se réaliser pleinement sans une figure de substitution. C'est Théophile Gautier qui servira de nouveau modèle à la jeune génération, tandis que Victor Hugo, bientôt exilé, ne devait plus publier d'autres écrits que politique pendant près de dix années. Ainsi, lorsque Baudelaire adresse un exemplaire de ses Fleurs du mal à Victor Hugo, il sait qu'il lui inflige cette terrible dédicace imprimée en tête «?Au poète impeccable au parfait magicien ès Lettres françaises à mon très cher et très vénéré maître et ami Théophile Gautier?». L'animosité du jeune poète ne pouvait échapper à Victor Hugo. Et sans doute, Baudelaire ne s'attendait-il pas à la lumineuse réponse d'Hugo?: «?Vos Fleurs du mal rayonnent et éblouissent comme des étoiles?». Avec son article sur Théophile Gautier paru dans L'Artiste du 13 mars 1859, Baudelaire poursuit toujours le même but?: refermer la page «?Victor Hugo?» de l'histoire de la littérature française. Plus adroite et plus respectueuse que ses écrits précédents?: «?Nos voisins disent Shakespeare et Gthe, nous pouvons leur répondre Victor Hugo et Théophile Gautier?!?», la prose de Baudelaire se veut pourtant claire et définitive?: Hugo est mort, vive Gautier, «?cet écrivain que l'univers nous enviera, comme il nous envie Chateaubriand, Victor Hugo et Balzac.?» Les critiques ne s'y trompèrent pas et l'accueil de l'article fut glacial. Baudelaire eut alors l'idée folle d'associer Victor Hugo lui-même à sa propre destitution et de faire ainsi publier sous leur deux noms l'avènement d'une nouvelle ère poétique dont ce fascicule est le manifeste. De son propre aveu, l'impertinent poète avait déjà «?commis cette prodigieuse inconvenance [d'envoyer son article à Victor Hugo sur] papier imprimé sans joindre une lettre, un hommage quelconque, un témoignage de respect et de fidélité.?» Nul doute que le désir de Baudelaire fut alors d'adresser un soufflet à son aîné. L'affaire en serait sans doute restée là sans l'intervention de Paul Meurice. Il informa le fougueux poète de l'appréciation bienveillante du maître qui se serait fendu d'une lettre sans aucun doute aimable mais définitivement perdue. Apprenant cela, Baudelaire rédige à son tour une lettre à Victor Hugo d'une incroyable audace et sincérité?: «?Monsieur, J'ai le plus grand besoin de vous, et j'invoque votre bonté. Il y a quelques mois, j'ai fait sur mon ami Théophile Gautier un assez long article qui a soulevé un tel éclat de rire parmi les imbéciles, que j'ai jugé bon d'en faire une petite brochure, ne fût-ce que pour prouver que je ne me repens jamais. J'avais prié les gens du journal de vous expédier un numéro. J'ignore si vous l'avez reçu ; mais j'ai appris par notre ami commun, M. Paul Meurice, que vous aviez eu la bonté de m'écrire une lettre, laquelle n'a pas encore pu être retrouvée?». Sans fard, il expose ses intentions, ne niant ni l'impertinence de son article, ni la raison profonde de sa demande?: «?J'ai voulu surtout ramener la pensée du lecteur vers cette merveilleuse époque littéraire dont vous fûtes le véritable roi et qui vit dans mon esprit comme un délicieux souvenir d'enfance. [...] J'ai besoin de vous. J'ai besoin d'une voix plus haute que la mienne et que celle de Théophile Gautier, de votre voix dictatoriale. Je veux être protégé. J'imprimerai humblement ce que vous daignerez m'écrire. Ne vous gênez pas, je vous en supplie. Si vous trouvez, dans ces épreuves, quelque chose à blâmer, sachez que je montrerai votre blâme docilement, mais sans trop de honte. Une critique de vous, n'est-ce pas encore une caresse, puisque c'est un honneur???» Il n'épargne pas même Gautier, «?dont le nom a servi de prétexte à mes considérations critiques, je puis vous avouer confidentiellement que je connais les lacunes de son étonnant esprit?». C'est naturellement à Paul Meurice qu'il confie sa «?lourde missive?». Ne doutant pas d'une réponse positive, «?la lettre de Hugo viendra sans doute mardi, et magnifique je le crois?» (lettre à Poulet-Malassis, le 25 septembre 1859), Baudelaire apporte un soin particulier à la mise en valeur du prestigieux préfacier dont le nom sera imprimé dans la même taille de police que le sien. Pourtant la lettre tarde à arriver et c'est encore auprès de Meurice que se plaint Baudelaire?: «?Il est évident que si une raison quelconque empêchait M. Hugo de répondre à mon désir, il me l'aurait fait savoir. Je dois donc supposer un accident.?» (Lettre à Paul Meurice du 5 octobre 1859). En effet, Victor Hugo a bien envoyé sa réponse-préface, elle arrive peu après et Baudelaire la fait intégralement imprimer en tête de son Théophile Gautier. Il ne s'agit pourtant pas d'une simple préface, mais d'une véritable riposte, rédigée avec toute l'élégance du maître. Hugo ne se contente pas des lourds attributs que lui prête Baudelaire qui, dans ce même ouvrage, qualifie ainsi le poète des Contemplations?: «?Victor Hugo, grand, terrible, immense comme une création mythique, cyclopéen, pour ainsi dire, représente les forces énormes de la nature et leur lutte harmonieuse.?» Au manifeste de Baudelaire?: «?Ainsi le principe de la poésie est, strictement et simplement, l'aspiration humaine vers une Beauté supérieure. [...] Si le poète a poursuivi un but moral, il a diminué sa force poétique (..) La poésie ne peut pas, sous peine de mort ou de déchéance, s'assimiler à la science ou à la morale ; elle n'a pas la Vérité pour objet, elle n'a qu'Elle-même.?» Hugo oppose ses propres préceptes?: «?Vous ne vous trompez pas en prévoyant quelque dissidence entre vous et moi. [...] Je n'ai jamais dit l'Art pour l'Art ; j'ai toujours dit l'Art pour le Progrès. [...] Le poète ne peut aller seul, il faut que l'homme aussi se déplace. Les pas de l'Humanité sont donc les pas même de l'Art.?» N'en déplaise à Baudelaire, l'écrivain qu'il rangeait dans les «?délicieux souvenirs d'enfance?» est loin d'avoir achevé son uvre immense. C'est dans ce petit fascicule de l'un de ses féroces adversaires, qu'il annonce la voie de son écriture à venir?: La Légende des siècles, qui doit paraître ce même mois, et surtout trois ans plus tard, Les Misérables, la plus importante fresque sociale et humaniste de la littérature mondiale. Baudelaire adressa des exemplaires dédicacés de son Gautier aux artistes qu'il admirait dont Flaubert, Manet ou Leconte de Lisle, preuve de l'importance qu'il accordait à cette profession de foi esthétique. Malgré sa si précieuse collaboration, Victor Hugo reçut une lettre de remerciements mais aucun exemplaire dédicacé de «?leur?» opuscule. Cependant, une récente étude à la lumière noire a permis de déceler un envoi à son intention «?en témoignage d'admiration?» gratté puis recouvert d'une dédicace palimpseste à M. Gélis. Ce repentir est symbolique de la relation d'amour-haine qu'entretiendront les deux poètes leurs vies durant. C'est donc à travers cet exemplaire offert à «?[s]on ami Paul Meurice» que Baudelaire choisit de remercier le clan Hugo de cette exceptionnelle rencontre littéraire. Le Théophile Gautier de Baudelaire et Hugo est donc, sous son apparente modestie, un double manifeste des deux grands courants de la poésie?: «?L'Albatros?» de Baudelaire, contre l'«?Ultima verba?» de Hugo. Tandis que «?les ailes de géants [du premier] l'empêchent de marcher?», le second «?reste proscrit, voulant rester debout?». Et s'il n'en reste que deux, ce seront ces deux-là?! Provenance?: Paul Meurice, puis Alfred et Renée Cortot. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎(BAUDELAIRE Charles) NADAR Félix Tournachon dit‎

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(1862)

‎Photographie de Charles Baudelaire les mains dans les poches : "Vu de face, il paraît plus souffrant et plus triste qu'à la précédente épreuve."‎

‎Nadar, Paris 1862, Photographie : 5,1x8,5cm / Carton : 6,3x10,3cm, une photographie.‎


‎Rarissime photographie originale représentant Charles Baudelaire sur papier albuminé, tirage d'époque au format carte de visite, contrecollée sur un carton de l'atelier Nadar 35 boulevart (sic) des Capucines?: «?Portrait photographique à nous communiqué par Nadar. Fait le même jour que le précédent, mêmes dimensions avec même costume. Le gilet est toujours déboutonné, mais Baudelaire cache ses mains dans les poches de son pantalon. Vu de face, il paraît plus souffrant et plus triste qu'à la précédente épreuve.?» (Ourousof, 1896) «?Autre carte de visite du même jour que le n°4.1 précédent [...] un tirage d'époque albuminé se trouve dans les collections du Musée d'Orsay (Provenance?: collection Braive puis collection Marie-Thérèse et André Jammes, 1991, acquis par les Musées Nationaux avec le concours du fonds du Patrimoine [...] musée d'Orsay, fiche 39389)?» (S. Plantureux, Charles Baudelaire ou le Rêve d'un curieux). Ce cliché, réalisé en 1862, a été commercialisé entre 1862 et 1871, comme en témoigne l'adresse du photographe au dos du carton. Seules deux poses de Baudelaire semblent avoir été retenues lors de cette séance. «?S'il est permis à la photographie de suppléer l'art dans quelques-unes de ses fonctions, elle l'aura bientôt supplanté ou corrompu tout à fait, grâce à l'alliance naturelle qu'elle trouvera dans la sottise de la multitude?» écrivait Charles Baudelaire dans le Salon de 1859. On ne connaît que quinze portraits photographiques différents de Baudelaire, réalisés entre 1855 et 1866 (trois séances chez Nadar, trois chez Carjat et une chez Neyt), dont il ne subsiste pour certains qu'un seul exemplaire. Baudelaire et Nadar se rencontrèrent en 1843 et leur amitié perdura jusqu'à la mort du poète en 1867. Le photographe réalisa au total sept portraits de son ami entre 1855 et 1862. Les deux hommes, plein d'admiration l'un pour l'autre, se rendirent d'émouvants hommages dans leurs uvres respectives?: Baudelaire dédia «?Le rêve d'un curieux?» (in Les Fleurs du mal) au portraitiste qui lui consacra pour sa part, outre des caricatures et des portraits photographiques, un ouvrage sans fard intitulé Charles Baudelaire intime?: le poète vierge (1911). Rarissime et bel exemplaire de cette photographie peu connue de Baudelaire par le photographe français le plus important du XIXè siècle. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 65117

(1859)

‎Lettre autographe signée à Poulet-Malassis à propos de Sainte-Beuve : « voilà un vieillard passionné avec qui il ne fait pas bon se brouiller»‎

‎Honfleur 28 février 1859, 13,1x20,5cm, 3 pages sur un feuillet remplié.‎


‎Précieuse lettre autographe signée de Charles Baudelaire à Auguste Poulet-Malassis, éditeur des Fleurs du Mal, datée du 28 février 1859 et écrite à Honfleur. 64 lignes à l'encre noire, quelques passages soulignés, présentée sous une chemise en demi-maroquin noir moderne. Baudelaire semble obsédé par «?l'affaire Sainte-Beuve/Babou?». Il s'agit d'une des innombrables querelles qui suivirent le procès des Fleurs du Mal, dans laquelle l'écrivain Hippolyte Babou accuse Sainte-Beuve de ne pas avoir pris la défense de Baudelaire lors du procès. Des passages de cette lettre furent cités par Marcel Proust dans son célèbre Contre Sainte-Beuve, déplorant la lâcheté de Sainte-Beuve dans l'affaire du procès des Fleurs du Mal et l'attachement immérité que Baudelaire portait à l'écrivain. Le poète écrit à son éditeur de Honfleur, où il s'est retiré depuis janvier auprès de sa mère, figure sacrée «?qui hante le cur et l'esprit de son fils?». La lettre est écrite huit jours après un autre rebondissement dans l'affaire du procès des Fleurs du mal. Baudelaire, en proie à des sentiments complexes, se confie à Malassis alors que le 20 janvier, son ami Hippolyte Babou avait attaqué Sainte-Beuve dans un article de La Revue française. Il l'accusait de ne pas avoir défendu Baudelaire lors du procès du recueil?: «?Il glorifiera Fanny [d'Ernest Feydeau], l'honnête homme, et gardera le silence sur Les Fleurs du Mal?» écrivit-il. Car malgré les prières de Baudelaire, Sainte-Beuve n'avait finalement jamais publié d'article défendant Les Fleurs du Mal. à la suite de cette attaque de Babou, Baudelaire reçut une «?lettre épouvantable?» de Sainte-Beuve?: «?Il paraît que le coup [...] avait frappé vivement [Sainte-Beuve]. Je dois lui rendre cette justice qu'il n'a pas cru que je puisse insinuer de telles choses à Babou?». Bien qu'indigné par de telles accusations, Sainte-Beuve n'en tint pas Baudelaire responsable. La virulence dont fait preuve Sainte Beuve étonne Baudelaire, qui déclare à Poulet-Malassis?: «?Décidément, voilà un vieillard passionné avec qui il ne fait pas bon se brouiller [...] Vous ne pouvez pas vous faire une idée de ce que c'est que la lettre de Sainte-Beuve. Il paraît que depuis douze ans il notait tous les signes de malveillance de Babou?». Baudelaire assiste, impuissant, à la querelle entre deux hommes estimés, et témoigne surtout de son attachement à Sainte-Beuve, qui est mis en danger par l'article de Babou?: «?Ou Babou a voulu m'être utile (ce qui implique un certain degré de stupidité), ou il a voulu me faire une niche; ou il a voulu, sans s'inquiéter de mes intérêts, poursuivre une rancune mystérieuse?». Baudelaire vouait en effet une admiration sans bornes à «?l'oncle Beuve?», sénateur, académicien et maître incontesté de la critique, dont l'avis faisait loi dans les cénacles littéraires parisiens. Il guettait depuis des années un encouragement officiel de Sainte-Beuve, qui aurait conforté sa carrière chancelante, entachée par le scandale des Fleurs du Mal. Le poète se trouve donc tiraillé entre sa vénération pour Sainte-Beuve et son amitié de longue date pour Hippolyte Babou - qui, selon la légende, lui aurait suggéré le titre Les Fleurs du Mal. Il confie son désarroi à Poulet-Malassis?: «?Ce qu'il y avait de dangereux pour moi là-dedans, c'est que Babou avait l'air de me défendre contre quelqu'un qui m'a rendu une foule de services?». On peut se demander à quels services Baudelaire pouvait faire référence, sachant que Sainte-Beuve fit en somme assez peu pour sa carrière. Cette lettre fut citée dans le Contre Sainte-Beuve, célèbre et terrible réquisitoire de Marcel Proust publié à titre posthume en 1954. Proust y accuse Sainte-Beuve de méconnaître l'incontestable génie poétique de Baudelaire, et souligne sa lâcheté durant le procès des Fleurs du Mal. En effet, afin de protéger ses fonctions sénatoriales, Sainte-Beuve n'avait rien écrit en faveur de Baudelaire à l'exception d'un «?plan de défense dont l'avocat était autorisé à se servir, mais sans nommer Sainte-Beuve?». Presque deux ans après le verdict, le désastreux procès des Fleurs du Mal continue de hanter Baudelaire, qui vit encore dans l'angoisse de la critique, très sévère à son égard?: «?Voyez donc comme cette affaire Babou peut m'être désagréable, surtout si on la rapproche de cet ignoble article du Figaro, où il était dit?: que je passais ma vie à me moquer des chefs du romantisme, à qui je devais tout d'ailleurs?». Cet article du Figaro, paru le 6 juin 1858, l'accusait ironiquement de n'être qu'un personnage échappé d'un roman de Théophile Gautier évoluant dans la réalité sous le pseudonyme de Charles Baudelaire. Baudelaire entretient également Poulet-Malassis des affaires d'argent qu'il avait vainement tenté d'oublier en rendant visite à sa mère, et lui réclame une avance supplémentaire?: «?je n'ai pas encore eu de nouvelles de vos 1035 francs.?». Sa lettre s'achève sur un long post-scriptum concernant Théophile Gautier, sur lequel Baudelaire écrit un article. Arsène Houssaye, directeur du journal l'Artiste, exigeait une relecture préalable de l'article par Gautier avant de publier?: «?Et les uns veulent communiquer les épreuves à Gautier, et les autres veulent attendre son retour fin avril?! Lui [Théophile Gautier], avant de partir, m'a dit qu'il se reposait de tout sur moi.?» Après Sainte-Beuve, il témoigne à nouveau d'une amitié littéraire marquante de sa vie, et se targue de la confiance que lui accorde Théophile Gautier qui se trouvait alors en Russie. Le soutien de ces grandes figures du Paris littéraire encourage Baudelaire, assailli par la misère et les scandales, à poursuivre son cheminement poétique qui aboutira un an plus tard au recueil Les Paradis artificiels. Exceptionnelle confession de Baudelaire à son éditeur, dans la tourmente suivant le procès de son plus célèbre recueil. Baudelaire réunit dans cette lettre deux de ses plus grandes influences littéraires, Sainte-Beuve et Théophile Gautier, le «?poète impeccable?» à qui il avait dédié ses scandaleuses Fleurs du Mal. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

Le Feu Follet - Paris
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EUR17,000.00 (€17,000.00 )

‎BAUDELAIRE Charles.‎

Reference : 1167

(1861)

‎Les Fleurs du mal.‎

‎Paris, Poulet-Malassis & de Broise, 1861. In-12 (190 x 120 mm), 3 ff. n. ch., 319 pp. Demi-maroquin blond à coins, filet doré d’encadrement, dos à nerfs orné de caissons de fleurons dorés, pièce de titre en maroquin brun foncé, auteur, titre et date en queue, tête dorée, rousseurs (Thierry. Sr de Petit-Simier).‎


‎Seconde édition, en partie originale. Elle est enrichie de 35 poèmes nouveaux et ne contient pas les six pièces qui furent condamnées en 1857. Cette édition aurait été tirée à 1500 exemplaires selon Clouzot. Elle est ornée d’un portrait de l'auteur dessiné et gravé par Bracquemond qui “manque souvent” (Oberlé). L’éditeur et Baudelaire avaient initialement chargé Bracquemond de dessiner et graver un frontispice allégorique qui représenterait un squelette-arbre entouré de fleurs du mal. Baudelaire, mécontent du résultat, supplia Poulet-Malassis de ne pas retenir le projet et l’allégorie fut finalement abandonnée pour le portrait. Cet exemplaire est enrichi d’un deuxième portrait de l'auteur, jeune, dessiné et gravé par Bracquemond d’après le portrait peint par Emile de Roy en 1844 alors que Baudelaire avait 23 ans. Bel exemplaire en reliure signée de Thierry, successeur de Petit et de Simier. Carteret, I, p. 124. Clouzot, p. 44. Vicaire, I, p. 343. Oberlé, Auguste Poulet-Malassis, p. 88, n°216. Claude Pichois et Jean-Paul Avice, Dictionnaire Baudelaire, 2002, pp. 81-82. L’ouvrage est accompagné d’une extraordinaire lettre autographe signée de Charles Baudelaire à sa mère à la veille de la publication de la deuxième édition des Fleurs du mal. Elle est signée et datée du 1er janvier 1861. 3 pages 1/3 format 207 x 134 mm , papier filigrané Lacroix, écrit à l'encre brune. Carole Aupick a noté à la plume, à côté de l'en-tête de la lettre “répondue”. Rédigée le 1er janvier 1861 et signée “Je t'embrasse de tout mon cœur Charles”, cette missive est particulièrement représentative de la correspondance fils-mère aux accents psychopathologiques. Elle illustre certes les récurrentes obssessions du poète - la relation avec Jeanne Duval, l'argent, l'errance, etc… - mais elle offre aussi un précieux témoignage ponctuel sur son écriture et particulièrement sur Les Fleurs du mal. Dans sa lettre, Baudelaire évoque ainsi sans la nommer sa tumultueuse liaison avec Jeanne Duval. Il l'écrit en effet depuis Neuilly “4, rue Louis-Philippe” où il séjourne depuis une quinzaine de jours confessant : “Selon mon habitude, je suis très malheureux”. Il ne le précise pas à sa mère, mais il est alors installé chez Jeanne et s'apprête à la fuir, définitivement cette fois : “Pour des raisons que je t'expliquerai peut-être, je ne retournerai probablement pas à Neuilly.” Baudelaire déclare alors être “revenu à ma vieille idée qui est de m'installer à Honfleur absolument”. Propos chimérique et toujours répété, toujours repoussé. C'est en effet dans cette cité normande que s'était retirée depuis 1857 la mère du poète, résidant dans la “maison-joujou” comme la surnomme Baudelaire. L'auteur y avait séjourné longuement entre janvier et juillet 1859 et composé quelques-uns des grands poèmes de l'édition de 1861 des Fleurs du mal. Dans cet état des lieux à l'aube d'une nouvelle année, Baudelaire ne pouvait manquer de rappeler l'humiliante tutelle légale qui pesait sur lui depuis 1844, date à laquelle, à la demande de la famille, le notaire Narcisse Ancelle avait été désigné comme son conseil judiciaire : “Je te supplie, pense au conseil judiciaire ! Cela me ronge depuis dix-sept ans. Tu ne saurais croire ni comprendre le mal que cela m'a fait à tous points de vue.” Enfin Baudelaire évoque son travail en cours, “j'accouche de deux articles destinés à me procurer l'argent nécessaire pour m'en aller”, et surtout son grand œuvre : “Les Fleurs du mal sont finies. On est en train de faire la couverture et le portrait. Il y a trente-cinq pièces nouvelles, et chaque pièce ancienne a été fortement remaniée.” Il s'agit de la seconde édition, les poèmes de celle de 1857 n'ont en fait pas été modifiés. Elle sera mise en vente un mois plus tard avec le portrait de l'auteur dessiné par Félix Bracquemond d'après une photo de Nadar. Puis dans un saisissant rapprochement, Baudelaire concède une vraie satisfaction d'homme et d'auteur qu'il contrebalance immédiatement par une imprécation digne de “Mon cœur mis à nu” : “Pour la première fois de ma vie, je suis presque content. Le livre est presque bien et il restera, ce livre, comme témoignage de mon dégoût et de ma haine de toutes choses”. Provenance : Armand Godoy (cat. 23 nov. 1982, n° 141), colonel Sicklès (cat 28 nov. 1989, n° 286), et Pierre Béres (cat. 28 octobre 2005, n° 172). Vendu 24 000 € hors frais à la vente Béres. C. Baudelaire, Correspondance II mars 1860 - mars 1866, Cl. Pichois, Paris pp. 113-114, Cl. Pichois et J.-P. Avice Dictionnaire Baudelaire, Tusson 2002 C. Delons L'idée si douce d'une mère, Charles Baudelaire et Caroline Aupick Paris Les Belles Lettres 2011 "Ch. Baudelaire "Cette maladresse maternelle… Lettres à sa mère" M. Schneider (éd.) Paris 2021 Baudelaire modernité mélancolique J.-M. Chatelain (dir.) Paris BnF 2021.‎

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EUR45,000.00 (€45,000.00 )

‎BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 477573

‎OEUVRES COMPLETES. Tome II.‎

‎Gallimard NRF "Bibliothèque De La Pléiade" Paris 1990 In-12 ( 175 X 110 mm ) de XIII-1691 pages, pleine basane verte, dos lisse orné de filets dorés sous rhodoïd et étui illustré. ( Présentation de l'éditeur ). Texte établi, présenté et annoté par Claude PICHOIS. Très bel exemplaire.‎


Phone number : 04 91 42 63 17

EUR45.00 (€45.00 )

‎BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 13618

‎Oeuvres complètes.‎

‎Gallimard NRF "Bibliothèque De La Pléiade" Paris 1961 In-12 ( 175 X 110 mm ) de 1575 pages, pleine basane verte, dos lisse orné de filets dorés sous jaquette illustrée, rhodoïd et étui de carton gris. Texte établi et annoté par Y.-G. Le Dantec. Très bel exemplaire.‎


Phone number : 04 91 42 63 17

EUR35.00 (€35.00 )

‎BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 723867

‎CORRESPONDANCE. Tome II. ( 1860 - 1866 ).‎

‎Gallimard NRF "Bibliothèque De La Pléiade" Paris 1973 In-12 ( 175 X 110 mm ) de 1149 pages, pleine basane verte, dos lisse orné de filets dorés, sous jaquette illustrée, rhodoïd et étui de carton gris. ( Présentation de l'éditeur ). Très bel exemplaire.‎


Phone number : 04 91 42 63 17

EUR38.00 (€38.00 )

‎BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 569255

‎OEUVRES COMPLETES. Tome II.‎

‎Gallimard NRF "Bibliothèque De La Pléiade" Paris 1976 In-12 ( 175 X 110 mm ) de XIII-1691 pages, pleine basane verte, dos lisse orné de filets dorés sous jaquette illustrée, rhodoïd et étui de carton gris. ( Présentation de l'éditeur ). Texte établi, présenté et annoté par Claude PICHOIS. Discret tampon ex-libris sur une garde, très bel exemplaire.‎


Phone number : 04 91 42 63 17

EUR40.00 (€40.00 )

‎BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 497856

‎Oeuvres complètes. Tome I.‎

‎Gallimard NRF "Bibliothèque De La Pléiade" Paris 1983 In-12 ( 175 X 110 mm ) de LVII-1605 pages, pleine basane verte, dos lisse orné de filets dorés, sous jaquette illustrée, rhodoïd et étui de carton gris. ( Présentation de l'éditeur ). Texte établi, présenté et annoté par Claude PICHOIS. Petit tampon ex-libris sur une garde, très bel exemplaire.‎


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EUR35.00 (€35.00 )

‎BAUDELAIRE Charles - VAN DONGEN Kees‎

Reference : 221905

‎LES FLEURS DU MAL.‎

‎Pierre De Tartas Paris 1967 In-4 ( 400 X 300 mm ) en feuilles sous couverture imprimée rempliée, chemise et étui. Ouvrage illustré de 15gravures originales de Kees VAN DONGEN ( 2 eaux-fortes et aquatintes en couleur en double-page, 13 eaux-fortes dont 10 in-texte et 3 hors-texte ). Elégante publication tirée à 270 exemplaires numérotés, celui-ci un des 177 exemplaires sur vélin d'Arches comportant l'état définitif des illustrations. Exemplaire signé par Kees VAN DONGEN et Pierre De TARTAS au colophon. Rousseurs sur les gardes, bel exemplaire du dernier livre illustré par Kees VAN DONGEN.‎


Phone number : 04 91 42 63 17

EUR2,800.00 (€2,800.00 )

‎Avec 5 eaux-fortes originales dont 2 de Manet. [BAUDELAIRE (Charles)] - ASSELINEAU (Charles).‎

Reference : 12837

(1869)

‎Charles Baudelaire, sa vie et son oeuvre.‎

‎ 1869 P., Alphonse Lemerre, 1869, 1 vol. in-12 (182 x 115 mm), relié 1/2 basane marron époque, dos lisse, auteur, titre et série de 6 double-filets dorés, plats de papier marbré lie-de-vin, de (2) ff. (faux-titre et titre) - 109 pp. - (1) f. (table).Dos légèrement insolé, pâles rousseurs éparses. ‎


‎Edition originale de la première biographie de Charles Baudelaire parue 2 ans après sa mort. Exemplaire sur papier fort.5 eaux-fortes originales représentant des portraits de Baudelaire : 1. gravé par Bracquemond daprès Emile Deroy (1844) en frontispice - 2. gravé par Bracquemond daprès un autoportrait de lauteur (1848) - 3. gravé par Bracquemond daprès Gustave Courbet (1848) - 4. Baudelaire de profil en chapeau peint et gravé par Manet (1862) - 5. Baudelaire de face peint et gravé par Manet (1865).Réf. biblio. : Vicaire, I-129 ; Clouzot, 9 : "Recherché surtout pour les 5 portraits de Baudelaire (). Assez souvent piqué et peu commun en reliure dépoque" ; Berès, Manet, dessins, aquarelles, eaux-fortes, lithographies1978, fiche 41 : Baudelaire de profil en chapeau - Eau-forte originale en 2e état, Manet ajoute son initiale M sur un petit rectangle hachuré - fiche 46 : Baudelaire de face III - Eau-forte, 4 états (?) : 1e tirage dans Asselineau en 1869. ‎

Bouquinerie Aurore - Belmesnil
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Phone number : 06 76 68 30 76

EUR1,750.00 (€1,750.00 )

‎BAUDELAIRE Charles - GUYS Constantin‎

Reference : 753635

‎CAUSERIES.‎

‎Aux Editions Du Sagittaire - Chez Simon Kra Paris 1920 In-12 carré de 125 pages, broché sous couverture de papier marbré rempliée, pièces de titres bicolores contrecollées au premier plat et au dos. Joli volume illustré d'un frontispice et de 13 bois ( l'un en deux états ) gravés par Robert DILL d'après des aquarelles de Constantin GUYS. EDITION ORIGINALE établie par André MALRAUX, de ces articles parus dans le "Tintamarre" en 1846 et premier tirage des 14 compositions inédites de Constantin GUYS. Tirage limité à 750 exemplaires numérotés, celui-ci 1 des 50 exemplaires de tête sur JAPON impérial comportant une SUITE des bois sur CHINE. Très bel exemplaire.‎


Phone number : 04 91 42 63 17

EUR720.00 (€720.00 )

‎BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 243066

‎CORRESPONDANCE . Tome I. 1832 - 1860.‎

‎Gallimard NRF "Bibliothèque De La Pléiade" Paris 1993 In-12 ( 175 X 110 mm ) de XC-1125 pages, pleine basane verte, dos lisse orné de filets dorés sous rhodoïd, jaquette illustrée et étui illustré. ( Présentation de l'éditeur ). Texte établi, présenté et annoté par Claude PICHOIS avec la collaboration de Jean ZIEGLER. Très bel exemplaire.‎


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EUR40.00 (€40.00 )

‎BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 638597

‎Oeuvres complètes. Tome I.‎

‎Gallimard NRF "Bibliothèque De La Pléiade" Paris 2001 In-12 ( 175 X 110 mm ) de LVII-1604 pages, pleine basane verte, dos lisse orné de filets dorés, sous rhodoïd et étui illustré. ( Présentation de l'éditeur ). Texte établi, présenté et annoté par Claude PICHOIS. Très bel exemplaire.‎


Phone number : 04 91 42 63 17

EUR45.00 (€45.00 )

‎BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 989503

‎Oeuvres complètes. Tome I.‎

‎Gallimard NRF "Bibliothèque De La Pléiade" Paris 2008 In-12 ( 175 X 110 mm ) de LVII-1605 pages, pleine basane verte, dos lisse orné de filets dorés, sous rhodoïd et étui illustré. ( Présentation de l'éditeur ). Texte établi, présenté et annoté par Claude PICHOIS. Très bel exemplaire.‎


Phone number : 04 91 42 63 17

EUR45.00 (€45.00 )

‎BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 942991

‎Oeuvres complètes. Tome I.‎

‎Gallimard NRF "Bibliothèque De La Pléiade" Paris 1990 In-12 ( 175 X 110 mm ) de LVII-1605 pages, pleine basane verte, dos lisse orné de filets dorés, sous rhodoïd et étui illustré. ( Présentation de l'éditeur ). Texte établi, présenté et annoté par Claude PICHOIS. Très bel exemplaire.‎


Phone number : 04 91 42 63 17

EUR45.00 (€45.00 )

‎BAUDELAIRE Charles‎

Reference : 459736

‎Oeuvres complètes. Tome I.‎

‎Gallimard NRF "Bibliothèque De La Pléiade" Paris 1990 In-12 ( 175 X 110 mm ) de LVII-1605 pages, pleine basane verte, dos lisse orné de filets dorés, sous rhodoïd et étui illustré. ( Présentation de l'éditeur ). Texte établi, présenté et annoté par Claude PICHOIS. Très bel exemplaire.‎


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‎BAUDELAIRE Charles - RASSENFOSSE Armand‎

Reference : 590046

‎Les Pièces Condamnées des Fleurs du Mal.‎

‎La Plume Paris 1903 Paris, La Plume, en l'an XV de sa fondation ( 1903 ).In-4 carré ( 290 X 235 mm ) de XXXXV pages, broché sous couverture imprimée. Premier tirage de la belle eau-forte originale d'Armand RASSENFOSSE en frontispice. Ouvrage tiré à 41 exemplaires numérotés qui contiennent l'eau-forte avec remarque de l'artiste. Celui-ci n°23/33 sur Hollande Van Gelder. Offert par Karl Boès, directeur de La Plume, en l'an 1903. Ce volume ne doit pas être mis en vente. Ex-libris en page de garde. Petits manques au dos sinon bon exemplaire à grandes marges, non coupé et non rogné.‎


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