s.l. s.d. (circa 1916), 12,5x17cm, une feuille rempliée.
Reference : 74251
Belle lettre autographe signée de Georges Auric, alors mobilisé (27e corps, 3e unité, 1ère section)adressée à son amie Bolette Natanson. Quatre pages rédigées à l'encre noire sur un papier vergé.Pliures transversales inhérentes à la mise sous pli de la missive. Dans cette ambivalentelettre, à la fois teintée d'optimisme et de pessimisme, Georges Auric remercie son amie pour les nouvelles qu'elle lui donne et pour les livres qu'elle lui fait parvenir, le distrayant ainsi de soneffroyable existence au front : "... il revèle bien des coins lumineux dans un monde où les cachots sont les domiciles quotidiens d'une humainté pitoyable." Il lui fait part de sa terrible expérience de la guerre qui le dépasse : "la bataille, le canon qui tue Dieu dans le coeur de la France etsanctifie l'Allemagne... toute cette machination prodigieuse... où ce sont les innocents qui reçoivent le coup de poignard dans le dos... l'escamotage inimaginable de cette vigne humaine qui ne mûrira jamais..." tout en entretenant quandmême une lueur d'espoir dans tout ce chaos : "... on aime plus que jamais la France qui peut supporter cela et le monde qui vit cela, avec à côtés les petits et les grands drames quotidiens de la vie, la grande misère de l'or, de l'amour et de la gloire. Quelle folie.On voudrait être un humain d'après tout cela, voir, vivre, comprendre." Enfin Georges Auric se remémore, avec regrets, les moments passés, les occasions manquées et fugaces de la vie tout en attendant la mort qui rôde dans les tranchées : "... on oublie de vivre. On oublie de voir. Qu'ai-je vu ? Qu'avez-vous vécu ? Il y a quelques petits frissons et quelques coups de soleil qui m'on fait palpiter cinq minutes... J'ai manqué bien des occasions avec une amère jouissance et un fou mépris... Maintenant, j'attends le coup de fusil, la tranchée où l'on meurt... et je ne sais pas si je ressusciterais un jour à ma vie..." Superbe et touchante lettre dans laquelleGeorges Auric se montre, comme ses frères d'infortune et d'armes,indélébilement marqué par l'affreuse expérience de la Grande Guerre. Evoluant depuis sa plus tendre enfance dans les milieux artistiques - elle est la fille d'Alexandre et la nièce de Thadée Natanson, les créateurs de la fameuse Revue Blanche - Bolette Natanson (1892-1936) se lia d'amitié avec Jean Cocteau, Raymond Radiguet, Georges Auric, Jean Hugo ou encore Colette. Passionnée par la couture, elle quitte Paris pour les Etats-Unis avec Misia Sert, grande amie de Coco Chanel et est embauchée chez Goodman. Avec son mari Jean-Charles Moreux, ils créèrent en 1929 la galerie Les Cadres boulevard Saint-Honoré et fréquentèrent de nombreux artistes et intellectuels. Leur succès fut immédiat et ils multiplièrent les projets : la création de la cheminée de Winnaretta de Polignac, la décoration du château de Maulny, l'agencement de l'hôtel particulier du baron de Rothschild, la création de cadres pour l'industriel Bernard Reichenbach et enfin la réalisation de la devanture de l'institut de beauté de Colette en 1932. Bolette Natanson encadra également les uvres de ses prestigieux amis peintres: Bonnard, Braque, Picasso, Vuillard, Man Ray, André Dunoyer de Segonzac, etc. En dépit de cette fulgurante ascension, elle mettra fin à ses jours en décembre 1936 quelques mois après le décès de son père. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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