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‎Lettres et visions de la sœur Sainte Brigide. ‎

‎ Neuf volumes in-8 (formant 3 800 pages) en plein veau brun moucheté, dos plat ornés pièce de titre etde tomaison, reliure d’époque, quelques usures.Manuscrit d’une écriture appliquée et régulière, d’une même main alerte. Chaque vision, convulsionétant précédée de la date de la séance.Le mouvement des convulsionnairesTout le monde connaît le chamanisme ou le vaudou, mais qui sait que nous avons eu, en France,au XVIIIe siècle, un mouvement de transe provoqué, pratiqué dans des cercles restreints, par desmagistrats, des prélats, des sœurs ou des marchands ?Ces réunions clandestines, nées dans le désarroi provoqué par la destruction de Port Royalavaient lieu à Paris et à Lyon de 1720 jusqu’à la veille de la révolution, il s’agit desConvulsionnaires.À la destruction de l’abbaye de Port Royal les jansénistes désemparés prennent l’habitude de seretrouver au milieu des ruines des bâtiments. Un jeune prêtre, le Diacre Paris devient alors leconsolateur de ces âmes éplorées, mais le destin s’acharnant sur les infortunés jansénistes, leDiacre Paris meurt.C’est au cimetière de Saint Médard, sur la tombe même du diacre, qu’eurent lieu les premièresmanifestations d’extases mystiques.Rapidement, les miracles se succèdent, Marianne Couronneau, paralysée se remet à marcher,Marguerite Françoise Duchesne paralysée du côté gauche revient à la vie, Pierre Gauthier,aveugle, revoit, Demoiselle Hardoin allongée sur le tombeau de Maitre Paris recouvre l’usage dela parole et se remet à marcher...La foule de plus en plus nombreuse se répand en gémissements, hurlements, certains sont prisde tremblements, des femmes arrachent leur corsage...Pour mettre fin à ce désordre, et éviter toute résurgence de la « secte jansénistes » lesmanifestations du cimetière saint Médard sont interdites et les participants mis en prison en1732.C’est donc dans la clandestinité que les plus résolus d’entre eux vont poursuivre ces expériencesde délires collectifs en revendiquant eux même le titre de « Convulsionnaires ».Pour arriver à cet état de dédoublement de la personnalité, ils vont utiliser la plus éprouvantedes méthodes, celle de la douleur.La nature de ce qu’ils appellent pudiquement « les aides » est tout simplement incroyable : 400coups de bûche, coups de poings, de pieds, d’épées, de poignards, crucifixions, enterrements vifs,asphyxies se pratiquent de manière répétées jusqu’à obtention du phénomène de transe.On assiste alors à des dédoublements de la personnalité, voix d’enfant, babil, changement devoix, dans laquelle les officiants reconnaissent les esprits qui leur sont familiers dont le prophète« Eli ».La particularité de cet étrange mouvement est que, tradition janséniste oblige, chaque séquenceest scrupuleusement notée et détaillée au fil des jours et ce parfois sur plusieurs années.C’est une plongée directe dans l’inconscient de ces grands mystiques qui s’offre à nous. Auxvisions flamboyantes succèdent d’insupportables descriptions de sévices qui laissent le lecteurpantois.Il est inutile de souligner la rareté d’un tel document dont seuls quelques témoins circulentencore de nos jours.Description du manuscritLa sœur saint Brigide est présentée comme « convulsionnaire de l’Hôtel Dieu de Paris » elle estdirigée par Michel Pinel oratorien.C’est le père Pinel qui l’interpelle et pratique sur elle les sévices parfois insupportablesl’amenant aux convulsions.La Sœur Angélique Babet prit le relais de la sœur Sainte Brigide à la suite de la mort du père Pinel en1778. Ses transes la font retourner à l’état de bébé, ses visions étant souvent plus oniriques.Ces procès-verbaux, les premiers du genre, rendent compte de la partie obscure de l’humanité que nousnommons de nos jours - l’inconscient -. Les convulsionnaires, à leur corps défendant, sont lesexplorateurs involontaires d’un monde qui leur est inconnu. Leurs témoignages les situent à la croisée deplusieurs réalités que psychanalystes et surréalistes investiront deux siècles plus tard. ‎

Reference : 3014


‎Citations : Nous en citons quelques exemples. 13 février 1744. « Mon cher petit papa, je vous prie, par grace et non parmort de me promettre d’approcher de J.C. Je meurs de faim ici papa je ne peux trouver de paix ny de repos qu’àl’ombre de J.C. Faites m’en approcher ou je mourray. Car je meurs tous les jours par la separation de J.C. (Enconvulsion) Oui moy meurs, papa, vous a le pain moy bien faim [...] car moy languis, moy tout maigre depuis 3mois bientôt »... 12 septembre 1745. « Comme c’etoit un dimanche le petit papa après avoir foulé la sœur auxpieds pendant les 7 ps. (psaumes) se contenta suivant l’usage de luy donner 50 coups de pierre sur le cœur 50sur la tête et 50 soufflets et recita aussi un ps. tenant un pied sur le collier et se portant entierement dessus »...17 mai 1746. « Je comptois procurer à la sr un troisieme entretien avec son père en luy crachant au visage [...]Je liay icy les mains de la sr ayant oublié de le faire plutôt, elle dit à ce signe eh bien je voudrois etre toujoursliée comme ça ce n’est qu’une corde mais c’est toujours bon, puis reprenant le fil de son prer discours, mon pèreles tient tous liés, ils ont les yeux ouverts et ne voyent pas clair, ils voudroient mieux qu’ils ne fussent pas ouvert,parce qu’ils voyent la beste, et la prennent pour mon BB (grands souffles par tête) j’ay mal au cœur, oh oh oh, ilvoudroit oter ce cœur la, mon papa otés le, otés le si vous l’aviés otez une fois il ne reviendrès plus otez le bienvite afin que jen ay plus, il n’aime pas asses ce qu’il doit aimer ; il n’aime pas assés mon BB. Il est trop attachéà sa nation, et n’est pas assés ardent pour ses freres. D. Est-ce les juifs R. ouy est-ce que vous ne scavez pas quej’ay le cœur d’un juif, je n’ay un cœur que pour les juifs »... 3 janvier 1747. « Pour executer les ordres de notreBB. [...] je dis à la Sr. quil s’agissoit de recevoir des coups sur la playe et elle s’y soumit de bonne grace, luiayant donc lié les mains derrière le dos et mis un bandeau sur la bouche je la couchay sur le dos ensuite je levail’appareil, je netoyai la playe et je mis dessus une compresse sur laquelle j’imposay les mains appuyant de toutema force pendant les 7 psaumes. Cette pression causa une telle douleur à la Sr qu’elle s’évanouit de cecommencement, et bientot après elle entra dans une penible agonie. Je remarquay que durant cette agonie elleavoit alternativement une espèce de rale accompagné de hoquet, les yeux demeurant renversés [...] Lorsqu’ellefut revenue je lui donnay cent coups de poingt de toute ma force sur la playe, c’étoit assurement de quoy la tuer[...] cependant ces coups ne servirent quà réveiller la Sr et à la tirer de l’abatement où l’agonie l’avoit mise.Elle se releva machinalement aux prrs coups sur son séant. Je la recouchay sans peine et je continuay sansqu’elle fit aucune résistance. Lorsque j’eus fini j’étanchay la playe qui saignait abondamment, après quoy jeregarday la Sr, elle étoit endormie ayant le visage frais et coloré [...] je mis un pied sur la compresse je recitayle ps. 102 et 110 ce qui fut suivi de 100 coups de pied que je donnay sur la playe »... Etc. *Journal. Lettres et visions de la Sœur Angélique, années 1773-1775 (1 vol.), 1776-1777 (1 vol.), 1777-1779 (1vol.), 1780-1787 (1 vol.). La page 1 du premier de ces volumes, réglés, porte au bas la date du 4 mars 1791 ; uneaddition tardive à la fin du même volume est datée du 24 avril 1798. Ce « Journal » comporte des relationsparfois longues d’événements survenus depuis la mort du Père Pinel (1772), ainsi que des prières, commentairessur les dix commandements, et récits détaillés de visions, introduits par l’invocation.« Au nom du père et du fils et du saint esprit »... Année 1773. « La sœur Babet après avoir été pendant 15 anssous la motion de l’esprit de Dieu, dans son œuvre fut privée de ce don vers la fin de l’année 1747. Voicy ce quidonna lieu à cette privation. Etant dans sa chambre, et dans son état naturel elle vit un homme (apparament leSt prophete) qui luy presentant un enfant couvert des croix sanglantes, luy dit : Voulés vous qu’on vous fasse descroix sur le corps comme à cet enfant ? Non assurement repondit la Sr j’en serois bien fachée. Eh bien repritl’homme vous n’aurés plus des convulsions. Les convulsions cesserent en effet de ce moment. La Sr Ba... au lieude s’en affliger s’en réjouit par la crainte extreme quelle avoit des croix »... Janvier 1774. « Au commencementde ce mois la Sr Babet dit, qu’étant avec son BB, la Sr Brigide et moy, son BB m’avoit dit : Il faut que vous soyéslà où je serai. Quand je quiterai langes, vous sortirés aussy des votres. Quand je parleray vous parlerés quandje feray relater ma puissance ce sera pour vous que je la ferai éclater. Quand je serai foulé, couronné de pierreset crucifié, vous le serés aussy »... 24 avril [1776]. « Au milieu des ténèbres j’ay apperçu une lumiere commecelle d’un flambeau mais qu’il n’éclairoit pas tout, car j’entendois plusieurs voix qui se disoient les unes auxautres les ténèbres sont au point de ne savoir où mettre le pied. J’ay dit à made : mais cela me paroît fortextraordinaire. Quand une lumiere est possée elle éclaire de tout part dans l’endroit où elle est placée ? Made adit, ma fille J.C. etoit la vraie Lumiere, qui cependant n’a éclairé que ceux qui ont eu la foy en luy et en sesœuvres. Le flambeau n’est autre que celuy qui doit éclairer Israel et un tres petit nombre de la gentilité etn’eclaire que celuy qui croit, et n’a d’esperance qu’en luy. J’ay dit mais madame je vois quelque chose qui va entravers de ce flambeau. PP. a dit : ma fille c’est le ministre aux lunettes, semblable au papillon, il courra autourde cette lumière. Heureux le moment où il en sera brulé »... Etc.Ces procès-verbaux, les premiers du genre, rendent compte de la partie obscure de l’humanité que nousnommons de nos jours - l’inconscient -. Les convulsionnaires, à leur corps défendant, sont lesexplorateurs involontaires d’un monde qui leur est inconnu. Leurs témoignages les situent à la croisée deplusieurs réalités que psychanalystes et surréalistes investiront deux siècles plus tard. ‎

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